par RFI
Article publié le 13/08/2008 Dernière mise à jour le 13/08/2008 à 17:46 TU
Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale et leader de l'Alliance populaire progressiste a répondu « non » à l'invitation de la junte.
(Photo : AFP)
Une semaine tout juste après le coup d'Etat, la junte militaire au pouvoir en Mauritanie prend ses marques. Les putschistes ont mis noir sur blanc les contours de leurs nouveaux pouvoirs. Pour cela, une charte vient d'être adoptée par le Haut conseil d'Etat. Des tractations ont débuté, mardi soir, pour la désignation d'un Premier ministre et la formation d'un gouvernement. Plusieurs leaders politiques ont déjà été reçus à la présidence par le général Mohamed Ould Abdel Aziz. L’Union européenne a mis en garde mercredi la junte contre le risque d’isolement du pays sur la scène internationale.
Selon la charte adoptée par les militaires, c’est le général Ould Abdel Aziz qui doit nommer les membres du gouvernement. C’est donc lui qui a reçu mardi plusieurs formations politiques. Certains responsables de partis ont déjà dit : « non ». C’est le cas de Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale et leader de l’Alliance populaire progressiste. L’APP fait partie du front qui résiste aux militaires. Pas question pour le parti de cohabiter au sein du gouvernement.
Même position au sein de l’Union des forces du progrès (UFP), appartenant aussi au mouvement anti-putsch. Ce parti a été sollicité pour une audience, mais n’a pas répondu à l’appel. Le chef de file de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, a été reçu par Ould Abdel Aziz, mais il assure qu’aucune proposition ne lui a été faite. Au scrutin présidentiel de mars 2007, Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait été élu avec 52,8% des voix, devant Ahmed Ould Daddah (47,1%).
En revanche, Saleh Ould Hanenna, leader du Parti mauritanien pour l’unité et le changement ( Hatem) et ancien putschiste, n’exclut pas de participer à un futur gouvernement. Mais, selon lui, les vraies tractations n’ont pas encore commencé. Les militaires cherchent à savoir pour l’instant : « Qui accepte de les soutenir ? », dit-il. Dans la capitale, les pronostics sont déjà ouverts. Les premiers noms circulent au moins pour le poste de Premier ministre.
Parmi les nouveaux partisans du général Ould Abdel Aziz il y a maintenant les maires. 191 édiles mauritaniens, sur 216, ont annoncé qu’ils soutenaient le renversement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
L'Union européenne (UE) a mis en garde, ce mercredi, la junte militaire contre un isolement de la Mauritanie sur la scène internationale. L'UE dénonce par ailleurs comme illégitimes les « mesures d'exception » prises par le nouveau pouvoir. Dans une déclaration de la présidence française, l’Union européenne « exhorte la junte à restaurer le cadre institutionnel antérieur au 6 août et l’invite à coopérer sans délai, à cette fin, avec la communauté internationale » et renouvelle son appui aux « efforts entrepris en ce sens par l’Union africaine en particulier ».
L’Algérie a demandé mercredi « le rétablissement de l’ordre constitutionnel » en Mauritanie, à l’issue d’une rencontre du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines, Abdelkader Messahel, avec l’envoyé spécial mauritanien, le général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed. Ce dernier était porteur d’un message du général Ould Abdel Aziz adressé au chef d’Etat algérien, mais il n’a pas été reçu par le président Bouteflika. Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères souligne « la nécessité pour les responsables mauritaniens d’œuvrer à la préservation des institutions démocratiques ».
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