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Religion / Eglise anglicane

Les évêques africains boycottent le synode

par  RFI

Article publié le 17/07/2008 Dernière mise à jour le 17/07/2008 à 17:23 TU

L’Eglise anglicane, qui compte actuellement 77 millions de fidèles à travers le monde, est menacée par un schisme. Plus de 600 évêques de cette communion se sont retrouvés mercredi à Cantorbéry, à l’occasion de la conférence de Lambeth. Mais près de 200 autres évêques anglicans, notamment ceux du Nigeria, du Kenya et de l’Ouganda ont décidé de ne pas participer à cette réunion qui se tient tous les dix ans. Les prélats traditionnalistes protestent ainsi contre l’ordination d’évêques homosexuels et même contre l’ordination des femmes évêques.  


L’archevêque du Nigeria, Peter Akinola, a boycotté le synode anglican de Cantorbéry.(Photo : AFP)

L’archevêque du Nigeria, Peter Akinola, a boycotté le synode anglican de Cantorbéry.
(Photo : AFP)

L'Eglise anglicane s'enfonce depuis cinq ans dans la crise, depuis l'ordination, par sa branche américaine, d'un évêque homosexuel en 2003. Les conservateurs y ont vu un mépris des valeurs de la Bible. Face à l'aile libérale, incarnée par les Nord-Américains, ces conservateurs sont pour beaucoup africains. L'anglicanisme s'est développé sur le continent porté par un puissant courant évangélique. L'Afrique rassemble désormais près de la moitié des fidèles anglicans du monde : le Nigéria en tête, avec plus de 20 millions de fidèles, suivi de l'Ouganda, du Soudan et du Kenya.

Aujourd'hui, c'est l'archevêque du Nigeria qui mène la contestation. Peter Akinola évoque un clivage Nord-Sud. « Dans le passé », dit il, « nos collègues de l'Ouest ont toujours fixé les règles ; maintenant nous sommes au 21ème siècle, nous sommes assez grands, on sait ce qui est bien et mal ». Il a toutefois réussi à rallier à sa cause des évêques du monde entier, y compris américains et britanniques.

C'est que la crise va au-delà du clivage Nord-Sud. Le fossé est né sur des questions de société. D'abord l'ordination de femmes prêtres il y a une dizaine d'années, puis les unions homosexuelles, et ce fossé pourrait bien encore se creuser avec la perspective de l'ordination d'une femme évêque en Angleterre.

L’archevêque du Nigeria, Peter Akinola, est donc aux commandes de la communauté anglicane africaine qui rassemble à elle seule près de la moitié des fidèles dans le monde. Pour lui, il n’était pas question de participer à la conférence de Cantorbéry.

Peter Akinola

Archevêque anglican du Nigeria

« Depuis 2003, les actions de certains de nos collégues nord-américains ont brisé le socle de notre fraternité, alors il n'y a pas de raison de se rassembler. Nous soutenons la doctrine et les pratiques de l'Eglise anglicane. »

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17/07/2008 par Sarah Tisseyre


L'Eglise anglicane d'Afrique a, toutefois, des représentants à la Conférence de Lambeth : des Sud-Africains et des Zimbabwéens, entre autres. Luusa Nsenga-Ngoy, lui, est Belge d'origine congolaise. Il sera prêtre, l'an prochain, dans le diocèse de Cantorbéry. Pour lui, il aurait mieux valu que tout le monde accepte de se retrouver autour de la table pour discuter des problèmes.

Lusa Nsenga-Ngoy

Prêtre anglican en formation

« Si la rupture n'est pas actée dans les faits elle est actée dans la réalité. Le fait que certains refusent de participer à un événement commun témoigne d'un esprit schismatique. »

écouter 01 min 02 sec

17/07/2008 par Sarah Tisseyre


L’anglicanisme a été fondé en 1530 par le roi Henri VIII d’Angleterre, en réaction à la décision du pape Clément VII qui n’a pas voulu annuler son mariage et qui l’a ensuite excommunié. Vingt-cinq millions d’Anglais sont anglicans, mais les pays du Sud forment actuellement la majorité de cette communion : plus de 20 millions de fidèles au Nigeria, 8 millions en Ouganda, 5 millions au Soudan et 3,5 millions au Kenya. Le pape Benoit XVI a exprimé, samedi dernier, le souhait que les anglicans « puissent éviter le schisme et trouvent le chemin de l’union ».