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Russie / Géorgie

Tenter de concilier l’inconciliable

par Maud Czaja

Article publié le 14/10/2008 Dernière mise à jour le 14/10/2008 à 16:49 TU

Géorgiens et Russes se retrouvent ce mercredi à Genève pour discuter du statut des deux régions séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Cette première rencontre depuis la guerre éclair entre Tbilissi et Moscou survenue au mois d’août ne réunit que des experts. Elle est encadrée par les Nations unies, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

( Carte : RFI )

( Carte : RFI )

Le nœud gordien du conflit russo-géorgien est la reconnaissance d’indépendance de deux territoires de la Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, par la Russie le 26 août dernier. Ce problème va être abordé lors des « discussions de Genève », qui débutent ce mercredi et qui sont prévues dans l’accord de cessez-le-feu signé le 12 août dernier. Elles doivent permettre à Moscou et Tbilissi d’engager un processus destiné à assurer « la sécurité et la stabilité dans la région du Caucase ». Le climat de méfiance qui règne à Genève entre les différentes parties ne laisse aucun doute sur la difficulté d’un tel objectif.

Les forces russes sont toujours déployées en Ossétie du Sud et en Abkhazie

La Russie ne cache pas son intention de rester durablement en Ossétie du Sud et en Abkhazie et ne prête pas attention au président géorgien Mikhail Saakachvili qui dénonce un non-respect du principe d’intégrité territoriale.

En plus de ces deux régions, les Russes sont présents dans la zone d’Akhalgori, un territoire ethniquement géorgien et situé à la frontière administrative entre la Géorgie et l’Ossétie du Sud. « Cela pourrait devenir un problème d’ordre international », prévient Virginie Coulloudon, l’une des porte-paroles de l’OSCE, « puisqu’en maintenant ses troupes à Akhalgori, la Russie crée de facto une limite administrative à l’Ossétie du Sud ».

Autre point d’achoppement : les 200 observateurs de l’Union européenne sont censés pouvoir patrouiller dans les régions sécessionnistes d’après l’accord de cessez-le-feu signé le 12 août. Or depuis le déploiement de la mission d’observation européenne le 1er octobre dernier, les Européens n’ont toujours pas pénétré en Ossétie du Sud et en Abkhazie.

« Evidemment, nous ne sommes pas d’accord, ni sur la reconnaissance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, ni sur l’interprétation de l’accord », avait lâché le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner en marge de la dernière Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier. Les Européens, alors conscients des profonds désaccords entre les différents camps, avaient préféré renoncer à organiser une réunion à Genève au niveau ministériel. Un dîner en présence de Bernard Kouchner, du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, du président de l’OSCE Alexander Stubb et du chef de la diplomatie européenne Javier Solana, a certes donné le coup d’envoi mardi des négociations, mais tous ces hauts représentants auront ensuite quitté Genève laissant les experts commencer seuls les discussions.

Pas de panneau indiquant le nom et l’origine des experts

Ces derniers devraient se réunir tous les 15 jours pour faire avancer les pourparlers. La Russie espère des « recommandations » avant la fin de l’année mais ne devrait même pas être présente ce mercredi à Genève pour protester contre l’absence des Sud-Ossètes et des Abkhazes. Quelques heures avant le début de la réunion, il était toujours difficile de savoir avec certitude qui serait présent. Plusieurs hauts fonctionnaires onusiens ne cachent pas être dans le « flou total ». Deux groupes de travail devraient être formés, l’un sur la sécurité, l’autre sur les questions humanitaires. Afin de faciliter le dialogue entre les experts, il se pourrait qu’aucun panneau n’indique le nom et l’origine des participants dans les salles de réunions.

Pour pousser la Russie à coopérer, les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Luxembourg lundi, ont laissé entendre qu’ils pourraient repousser à novembre leur décision de reprendre les négociations avec Moscou sur un partenariat renforcé. La semaine dernière à Evian, quelques heures à peine après le retrait russe, le président en exercice du conseil européen Nicolas Sarkozy et le président russe Dmitri Medvedev avaient pourtant déjà affiché une entente retrouvée.