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Chypre / Réunification

Coup d’envoi de nouvelles négociations

par Julie Lerat

Article publié le 02/09/2008 Dernière mise à jour le 02/09/2008 à 23:02 TU

L'île de Chypre en Méditerranée.(Carte: L. Mouaoued/RFI)

L'île de Chypre en Méditerranée.
(Carte: L. Mouaoued/RFI)

Les dirigeants chypriotes grecs et turcs vont entamer des négociations, ce mercredi, en vue de la réunification de l’île, divisée depuis 1974. Le climat est plutôt favorable. Depuis l’élection d’un nouveau président dans la partie grecque de l’île, en février dernier, les signes de détente se multiplient. Mais la Turquie pourrait freiner ces négociations.

C’est un coup d’envoi formel, une ligne de départ à franchir. Mais il est pour l’instant difficile de savoir combien de temps durera le marathon des négociations. Ce mercredi, les dirigeants chypriotes grecs et turcs vont lancer de nouveaux pourparlers sur la réunification de l’île. Ils ont déjà promis de se rencontrer au moins une fois par semaine pendant le processus de négociation et d’établir une ligne téléphonique sécurisée pour faciliter les contacts.

Le climat est plus propice que jamais. Demetris Christofias, qui a été élu en février dernier président de la République de Chypre, est ouvert au dialogue. A peine élu, il avait déclaré : « Je tends la main de l’amitié et de la coopération aux chypriotes turcs et à leurs dirigeants. Je les appelle à travailler avec nous pour le bien commun des populations ». Son élection avait été interprétée comme une volonté des chypriotes grecs de rompre avec la stratégie d’affrontement de l’ancien président Tassos Papadopoulos.

 Le dialogue reprend

Le président chypriote grec Demetris Christofias (d) et le dirigeant de la République turque de Chypre du Nord Mehmet Ali Talat, le 25 juillet 2008 à Nicosie. (Photo : Reuters)

Le président chypriote grec Demetris Christofias (d) et le dirigeant de la République turque de Chypre du Nord Mehmet Ali Talat, le 25 juillet 2008 à Nicosie.
(Photo : Reuters)

Côté turc, le président de la République turque de Chypre du Nord, Mehmet Ali Talat, avait mené campagne en 2004 pour le « oui » au référendum sur la réunification de l’île, présenté par l’ONU. Ce plan avait été rejeté par les chypriotes grecs, ce qui avait jeté un nouveau froid dans les relations entre les deux parties de l’île. La partie grecque avait intégré l’Union européenne la semaine suivant le référendum, sans le Nord, toujours sous contrôle turc.

Mais depuis l’élection de Demetris Christofias, les partisans de la réunification reprennent espoir. Des discussions préparatoires ont eu lieu en mars avec le représentant des chypriotes turcs et, symboliquement, un point de passage a été ouvert dans la vieille ville de Nicosie, divisée depuis l’invasion turque de 1974. C’est donc confiants dans les progrès à accomplir que les deux dirigeants chypriotes vont lancer de nouvelles négociations.

L’ombre d’Ankara pèse sur les négociations

Les discussions risquent cependant d’être difficiles. Elles toucheront à des questions très sensibles : comment réunifier l’île ? Les chypriotes turcs voudraient une fusion de deux Etats souverains, ce qui est inenvisageable côté grec. Cela reviendrait, en effet, à reconnaître la souveraineté des autorités turques sur le nord de Chypre, ce que la communauté internationale et les chypriotes grecs ont toujours refusé de faire.

Seule la Turquie reconnaît à ce jour la République turque de Chypre du Nord. L’ombre d’Ankara pourrait d’ailleurs peser sur ces négociations. Quelque 40 000 soldats turcs sont stationnés dans la partie nord de l’île. Et le dirigeant chypriote turc Mehmet Ali Talat risque d’avoir les mains liées, malgré sa volonté de dialogue. La Turquie n’a aucune raison de céder sur ce dossier vieux de 34 ans. Le règlement de la question chypriote est l’une des conditions de l’adhésion d’Ankara à l’Union européenne, or les Vingt-Sept n’ont offert aucune perspective à la Turquie dans ce domaine ces derniers mois.