Article publié le 06/11/2008 Dernière mise à jour le 07/11/2008 à 11:22 TU
Pas d'accalmie dans l'est du Congo démocratique. Les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda ont conforté leurs positions au Nord-Kivu. Ils se seraient emparés d'une nouvelle localité, Nyanzale, située à 80 kilomètres au nord-ouest de Goma, la capitale provinciale, là même où se trouvait l'état-major de la 15e brigade de l'armée loyaliste congolaise. Les rebelles ont repris, mercredi, la localité de Kiwanja, que les miliciens maï-maï avaient investi mardi. Les hommes du CNDP se sont livrés à des exactions, selon plusieurs sources sur place, dont des casques bleus de l’Onu, à la veille du sommet qui doit se tenir à Nairobi, en présence des chefs d’Etat des pays de la zone des Grands Lacs.
Une habitante de Kiwanja qui a perdu son fils lors des affrontements du 6 novembre.
(Photo : Reuters)
Avec notre envoyé spécial en RDC, Cyril Bensimon
Kiwanja était jeudi matin une ville fantôme. Les seules présences vivantes étaient celles des rebelles du CNDP et celles des casques bleus de la Monuc, la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo. Sur la route principale, des cadavres de jeunes hommes gisaient sur le sol. « Des Maï-Maï, des rebelles hutus, ou des soldats », assure le major Mayraie. « Nous en avons tué une cinquantaine. Nous n’avons pas fait de prisonniers », affirme ce conseiller militaire du général Nkunda. Un autre officier du CNDP dit, lui, que plus de 200 Maï-Maï ont été tués lors des combats et des ratissages qui ont suivi.
Dans la journée, la population poussée par le CNDP à revenir en ville dénonçait, elle, un « massacre » perpétré pendant la nuit contre des civils désarmés. Dans le quartier de Mugambo, l’odeur de mort est omniprésente. Dans une maison, cinq corps sont alignés. Dans une demeure, de l’autre côté de la rue, deux jeunes hommes gisent sur le sol, le sang est encore frais. À quelques mètres de là, un homme d’un certain âge a, lui, été exécuté d’un balle dans la nuque. Des gens du quartier assurent qu’il n’avait rien à voir avec les combattants maï-maï.
Craignant d’être exécutés, des milliers de personnes se sont réfugiées devant le camp de la Monuc. Elles pointent du doigt une colline, où le CNDP serait en train d’enterrer des victimes de cette sale guerre. Elles dénoncent, également, l’inaction de la Monuc. Les deux bataillons de casques bleus présents à Kiwanja ne sont, en effet, pas sortis de leur base pendant la nuit de mercredi, alors que les hommes du CNDP effectuaient leur chasse à l’homme.
La Monuc a lancé mercredi un appel urgent à la cessation immédiate des hostilités. En vain, visiblement, puisque cette même Monuc a signalé ce jeudi de nouvelles avancées des rebelles. Des blindés de l'ONU sont en route pour tenter de stopper l'offensive.Porte-parole militaire de la MONUC
« Le CNDP a évacué le centre de Nyanzale et s'est retiré autour de la ville. »
La rébellion de Laurent Nkunda a affirmé, de son côté, que sa progression militaire des dernières 48 heures ne visait pas tant à conquérir des villes qu'à pousser le gouvernement de Kinshasa à accepter des négociations.
La mission des Nations unies en RDC est de nouveau mise en cause par les populations de localités où se sont déroulés des combats. Alors que les casques bleus de la Monuc ont pour mandat de protéger ces populations, ils n'ont pas quitté leur base pendant les exactions des hommes de Laurent Nkunda à Kiwanja.
« On était abandonné à nous-mêmes, on n'a pas vu la Monuc, seulement le lendemain matin... Si la population a raison de parler de massacre, l'affaire pourrait être dévastatrice pour la Monuc...»
C’est ce vendredi qui doit se tenir à Nairobi, au Kenya, le sommet des chefs d’Etat des pays de la zone des Grands Lacs, pour tenter de trouver une solution au conflit en RDC.
A écouter
« Le conseiller militaire du général Nkunda reconnaît une cinquantaine de tués. Le CNDP n'a pas fait de prisonniers.... Un autre bilan fait état de 200 morts... »
07/11/2008
06/11/2008
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