Article publié le 09/10/2008 Dernière mise à jour le 09/10/2008 à 06:32 TU
La dégringolade a été accentuée par les sombres perspectives du Fonds monétaire international pour l'économie mondiale, annonçant un coup d'arrêt brutal à la croissance, qui n'atteindrait que 0,1% aux Etats-Unis et 0,2% dans la zone euro l'an prochain. « Reprenez vos esprits », a lancé le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, en direction des marchés financiers. « Le pessimisme excessif est très mauvais conseiller. » Dans un geste sans précédent depuis les attentats du 11 septembre 2001, six banques centrales (la BCE, la Réserve fédérale américaine et leurs homologues suédoise, britannique, canadienne et suisse) ont annoncé une baisse d'un demi-point de leurs taux directeurs.
En France, de nombreux épargnants, inquiets pour leurs placements en Bourse ou leurs dépôts dans les banques, investissent dans l'or, valeur refuge par excellence.
( Photo : Reuters )
Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua
Si Wall Street avait terminé en hausse, la crédibilité des Banques centrales serait renforcée. La baisse coordonnée des taux directeurs de la Fed et de ses partenaires serait vue comme le tournant de la crise, prouvant la crédibilité des autorités, armées pour éviter des défaillances bancaires et une grave récession.
Economiste en chef au FMI
« L'initiative des banque centrales a permis de régler la composante monétaire du dossier mais il reste une composante budgétaire et une financière... Les marchés financiers veulent plus. Il faudrait aux marchés financiers une garantie générale de toutes les dettes des institutions financières, mais son coût budgétaire serait considérable. »
Au lieu de cela, Wall Street a connu sa sixième séance consécutive de baisse. On n’avait pas vu cela depuis 2002. La confiance n’est revenue ni en Asie, ni en Europe, ni en Amérique. Le choc psychologique espéré n’a pas joué.
Directeur-adjoint de la recherche et des études chez Natixis
« Ni les marchés d'actions ni le marché interbancaire ne semblent réagir positivement à cette annonce... Il faut avoir une sorte d'unité pour recapitaliser les banques et ne pas verrouiller le système...»
Après Bank of America, une des plus grandes banques des Etats-Unis, c’est au tour de MetLife, la plus grande compagnie d’assurance du pays, d’annoncer un plongeon de ses profits et un appel au marché pour davantage de fonds propres.
Les signes de dégel des marchés de crédit sont maigres. Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor a même paru résigné, en admettant qu’il faudra du temps pour réparer le système financier, et que malgré les 700 milliards de dollars que le Congrès lui a octroyés, toutes les institutions financières du pays ne pourront être sauvées.
En d’autres termes : d’autres rachats de banques malades par des établissements plus sains sont à prévoir.
Secrétaire américain au Trésor
« Les marchés financiers continuent à être sévèrement touchés. Le plan n'a pas été mis en place pour sauver toutes les institutions bancaires. Il va falloir de la patience...»
En Italie, « aucune banque ne tombera » promet Berlusconi |
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir Après une nouvelle journée noire à la Bourse de Milan qui a clôturé en forte baisse (-5,7 %), le plongeon de la première banque d’Italie, UniCredit, dont le titre a chuté de 13 % en dépit d’une augmentation de capital de 6 milliards d’euros, le gouvernement a adopté par décret-loi plusieurs mesures d’urgence, l’objectif étant de rassurer les Italiens. « Aucune banque italienne ne tombera, la crise n’existe pas dans notre pays » s’est permis de déclarer Sylvio Berlusconi avant d’annoncer l’institution d’un fonds de garantie d’une valeur de 20 milliards d’euros pour venir en aide aux instituts de crédit qui pourraient avoir des problèmes de liquidités. Autre mesure : le Trésor pourra entrer dans le capital des banques si besoin, mais avec des actions, sans droit de vote. Leur gestion restera donc privée. Enfin, pour éviter que les épargnants ne préfèrent le bon vieux matelas aux banques, l’Etat italien s’engage à ajouter sa garantie à celles des banques qui garantissent déjà tous les dépôts à hauteur de 103.000 euros pour chaque compte. |
Ce jeudi, les bourses asiatiques sont légèrement orientées à la hausse |
Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles Ce qui manque le plus dans les bourses d’Asie, c’est la confiance. Ben Bernanke, le patron de la Fed, la banque centrale américaine, donne l’impression d’éteindre des incendies, dans la plus grande confusion, en paniquant. « Il n’a aucune capacité à rassurer les marchés » déclare le responsable d’un hedge fund d’un fond spéculatif à Tokyo. Et d’ajouter : « Inonder les marchés de liquidité ne suffit pas à débloquer le marché du crédit. » Les banques ne se prêtent toujours pas des fonds entre elles. Le système de transmission des liquidités entre les banques est cassé. En Asie, on estime que les bourses reprendront leurs courses à l’abîme ces prochains jours, faute de confiance. La banque du Japon intervient sur le marché pour la dix-septième journée consécutive, en injectant l’équivalent de 30 milliards d’euros, sa plus forte injection de liquidités sur le marché monétaire japonais, pourtant le plus stable de tous les pays industrialisés. |
A écouter
« Un débat pour rien... Nous avons besoin de relancer toute l'économie, de garantir le financement de tous les acteurs économiques. Or, le gouvernement n' a plus d'argent dans les caisses, il a été imprévoyant. »
09/10/2008
« Pour l’instant, le Fond monétaire international ne s’implique pas dans le règlement de cette crise. Il en reste aux constats et apparaît quelque peu déconnecté des préoccupations de la population américaine ».
09/10/2008
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