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Somalie / UE

Opération anti-piraterie de l’Union européenne

par  RFI

Article publié le 10/11/2008 Dernière mise à jour le 10/11/2008 à 17:43 TU

Les ministres français de la Défense, Hervé Morin (G) et des Affaires étrangères, Bernard Kouchner (C) et le haut représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana, le 10 novembre 2008 à Bruxelles. (Photo : Reuters)

Les ministres français de la Défense, Hervé Morin (G) et des Affaires étrangères, Bernard Kouchner (C) et le haut représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana, le 10 novembre 2008 à Bruxelles.
(Photo : Reuters)

Les ministres de la Défense des 27 Etats membres de l’Union européenne (UE) ont donné leur feu vert à Bruxelles au lancement d'une opération navale pour faire reculer les actes de piraterie  sur les côtes somaliennes et dans le golfe d'Aden. Il s’agit d’une démarche inédite des Européens, face aux actes de piraterie qui se multiplient dans cette zone. L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Espagne ont déjà annoncé leur intention de participer à l’opération Eunavfor Atalanta, qui va débuter courant décembre sous commandement britannique. Au moins sept navires, bénéficiant de l’appui d’avions de patrouille maritime, seront mobilisés pour cette tâche au large de la Corne de l'Afrique.


Il s’agit, donc, d’une décision historique. D'abord parce que, finalement, l'opération Eunavfor Atalanta aura été montée - sur le plan politique - en trois mois, ce qui est exceptionnel si l'on songe au délai qu'il avait fallu pour déclencher l'opération Eufor Tchad-RCA, par exemple. Ensuite, parce que, pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne, il s'agit d'une opération navale - ce qui n’avait pas été le cas de la vingtaine d'opérations précédentes. Enfin, parce que les Britanniques en forment la nation-cadre, ce qui n'était jamais arrivé non plus : le commandement en a été confié au Vice-amiral Philip Jones, avec un quartier général établi à Northwood, une base au Royaume-Uni.

Dans la pratique, l'Eunavfor ne sera pas opérationnelle avant un bon mois - a confirmé ce matin sur RFI le ministre français de la Défense Hervé Morin.

Hervé Morin

Ministre français de la Défense

Par l'opération anti-piraterie de l'Union européenne, on aura un système dans lequel les bateaux du trafic commercial seront escortés par des bateaux militaires dans le rail du golfe d'Aden.

10/11/2008 par Frédéric Rivière


Cette force navale européenne sera composée d'au moins sept navires, dont trois frégates et un bâtiment de ravitaillement, avec l'appui d'avions de patrouille maritime.

Elle bénéficiera sans doute, avec l'accord des autorités de Djibouti, des facilités portuaires et aériennes dont jouissent déjà dans ce pays les militaires français, mais aussi allemands, espagnols et américains.

L’Eunavfor aura comme mission principale l’escorte des bateaux transportant les vivres du Programme alimentaire mondial (PAM) destinés aux civils somaliens. Elle va également procéder à l’escorte des navires « sensibles », sur le rail du golfe d’Aden qui conduit au détroit de Bab el-Mandeb, point de passage de l’océan Indien à la mer Rouge, ainsi que la surveillance de la zone, pour compléter le travail de la Task Force 150, une force navale constituée à l’initiative américaine, après les attentats de 2001.

Plus de 80 bateaux attaqués

Les « règles d'engagement » de l'Eunavfor sont actuellement en débat entre les pays qui ont offert de participer à cette force, mais qui n'interprètent pas toujours de la même manière la Convention sur le Droit de la mer de Montego Bay, laquelle interdit, en principe, toute action contre d'éventuels suspects en haute-mer, sauf flagrant délit d'agression. Toutefois, une résolution du Conseil de sécurité, adoptée en juillet dernier, permet, avec l’autorisation des autorités de Mogadiscio, la poursuite de suspects dans les eaux territoriales somaliennes. Certains Etats, comme la France, sont prêts à arrêter, détenir et transférer pour jugement les supposés pirates. 

En revanche, le Yémen, de l'autre côté du golfe d'Aden, s'est inquiété, lundi matin, de cette présence navale étrangère nombreuse près de ses côtes, estimant que c'est aux pays arabes de faire la « police » dans le secteur. Mais les moyens du Yémen sont évidemment très limités. Et les pays arabes sont aux abonnés absents. Au moins 81 bateaux ont été attaqués par des pirates somaliens dans l’océan Indien et le golfe d’Aden cette année, ce qui représente le double du nombre d’actes de piraterie enregistrés dans cette zone en 2007, selon le Bureau maritime international (IMB).