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Energie

Les Français peu séduits par le marché libre

par Myriam Berber

Article publié le 01/07/2008 Dernière mise à jour le 01/07/2008 à 16:07 TU

Les marchés de l’électricité et du gaz, déjà ouverts à la concurrence depuis quatre ans pour les professionnels, le sont pour les particuliers depuis le 1er juillet 2007 en France. Cette libéralisation a surtout profité aux deux opérateurs historiques, EDF et GDF, qui conservent leur monopole.

Un an après l’ouverture totale des marchés de l’énergie à la concurrence, la révolution ne s’est pas produite. Seuls 300 000 foyers sur un total de 29,5 millions ont choisi de profiter de la libéralisation du marché de l’électricité et de négocier un contrat au prix du marché, avec l’un des sept concurrents d’Electricité de France (EDF). Pour le gaz, 150 000 foyers sur 11 millions ont quitté Gaz de France (GDF) pour les trois nouveaux opérateurs, si l’on en croit les chiffres rendus publics mardi 1er juillet 2008 par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Depuis la libéralisation du marché, les clients particuliers d’EDF et GDF peuvent rester chez les opérateurs historiques et continuer à bénéficier du tarif réglementé, fixé par les pouvoirs publics. Ou choisir une offre « au prix du marché », soit auprès des deux fournisseurs historiques EDF et GDF, soit en s’adressant aux opérateurs alternatifs. Sept sont recensés pour l’électricité (Direct Energie, Electrabel, Enercoop, Planet UI, Gaz de France, Poweo, Compagnie nationale du Rhône) et trois pour le gaz (Altergaz, EDF et Poweo).

Une méconnaissance du marché

Cette ouverture du marché a principalement profité aux deux opérateurs historiques. En moyenne, 80% des clients perdus par Gaz de France (GDF) ont été récupérés par Electricité de France (EDF), et inversement. Au total, GDF peut revendiquer près de 300 000 contrats électriques. En un an, EDF a repris plus de 120 000 clients au gazier français. Dans leur ensemble, les consommateurs français ont donc suivi les consignes des associations de défense de consommateurs qui ont vivement recommandé la prudence. Les seuls opérateurs alternatifs à tirer leur épingle du jeu sont Poweo qui récolte 10 000 contrats nouveaux par mois et Direct Energie qui enregistre le double.

Les spécialistes évoquent plusieurs raisons pour expliquer ce faible engouement. Et tout d’abord, une méconnaissance du marché. Selon un sondage réalisé par TNS Sofres, plus de huit Français sur dix déclarent ne pas s’être intéressés aux offres des nouveaux fournisseurs d’électricité et de gaz. Et seuls 43% d’entre eux savent que le marché de l’énergie est ouvert depuis un an. Ils semblent également rebutés par la complexité des offres, qui peuvent être « duales », à la fois gaz et électricité, assorties de nombreux services ou bien encore « vertes », c'est-à-dire provenant d’une production privée d’origine éolienne, solaire ou hydraulique.

Le maintien des tarifs réglementés

D’autre part, la cohabitation de deux types de tarifs pose problème. Il y a un tarif réglementé, fixé par l’Etat, propre aux opérateurs historiques, généralement avantageux, et il y a le tarif libre, fixé par le marché, plutôt élevé vu la hausse des prix de l’énergie. Les Français préfèrent continuer à payer leur énergie à des prix réglementés, à l’abri des hausses de prix de l’énergie. Si le maintien des tarifs réglementés représentent un manque à gagner pour EDF et GDF, il leur permet également de conserver leur monopole. Des tarifs qui devraient prendre fin en 2010 conformément aux souhaits de Bruxelles.  

Enfin, le marché n’a pas bénéficié d’une rupture technologique, comme cela a été le cas dans les télécommunications avec l’émergence de la téléphonie mobile, les compteurs dits « intelligents » qui pourront jouer ce rôle ne sont attendus qu’en 2010. Cet appareil qui mesure l’électricité ou le gaz à distance permet de donner des informations visant à devenir plus efficace en matière d’économie d’énergie. La mise en place en France depuis le 1er janvier 2008 d’un « tarif de retour » destiné aux clients mécontents d’avoir choisi le marché libre a également joué un rôle.

Ce résultat est également dû à une stratégie commerciale offensive des deux opérateurs historiques. Dans son offre, EDF propose un suivi détaillé des consommations, des conseils pour l’isolation en cas de travaux et une assistance dépannage 24h/24H. Même stratégie pour GDF qui devrait lancer de nouveaux services dans les mois qui viennent, du fait de son rapprochement avec Electrabel, la filiale électrique du groupe Suez. Mais du côté des opérateurs alternatifs, la situation devrait également évoluer. Après les minutes de téléphone, les assurances, l’essence, les grandes surfaces pourraient vendre de l’électricité et du gaz.