par RFI
Article publié le 03/10/2008 Dernière mise à jour le 03/10/2008 à 20:47 TU
Les autorités de la République démocratique du Congo ont manifesté une très grosse colère, face aux déclarations fracassantes de Laurent Nkunda, dirigeant du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Les propos du chef rebelle congolais sont on ne peut plus clairs : « J'appelle tous les Congolais à se mettre debout contre le gouvernement ». Laurent Nkunda, général dissident de l’armée nationale congolaise qui appartient à l’ethnie tutsi, est ainsi sorti d'un long silence. Les autorités affirment que le gouvernement du président Joseph Kabila est « légitime » et s’insurgent contre les « aventures » des rebelles qui opèrent dans la partie orientale du pays.
Le chef des rebelles du CNDP a décidé de « porter sa lutte jusqu'à la libération du peuple (...) nous nous transformons en un mouvement de libération totale de la République », a-t-il notamment déclaré.
Cette proclamation survient après de nombreuses rumeurs qui circulaient dans la capitale, selon lesquelles il serait très malade et peut-être même mort.
« La libération totale n’est pas nécessairement un fruit des conflits armés, ça peut se faire de plusieurs manières sachant qu’il faut un mouvement national pour essayer de plaider pour toutes ces causes ».
En appelant à la libération totale du Congo, Laurent Nkunda sait qu'il n'est pas en mesure de réaliser militairement cet objectif. Il sait sans doute aussi qu'il aura beaucoup de difficultés à fédérer autour de sa personne les mouvements de contestation qui jaillissent, ici et là, dans les provinces de l'Ouest.
Le général rebelle a peu de chances d'incarner au Congo une cause nationale. La lutte qu'il mène depuis plusieurs années dans les collines du Kivu s'est jusqu’a présent limitée à défendre les intérêts de sa communauté.
Alors, à travers ce message très fort, Laurent Nkunda cherche visiblement à faire monter les enchères.
Le moment n'est pas mal choisi. Le régime de Kinshasa est affaibli, il a perdu, depuis un an, beaucoup de son crédit à l'intérieur comme à l'extérieur du Congo.
Du côté de la communauté internationale, la dégradation de la situation est jugée très inquiétante. Dans la région de l'Ituri, des groupes de miliciens semblent se réarmer.
Au Kivu la Monuc, la mission de l'Onu, est en train de s'embourber, déconsidérée par le gouvernement congolais parce qu'elle ne s'implique pas suffisamment dans la guerre, dénigrée par le camp adverse des rebelles qui l'accusent de partialité.
Alors, l'effet recherché par Nkunda aboutira-t-il ? En tous cas, une chose est sûre : si les acteurs congolais et internationaux n'agissent pas, l'histoire au Congo a souvent démontré qu'une telle situation pouvait déboucher sur le pire.
L’Abbé Apolinaire Malu Malu s’insurge contre les « aventures » des rebelles et souligne que le gouvernement congolais est légitime.
(Photo : AFP)
Les propos de Laurent Nkunda ont suscité un certain nombre de réactions.
Et notamment celle de l'Abbé Apollinaire Malu Malu, le coordonnateur du programme Amani mis en place pour faire appliquer, dans l'est du pays, l'accord de paix de Goma, signé en janvier 2008 par le gouvernement de la RDC, le CNDP et une vingtaine de groupes armés locaux.
Il répond au Général Laurent Nkunda
« Le CNDP, en voulant être un mouvement de libération au lieu d’être un mouvement de revendications comme il le prétend est en train de vouloir endeuiller les populations du Nord Kivu et du Sud Kivu, d’alourdir le bilan des déplacés… »
Les combats qui opposent, depuis le 28 août dernier, le CNDP aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans le Nord-Kivu ont entraîné le déplacement de plus de 100 000 habitants qui fuient les exactions des groupes armés. Le président congolais Joseph Kabila a affirmé, le 18 septembre dernier, que le Rwanda n'était « pas innocent » dans la reprise des combats.
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