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Chronique armée-défense

«Ambitions réduites ?»

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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On l'a vu encore ces derniers jours : à l'approche du 1er juillet, où il sera le président de toute l'Union, Nicolas Sarkozy balise le terrain, cajolant notamment la « Nouvelle Europe » de l'Est : « Mes chers amis Polonais, l'Europe compte sur vous ! », a-t-il été dire par exemple mercredi à Varsovie à ceux auxquels, en 2003, son prédécesseur le président Jacques Chirac avait reproché d'avoir « manqué une bonne occasion de se taire », eux qui avaient soutenu l'intervention militaire américaine en Irak.

Des Polonais qui se révèlent aujourd'hui d'excellents partenaires « stratégiques », c'est le qualificatif officiel de l'accord signé à Varsovie, et très demandeurs justement d'Europe de la défense : ils ont par exemple pris la responsabilité - avec les Français et les Irlandais - d'un des trois bataillons de la force Eufor-Tchad-Rca.

Mais à Bruxelles, au sein de l'invraisemblable machinerie qui aspire à devenir peut-être un jour le gouvernement fédéral des 27 Européens, tout le monde n'est pas Polonais. Et la France, qui donc va exercer pour six mois la présidence de l'Union - et ne retrouvera pas pareille occasion avant 2022, doit compter avec de puissants « amis » qui peuvent être aussi des freins, dans ce domaine de l'Europe de la Défense. Il s'agit notamment des Britanniques, mais également des Tchèques, des Néerlandais pour qui tout renforcement des capacités militaires de l'Union européenne - encore très limitées - reviendrait à rogner sur celles de la grande Otan, euro-américaine, unique vrai et crédible « parapluie » stratégique du continent.

Exemple tout basique de renforcement : ce serait de maintenir ouvert en permanence un centre opérationnel à Bruxelles, même limité à une cinquantaine de personnels, pour suivre les opérations militaires de l'Union. L'actuelle installation, ouverte en janvier 2007, n'est que virtuelle, et doit être laborieusement « réactivée », chaque fois que la nécessité en apparaît, prouvant chaque jour que le géant économique et parfois politique européen, est resté un « nain militaire ». Ce peut être aussi de donner à l'Agence européenne de l'armement les moyens financiers et humains de déterminer et gérer tout ce qui pourrait être « mutualisé » en matière de défense en Europe, pour éviter des dépenses inutiles, pour avoir une chance de continuer à « fabriquer et acheter européen » - on pense au spatial, à la recherche.

Mais rien de tout cela ne semble évident, en ce moment, même si le « verrou » des supposées mauvaises relations entre Paris et l'Otan a été levé lors du récent sommet de Bucarest. Dans les milieux dirigeants européens, à Bruxelles, on attend certes avec intérêt et curiosité la présidence française, après celle des Slovènes et avant celle des Tchèques, mais on voudrait bien que les idées intéressantes soient soigneusement préparées, et qu'elles ne déstabilisent pas les progrès, même timides, déjà réalisés.

Certains, dans cette capitale qui est à la fois celle de l'Union européenne et de l'Organisation transatlantique, se demandent également de quel poids seront, durant cette « petite » présidence de six mois, les initiatives d'un pays qui est lui-même en train de réduire de manière sensible sa « voilure » militaire, avec une réduction pratiquement à terme d'un tiers de ses capacités dans le terrestre, dans le naval, dans l'aérien, ou dans la dissuasion. Et qui donc risque d'être mal placé pour faire la leçon, comme c'était le cas jusqu'ici, aux pays qui ne consacrent pas jusqu'à 2 % de leur produit intérieur à la défense et à la sécurité.


par Philippe  Leymarie

[01/06/2008]

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