par RFI
Article publié le 20/10/2008 Dernière mise à jour le 20/10/2008 à 17:19 TU
Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, Premier ministre mauritanien nommé par la junte militaire.
( Photo : AFP )
Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le Premier ministre mauritanien nommé par les militaires responsables du putsch du 6 août dernier, était lundi à Paris pour tenter de convaincre les Européens. C'était son « grand oral », en somme. Le rendez-vous s'est déroulé le matin au siège parisien de la Banque mondiale. Il a ainsi rencontré les partenaires européens avec une idée en tête : tenter de les séduire pour éviter des sanctions de l'Union européenne à l'encontre de son pays. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les Européens n'ont pas été convaincus. Des sanctions pourraient être appliquées d’ici un mois, en cas d’absence de nouvelles propositions de la part de la junte.
« La délégation mauritanienne n’a pas répondu aux attentes des Européens. C’est raté ! », c’est ainsi que s’est exprimé un haut responsable français à la sortie de cette réunion, au siège de la Banque mondiale à Paris. Le Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a, lui aussi, reconnu que « dans toute discussion, le premier contact est toujours difficile », mais il espère que « la prochaine rencontre sera beaucoup plus positive ».
Dans la salle, les débats ont été animés. Face à Louis Michel, commissaire européen, et à Alain Joyandet, secrétaire d'Etat français à la Coopération, le Premier ministre mauritanien a justifié, une fois de plus, le coup d’Etat. Pour lui et sa délégation, c’est grâce au putsch du 6 août dernier que la démocratie est revenue en Mauritanie. Mais les Mauritaniens n’ont pris aucun engagement concret : ils n’ont pas parlé du processus politique et aucune date n’a été donnée concernant la libération du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
C’était donc la déception du côté européen. À la sortie de la réunion, Alain Joyandet, a souligné que l’UE a besoin de rencontrer le président déchu.
« Nous sommes en désaccord avec l'appréciation de la situation et à ce stade, nous avons besoin de discuter librement avec le président actuel. »
Aucune décision ne va être prise, dans l’immédiat, concernant les sanctions. Le dialogue n’a pas abouti ce lundi à Paris, mais il va se poursuivre pendant un mois. C’est ce que l’UE a donc proposé avec, pour commencer, cette visite sur place, en Mauritanie, qui pourrait avoir lieu dans quelques jours, pour un complément d’informations et pour rencontrer toutes les parties. Selon les Européens, « si, dans un mois, par contre, aucun nouvel élément n’est apporté par la junte, les consultations seront fermées », ce qui ouvrira la porte à d’éventuelles sanctions. Et, d’ici-là, la coopération restera limitée aux actions humanitaires en Mauritanie.
L'ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé par la junte en août dernier, est depuis en résidence surveillé et, pour la première fois dimanche dernier, des organisations non gouvernementales mauritaniennes ont pu le voir. Parmi ces ONG, la branche locale de la Rencontre africaine des droits de l’homme (RADDOH). Son responsable, Sid’Ahmed ould Habott, a expliqué que l'ancien chef de l'Etat mauritanien va bien, mais qu'il veut pouvoir se défendre.
« Le président Sidi souhaite être écouté à son tour sur son bilan économique et politique. »
20/10/2008 à 06:18 TU