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Nucléaire

Pas d’accord entre EDF et British Energy

par Myriam Berber

Article publié le 01/08/2008 Dernière mise à jour le 24/09/2008 à 15:33 TU

La centrale nucléaire de Hartlepool, au nord-est du Royaume-Uni.(Photo : british-energy.com)

La centrale nucléaire de Hartlepool, au nord-est du Royaume-Uni.
(Photo : british-energy.com)

L’électricien français EDF a annoncé que « les conditions permettant un développement majeur » en Grande-Bretagne n’étaient « pas réunies ». Il renonce pour l’instant au rachat de British Energy. Pour sa part, le groupe d’énergie nucléaire britannique a indiqué n’avoir pas « encore » trouvé d’accord de rachat avec l’électricien français EDF. Un désaccord sur le prix avec les grands actionnaires privés de British Energy a bloqué le projet.

L’opération était annoncée jeudi soir comme imminente. Coup de théâtre vendredi, EDF ne présente finalement pas d’offre de rachat de British Energy (BE). « Après des discussions approfondies, nous estimons, après avoir entendu les exigences des uns et des autres, que les conditions financières permettant un développement majeur d’EDF en Grande-Bretagne ne sont pas réunis à ce jour », a déclaré, vendredi, le PDG du groupe français EDF lors d’une conférence de presse, sans pour autant faire explicitement référence au rachat de British Energy. Et Pierre Gadonneix de redire « sa conviction » de devenir « un acteur majeur du renouveau du nucléaire en Grande-Bretagne ».

L’Etat britannique, qui détient 35,2% de BE, ne semble pas s’être opposé au rachat par EDF. Le ministre de l’Industrie John Hutton s’est d’ailleurs déclaré « déçu » de l’échec de l’opération. Restent les grands actionnaires privés de BE. Selon la BBC, deux grands actionnaires, les sociétés d’investissement Invesco et Prudential auraient estimé que le prix proposé par EDF n’était pas suffisant. Pour eux, les prix actuels du pétrole et du gaz vont rendre si intéressant le recours à l’énergie nucléaire dans les prochaines années que BE doit être davantage valorisé. Le groupe français aurait mis sur la table 775 pence par action BE, ce qui valorise l’entreprise britannique à 12,4 milliards de livres, soit environ 15,7 milliards d’euros. La capitalisation boursière de BE s’élève actuellement à quelque 11 milliards d’euros.

Sept des huit centrales fermeront d’ici 2023

Pourtant, le conseil d'administration d’EDF avait bien donné, jeudi soir, son feu vert à l'offre de rachat et trouvé un accord avec l’Etat britannique qui dispose d'une minorité de blocage. Mais le conseil d’administration de British Energy ne l'a pas soutenu. S'il ne pouvait s’opposer à la décision de l'Etat britannique, en revanche il pouvait recommander, ou non, l'offre aux autres actionnaires. Et à la surprise générale, il a déconseillé l’offre française. L’électricien français, qui n’a pas voulu se lancer dans une opération hostile, a donc pour l’instant renoncé. De son côté, British Energy (BE) a fait savoir vendredi dans un communiqué  qu’« une nouvelle annonce sera faite en temps utile ». Dans cette opération, l’électricien français n’est pas seul dans la partie. Il est associé avec Centrica qui détient British Gas, l’un des six grands opérateurs d’énergie au Royaume-Uni. Centrica était censé prendre plus de 25% du capital de BE. L’Etat britannique actionnaire de BE n’a jamais caché qu’il ne souhaitait pas vendre la totalité de son électricité nucléaire à une entreprise étrangère.

Dans l'attente d'une hypothétique relance du nucléaire en Allemagne, en Italie ou en Espagne, le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, a fait du Royaume-Uni - avec les Etats-Unis, la Chine et l’Afrique du Sud - l’un des pays cible pour les investissements du groupe dans le nucléaire. Le rachat de British Energy, qui produit 90% du nucléaire outre-Manche, s’inscrit dans cette stratégie. British Energy possède, en effet, huit des dix centrales nucléaires britanniques encore en activité, et tous les sites sont entourés de terrains constructibles, ce qui offrirait des débouchés au numéro un mondial de l'exploitation nucléaire qui envisage d’y construire quatre ou cinq EPR,  des réacteurs de troisième génération, en partenariat notamment avec la société française Areva.

Depuis que le gouvernement britannique a donné, en janvier dernier, son feu vert au renouvellement du parc de centrales nucléaires, plusieurs opérateurs européens se sont intéressés à British Energy. Mais les Allemands RWE et EON et l’Espagnol Iberdrola ont successivement jeté l’éponge. Parmi les facteurs qui les ont fait reculer : les mauvaises performances de British Energy, dont le bénéfice net a chuté de 38% en 2007, et le fait qu’il possède aussi un parc de centrales vieillissantes. Sept des huit centrales fermeront d’ici 2023.