par RFI
Article publié le 16/11/2008 Dernière mise à jour le 17/11/2008 à 08:04 TU
Le représentant de l'ONU, Olusegun Obasanjo (G) et le chef des rebelles congolais Laurent Nkunda, marchant main dans la main lors de leur rencontre à Jomba, le 16 novembre 2008.
(Photo : Reuters)
Ce n'est pas en treillis vert kaki, mais en costume gris clair et cravate rouge que Laurent Nkunda a accueilli l'émissaire des Nations unies ce dimanche matin à Jomba, dans l'est de la République démocratique du Congo. Cette rencontre avec Olusegun Obasandjo a lieu alors que l'ONU affirme que d'importants combats opposent l'armée congolaise aux rebelles, à une soixantaine de kilomètres de là. La Monuc a envoyé une patrouille équipée de véhicules blindés près de la ville de Kanyabayonga.
Olusegun Obasanjo est arrivé à la paroisse de Jomba aux environs de 9h30, heure locale, en provenance de Goma. Dans cette petite localité de la province du Rutshuru, la population a été mobilisée pour accueillir l’émissaire des Nations unies.
Mais lors de son arrivée, les applaudissements étaient bien timides. Ses premiers mots ont été pour les soldats de Laurent Nkunda. L’ancien général nigérian, qui lui aussi a connu la disgrâce, leur a fait part de son étonnement pour leur discipline et leur a également signifié que leur place est dans l’armée congolaise et non dans la rébellion.
Olusegun Obasanjo a ensuite donné l’accolade au général rebelle qui, pour l’occasion, a troqué son treillis pour un costume gris anthracite. Les deux hommes, accompagnés de diplomates des Nations unies, se sont ensuite engouffrés dans un petit local, où s'est tenu leur conclave.
C’est un Laurent Nkunda tout sourire, qui est sorti deux heures et demie plus tard de son entretien avec Olusegun Obasanjo. Le chef du CNDP a même esquissé quelques pas de danse avec des enfants mobilisés pour l’occasion. Le général rebelle n’a pas caché son plaisir d’être enfin écouté par la communauté internationale. Olusegun Obasanjo est en effet davantage venu dans ce bastion du CNDP pour entendre les demandes de la rébellion plutôt que pour proposer des solutions.
Trois points d'accord
La rencontre a, cependant, permis aux deux hommes de se mettre d’accord sur trois points : tout d’abord, la nécessité d’instaurer immédiatement un cessez-le-feu qui doit être respecté par toutes les parties. Cessez-le-feu qui, pour le CNDP, ne doit pas être surveillé par la Monuc, accusée de partialité pro-gouvernementale, mais peut-être par l’Union africaine.
Ensuite, Laurent Nkunda et Olusegun Obasanjo ont convenu de la nécessité d’ouvrir un corridor humanitaire dans les zones rebelles, pour subvenir aux besoins de la population.
Enfin, le dernier point sur lequel les deux hommes se sont accordés est le besoin de poursuivre le processus de discussions entamé aujourd’hui.
Cette rencontre, qualifiée de « très positive » par le général rebelle et par l’ancien président nigérian, est cela dit assombrie par les violents combats qui se déroulaient dans la matinée, près de la localité stratégique de Kanyabayonga. Une preuve que les discours pacificateurs ne sont pas encore suivis d’effet sur le terrain.
« Quand dans un affrontement, les forces en place n’arrivent pas à une victoire de l’un ou de l’autre, au lieu de faire mourir la population civile, il faut négocier pour éviter de tuer les gens. »
Les combats continuent |
Les affrontements ont débuté dès l'aube, dimanche matin, autour du village clé de Kanyabayonga. Selon l'un des porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc), les troupes rebelles du général Nkunda seraient entrées dans le village de Ndeko, une commune située à quelques kilomètres du verrou stratégique de Kanyabayonga qui ouvre la voie vers le nord de la province. Ces premiers combats ont duré une heure et demie, toujours selon la Monuc. Puis il se sont interrompus avant de reprendre dans la matinée. Selon des témoins sur place, des tirs de mortiers et de roquettes ont été entendus toute la journée dans cette zone. Difficile d'en connaître l'origine exacte, mais le CNDP de Laurent Nkunda accuse les forces gouvernementales d'avoir tenté d'avancer sur ses positions. Dans l'après-midi, d'autres affrontements ont eu lieu à une quinzaine de kilomètres au sud de Kanyabayonga. Une patrouille de l'Onu a été prise sous les tirs croisés des belligérants, mais en est sortie indemne. Un casque bleu a en revanche été blessé par un éclat d'obus alors que des combats se déroulaient près d'une base des Nations unies à Rwindi. |
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Maintenant, je connais ses requêtes. Il veut maintenir le cessez-le-feu et un couloir humanitaire...Il s'inquiète de la bonne gouvernance de son pays...»..
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