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France

La France va restructurer sa défense

par  RFI

Article publié le 16/06/2008 Dernière mise à jour le 17/06/2008 à 01:54 TU

La France va réduire les effectifs de sa défense de 54 000 civils et militaires sur six à sept ans, une cure d'amaigrissement des armées qui emploient actuellement quelque 320 000 personnes. La baisse d'effectifs figure dans le Livre blanc, qui définit les priorités stratégiques de la France pour les années à venir qui doit être détaillé mardi par le président Nicolas Sarkozy, chef des armées. Le renseignement devrait devenir une nouvelle priorité stratégique de la politique de défense de la France, avec des moyens accrus et la création d'un conseil national du renseignement.

Site d'écoute électronique de Domme, dans le Périgord.(Photo : Wikimedia / Luc Viatour)

Site d'écoute électronique de Domme, dans le Périgord.
(Photo : Wikimedia / Luc Viatour)


Face aux nouvelles menaces terroristes, priorité est donnée à l’anticipation, avec la création d’un conseil national du renseignement auprès de l’Elysée, et un doublement des crédits pour le spatial militaire.

Les capacités de projection seront ajustées, avec l’engagement de pouvoir envoyer 30 000 soldats en 6 mois sur un théâtre distant de 7 à 8 000 km – comme le Golfe ou l'Asie -  et le maintien en alerte d’une force de 5 000 hommes, pour une intervention, par exemple en Afrique.

Une réduction d'effectifs à 224 000 hommes est prévue sur les 6-7 ans à venir - soit une ponction de 54 000 personnels, essentiellement dans les secteurs du soutien et de la logistique - l’armée de terre perdant 17 % de ses effectifs, la marine 11 %, et l’armée de l’air 24 %.

Le budget, en revanche, resterait stable. Il serait même corrigé en fonction de l'inflation, avec un renforcement des crédits d’équipement pour la mise en œuvre de 300 avions de combat, et une priorité accordée à la mobilité (avec renouvellement des flottes de ravitailleurs, transport, et hélicoptères). Et, pour la marine, 4 sous-marins lanceurs d’engins et 6 sous-marins d’attaque, 18 frégates de premier rang, déploiement de 2 groupes navals et d’un groupe aéronaval – la décision sur un éventuel second porte-avions étant renvoyée à 2012.

Cette réorganisation s'effectue dans un contexte de relance de l’Europe de la défense, de rapprochement avec l’Otan, et de réorganisation du pilotage politique et de la coordination de la sécurité nationale.

Le renseignement, « fil rouge » du Livre blanc

Le renseignement est un des « fils rouges » de ce Livre blanc. Sans connaissance préalable de l'ennemi, l'autonomie de décision est faible et l’initiative stratégique difficile. D’où la nécessité d’un renforcement systématique des 6 services actuels, qui comprennent seulement 12 000 hommes, bien loin des effectifs britanniques ou allemands.

Pour améliorer le recrutement, la création d’une Académie du renseignement est envisagée. Le ministre de la Défense propose de faire un effort sur le « renseignement de source humaine », en privilégiant « l’arc de crise » entre l’Atlantique et la mer d’Oman.

Le Livre blanc prévoit également la mise à niveau les moyens techniques : le doublement, par exemple, des crédits pour les satellites, le développement de l’imagerie, des drones et des stations d’écoute.

Une rénovation du pilotage et de la coordination des services devrait avoir lieu à travers la mise en place d’un Conseil national du renseignement, sous la présidence du chef de l’Etat, qui disposera à ses côtés d’un Coordinateur national. Dès mardi après-midi, le président Sarkozy joindra l’acte à la parole : il rendra visite à la Direction du renseignement militaire (DRM), sur la base aérienne de Creil, près de Paris.

A écouter

Hervé Morin

Ministre français de la Défense

«Quand le président de la République arbitre l’idée que toutes les économies que nous effectuons sont conservées pour le ministère de la Défense [...], ça n’est pas la réduction budgétaire dont vous parlez !»

16/06/2008 par Philippe Leymarie

Paul Quiles

Ancien ministre socialiste de la Défense

« C'est une centralisation autour du président de la République. Du point de vue de la démocratie, ce Livre blanc n'aura pas apporté grand chose, c'est le moins que l'on puisse dire...

17/06/2008 par Florent Guignard