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Colombie/Otages

Un magistral succès pour le président Uribe

par  RFI

Article publié le 02/07/2008 Dernière mise à jour le 03/07/2008 à 12:52 TU

Quinze otages -dont Ingrid Betancourt- sont libres depuis mercredi et le président colombien peut se féliciter de cette opération qui redore son blason dans un moment politique difficile pour lui. C'est un double succès: celui de ses troupes spéciales qui ont ramené vivants les otages et celui de sa stratégie impitoyable avec la rébellion car la guérilla est aujourd'hui exsangue.
Le président colombien Alvaro Uribe (g) félicite le chef des Forces armées de Colombie, Freddy Padilla de Leon (d) et le ministre de la Défense Juan Manuel Santos (2e d) pour la libération d'Ingrid Betancourt.(Photo : AFP)

Le président colombien Alvaro Uribe (g) félicite le chef des Forces armées de Colombie, Freddy Padilla de Leon (d) et le ministre de la Défense Juan Manuel Santos (2e d) pour la libération d'Ingrid Betancourt.
(Photo : AFP)

La façon dont les forces armées colombiennes ont procédé est un peu plus claire : elles avaient repéré de longue date déjà l'endroit de la jungle où se trouvaient les 3 otages américains, mais elles n'ont pas voulu intervenir avant de savoir précisément où était Ingrid Betancourt, de peur d'une possible opération de représailles contre la sénatrice.

L'opération héliportée de l'armée dans la province de Guaviare, dans le sud-est de la Colombie, n'est d'ailleurs que l'épilogue d'une longue infiltration, par les agents secrets, du cercle de guérilleros qui gardaient les otages.

Les otages séquestrés étant divisés en trois groupes, les agents infiltrés ont invoqué un faux ordre d'Alfonso Cano, le nouveau chef des FARC, pour que les otages soient réunis et que leur transfert se déroule dans un lieu du sud du pays. César, le chef des geoliers et ses hommes ont ensuite été neutralisés.

« Puis un hélicoptère qui, en réalité, appartenait à l'armée nationale et avait à son bord des membres des services secrets, a libéré les otages dans le lieu de regroupement à proximité du département du Guaviare », a précisé Juan Manuel Santos, le ministre de la Défense.

Le président Alvaro Uribe, incontestablement, fait coup double -voire triple ou quadruple- avec cette libération :

- il démontre la capacité de ses forces armées à mener une opération d'envergure intelligente et sans effusion de sang notable,

- il fait un pied de nez à ses voisins du continent, notamment vénézuélien, qui se targuaient de pouvoir convaincre la guérilla colombienne,

- il prouve que sa stratégie impitoyable contre la guérilla était légitime et efficace, car les FARC sont désormais dans un piteux état. Depuis la neutralisation du numéro 2, Raul Reyes, et la mort naturelle de Manuel Marulanda, le grand chef en mars, les désertions ne se comptent plus parmi les rebelles.

- enfin, il marque un point pour son opinion publique intérieure qui devrait être amenée à se prononcer prochainement, par référendum, sur l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle. La validité de sa réélection en 2006 à un second mandat, a été en effet contestée par la Cour suprême et Uribe a décidé de laisser le peuple trancher.

Uribe, un président intransigeant et victorieux


Depuis son arrivée à la présidence de la Colombie, en 2002, Alvaro Uribe n'a jamais fait la moindre concession aux FARC. Elu pour faire régner la sécurité dans le pays, le chef de l'Etat colombien n'a eu de cesse de renforcer les moyens financiers de l'armée.

Arcbouté sur son hostilité à la guérilla, intransigeant, refusant de démilitariser la moindre zone du territoire colombien réclamée par les FARC, Alvaro Uribe a pu compter sur le soutien de son opinion publique. Magistralement réélu il y a deux ans, il bénéficie d'une popularité supérieure à 80%. A tel point qu'il cherche à briguer un troisième mandat.

La seule hostilité qu'ait eu à affronter Alvaro Uribe sera finalement venue de l'étranger. Du Venezuela d'abord avec un Hugo Chavez aux antipodes politiques de son voisin colombien. Des Etats-Unis ensuite où les démocrates lui reprochent d'attenter aux droits de l'homme. D'Europe enfin où les comités pour la libération des otages l'accusaient de mettre leurs vies en danger en encourageant les actions militaires. Ces comités sont maintenant obligés de reconnaitre que la stratégie d'Alvaro Uribe était la bonne. Ce n'est pas la moindre de ses victoires.