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Chronique armée-défense

«Veaux, vaches, cochons...»

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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C'est la petite phrase qui tue : « Nos compatriotes ne mettront pas 37 milliards d'euros chaque année dans un outil militaire sans qu'il remplisse d'abord sa fonction qui est de garantir l'indépendance du pays, ses intérêts stratégiques, sa place dans le monde ». Hervé Morin, le ministre français de la Défense, présentait, devant les chefs de corps mardi, puis devant la presse mercredi, ce qui sera le grand chantier de modernisation de son ministère. Et, dans les jours qui viennent, il va devoir défendre ce même plan, face aux élus concernés par ces restructurations, avec de possibles fermetures de casernes - on parle d'une trentaine - et et la suppression d'une dizaine de régiments. Et là, dans ces régions, où le stationnement du régiment était devenu une seconde nature, génératrice d'emplois comme de prestige, dans une partie des quatre cent soixante et onze communes où il existe aujourd'hui une quelconque implantation militaire, mais peut-être plus pour longtemps, on devra dire adieu aux veaux, vaches, cochons !

Les intentions du ministre « pilonées »

Les armées, explique en susbtance le ministre, n'ont pas à faire de l'aménagement du territoire. Fermez le ban ! Encore que, si on s'apprête à « rationaliser le stationnement » - en ressérant, en densifiant, en mutualisant, avec la création de 90 « bases de défense », un concept nouveau - on reconnaît déjà, au ministère, qu'il faudra faire des exceptions, dans « quelques » départements dont l'activité est si modeste que la présence de l'armée y joue un rôle majeur. Il est vrai que, ces derniers jours, les intentions du ministre ont déjà été sérieusement « pilonnées » : par exemple, par l'Association des maires de France, qui s'inquiète de ce que cette valse des garnisons ne vienne ajouter aux désagréments endurés au titre de la carte judiciaire, et bientôt de la carte hospitalière, et ne fasse trembler ces villes « moyennes » qui font l'ordinaire de nos provinces.

Supression de 35 000 emplois

Pilonnage plus meurtrier du côté de la Fédération nationale des travailleurs de l'Etat, rattachée à la centrale CGT, pour qui le plan du ministre s'apparente à « une vaste opération de destruction des fondements mêmes du ministère de la Défense, de ses établissements étatiques, de ses missions régaliennes ». Pour le syndicat, plus soucieux bien sûr de la baisse des effectifs que de la future carte militaire, c'est la suppression annoncée de 35 000 emplois de soldats et de 16 800 postes civils, sur les six ans de la prochaine loi de programmation militaire, qui suscite incrédulité et colère - même si le ministre explique qu'il s'agit de la simple déclinaison de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ou que cela concernera en priorité le « soutien » et non les unités opérationnelles.

Annonce plus pieuse que vraiment béton, puisque - au vu des conclusions de la commission du Livre blanc, qui tomberont fin mai, et des arbitrages rendus par le président Sarkozy - il y aura une nouvelle définition du contrat pour les armées, donc une nouvelles échelle des priorités dans les équipements, et un nouveau formatage des unités, avec quelques coupes possibles cette fois dans les effectifs de l'opérationnel !


par Philippe  Leymarie

[13/04/2008]

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