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Mauritanie

L'ex-président exilé loin de la capitale

par  RFI

Article publié le 13/11/2008 Dernière mise à jour le 14/11/2008 à 05:00 TU

L'ancien président mauritanien, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, en mars 2007.(Photo : Reuters)

L'ancien président mauritanien, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, en mars 2007.
(Photo : Reuters)

Le président renversé le 6 août par un coup d'état militaire, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a quitté la nuit dernière sa villa de Nouakchott. Il a été transféré dans son village natal de Lemden, à 250 km au sud-est de la capitale, où il reste en résidence surveillée. Les autorités militaires mauritaniennes affirment qu'il « pourra recevoir qui il veut, quand il veut ». Pour sa fille, il s'agit d'une mascarade.

C'est au petit matin, à l'heure de la prière, que Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est arrivé à Lemden, son village natal situé à 250 kilomètres de la capitale. Le voyage s'est déroulé de nuit, sous bonne escorte militaire. Selon ses proches, le président renversé se trouve actuellement dans la maison de l'un de ses frères avec interdiction formelle de quitter le village.

Pour le secrétaire général de la junte, le colonel Ahmedou Bamba Ould Baya, « cette surveillance militaire vise avant tout à assurer la sécurité de l'ancien président ». Le colonel, qui précise toutefois que Sidi Mohamed « pourra recevoir qui il veut, quand il veut. Nous voulons créer les conditions favorables à l'apaisement », poursuit encore ce proche du général Abdelaziz.

L'ultimatum européen

Les partisans du président renversé ne l'entendent pas ainsi. Pour le Front national de défense de la démocratie (FNDD), le transfert du président constitue une réponse maladroite aux requêtes formulées en début de semaine à Addis-Abéba. Le 10 novembre, la communauté internationale avait, en effet, une nouvelle fois fait pression en vue de la libération pleine et entière de l'ex-chef d'Etat.

De son côté, la fille du président déchu, dénonce une manoeuvre destinée à amadouer les Européens. L'ultimatum lancé par Bruxelles aux nouvelles autorités miltaires pour rétablir la légalité constitutionnelle expire dans une semaine.

Mauritanie - Amal Mint Cheikh Abdalahi sur l'attitude de la junte envers le président Sidi Abdalahi

Fille du président mauritanien déchu, Sidi ould Cheikh Abdellahi

« Il s'agit simplement d'un transfert et pas d'une libération, c'est le résultat d'énormes pressions subies par la junte. Il s'agit d'un geste avant l'expiration de l'ultimatum de l'U.E. le 20 novembre. Il est encore plus en résidence surveillée, avec une vingtaine de militaires armés autour de lui, qui font peur à la population. Rien ne change, c'est juste du cinéma pour faire croire que le président a été libéré ».

14/11/2008 par Christine Muratet

Le passage d’une résidence surveillée à une autre ?

Pour les militants du Front de défense de la démocratie, ce transfert ne change rien à la situation dans laquelle se trouve la Mauritanie. Pour eux, il s’agit tout simplement du passage d’une résidence surveillée à une autre, mais surtout pas d’une libération.

Du côté du RFD, le Rassemblement des forces démocratiques, on se montre plus optimiste, le parti d’Ahmed Ould Daddah souhaite voir dans ce dernier rebondissement le début d’un processus de sortie de crise dans le pays.

La Mauritanie se trouve en effet dans une situation délicate depuis le coup d’état du 6 août, ses partenaires, africains comme occidentaux, restent ferme sur la nécessité de rétablir la légalité constitutionnelle et des sanctions économiques pourraient bientôt être décidées par Bruxelles.

Le transfert de Mohamed Ould Cheikh Abdallahi dans son village natal permettra-il d’adoucir la position de la communauté internationale ? Rien n’est moins sûr, surtout s’il reste privé de sa liberté de mouvement.

Reste à voir si le gouvernement renversé aura les moyens de jouer un rôle effectif dans le dialogue national qui doit débuter prochainement. Autrement dit, s’il pourra devenir un acteur du plan de sortie de crise.

Les deux partis semblaient camper sur leurs positions jeudi, tandis que le porte-parole du gouvernement affirmait que Sidi s’était engagé à ne plus faire de politique. Le président déchu faisait savoir par le biais de ses plus proches soutiens qu’il n’avait à aucun moment négocié son éventuelle démission avec les militaires.