par RFI
Article publié le 06/11/2008 Dernière mise à jour le 07/11/2008 à 01:47 TU
Cent mille personnes environ ont dû fuir leur maison en raison des combats la semaine dernière, ce qui porte le nombre total de personnes déplacées à un million dans le Nord-Kivu.
( Photo : Reuters )
« Nous avons attaqué Kiwanja pour protéger les populations humiliées par le CNDP. Nous n'avons pas subi de défaite militaire nous nous sommes retirés sous pression de la Monuc pour protéger le cessez-le-feu entre l'armée et les hommes de Laurent Nkunda ». Voilà pour la version officielle donnée par les Maï-Maï.
Dans les faits, la coalition des milices Maï-Maï a bien été défaite mercredi après-midi par le CNDP. Selon certaines sources, des soldats rebelles hutus rwandais mais aussi les soldats de la 6e brigade, qui avait été défaite lors la prise de Rutshuru, auraient directement participé aux combats aux côtés de la coalition Maï-Maï à Kiwanja.
Une information que dément Didier Bikéty, le porte-parole des forces armées Maï Maï du Nord-Kivu : « Nous n'avons jamais été assistés par les FA, c'est une prise de conscience, ce sont les jeunes qui se sont révoltés contre l'humiliation en prenant leur destin en mains, les FARDC ont échoué. Le gouvernement général, la Monuc et le CNDP sécurisaient la population. C'est ainsi que les Maï-Maï ont pris conscience de la situation, ils ont dit nous devons protéger notre peuple, c'est ainsi que nous avons pris les armes, c'est ainsi qu'en privilégiant la paix ils viennent encore de se retirer de ces endroits-là ».
Chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies
« C’est vrai, que quand il y a des situations difficiles, la Monuc est un bouc émissaire facile. »
Selon différentes sources, l'attaque de Kiwanja par les Maï-Maï répondait à un objectif précis : jeter à nouveau sur les routes les populations que les rebelles de Laurent Nkunda ont fait chasser des camps de déplacés pour les réinstaller dans leurs villages, le but étant de désorganiser le CNDP et de montrer qu'il est incapable de gérer les civils présents dans les nouvelles zones sous domination rebelle. Comme toujours, les populations civiles paient le prix fort :
« Qui va nous protéger ? Les enfants n'ont rien mangé depuis 3 jours... Nous n'avons rien pu emporter. Les Maï-Maï massacrent aussi, comme les hommes du CNDP... »
Les Maï-Maï ont enlevé, toujours hier mercredi, un journaliste belge ainsi que son interprète et son chauffeur. Les 3 hommes ont été emmenés à Kinyandoni par leurs ravisseurs, qui demandent la démilitarisation de Kiwanja. Des tractations sont en cours avec la Monuc pour tenter d'obtenir leur libération.
Cette situation de guerre au Nord-Kivu fait l'objet d'un sommet ce vendredi à Nairobi, où se retrouveront les deux présidents congolais et rwandais, Joseph Kabila et Paul Kagamé. Pour le moment, les autorités congolaises refusent d'entendre parler de négociations directes avec la rébellion. Le chef du CNDP, Laurent Nkunda, menace d'aller jusqu'a Kinshasa si ce refus est maintenu. Ses troupes sont aux portes de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. La Monuc assure qu'elle ne permettra pas l'entrée de groupes armés dans la ville, même si la question se pose du rôle possible pour les casques bleus si l'armée régulière congolaise est défaite à nouveau :
Chef de la mission de l'ONU en RDC la Monuc, et représentant spécial de Ban Ki-moon
« Nous sommes prêts à défendre la population, selon notre mandat... malgré certaines contraintes... Mais nous ferons le maximum pour protéger les citoyens de Goma... Nous devons avoir une posture un peu plus renforcée... »
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