Piraterie

Le superpétrolier piraté ancré devant un port somalien

par  RFI

Article publié le 18/11/2008 Dernière mise à jour le 18/11/2008 à 22:51 TU

Le superpétrolier saoudien capturé ce week-end par des pirates somaliens est désormais ancré au large du port somalien de Harardere, au nord de Mogadiscio. Harardere est l'un des ports utilisés par les pirates somaliens pour garder les bateaux qu'ils ont capturés en attendant de recevoir les rançons qu'ils  réclament pour relâcher navires et équipages. Long de 330 mètres et chargé de deux millions de barils de brut, soit l'équivalent de 300.000 tonnes de pétrole, le Sirius Star, propriété de la compagnie saoudienne Aramco, a été arraisonné par des pirates en plein océan Indien, à plus de 450 milles nautiques (800 km) au sud-est de la ville de Mombasa au Kenya.

Le superpétrolier saoudien, Sirius Star, qui a été détourné le 17 novembre 2008, au large des côtes somaliennes, transporte un chargement de pétrole d'une valeur de 100 millions de dollars.
(Photo : Reuters)

Le superpétrolier Sirius Star est toujours sous le contrôle des pirates, il a jeté l'ancre ce mardi matin à Harardere au nord de Mogadiscio. Ce port somalien de la région du Puntland est un repaire bien connu des bandits des mers. L'affréteur affirme que les 25 membres de l’équipage pris en otage sont indemnes, et un porte-parole de la marine de guerre américaine précise qu'il n'y a pour l'instant aucune revendication précise ou demande de rançon.

Un pétrolier de la taille de trois terrains de football

Mais avec cette attaque, les pirates ont franchi une nouvelle étape. En effet, les bandits sont montés à l'abordage d'un pétrolier grand comme trois terrains de football et le détournement a eu lieu à plus de 800 km des côtes africaines.

La valeur de la prise marque également une escalade : la cargaison de pétrole du Sirius Star est estimée à 100 millions de dollars et le bateau à 150 millions. Généralement, les demandes de rançons sont proportionnelles à la valeur des vaisseaux capturés. Les exigences des pirates pour relâcher l'équipage devraient donc être importantes. Ce détournement sans précédent prouve également que les bandits des mers menacent désormais un nouvel axe du trafic maritime mondial. Une route essentiellement utilisée par les superpétroliers et qui va du Golfe au cap de Bonne-Espérance.

L’histoire d’Aramco se confond avec le destin du royaume

Premier producteur mondial avec 9 millions de barils par jour, la saudi Aramco contrôle aussi 1/4 des réserves prouvées de la planète. L'histoire de cette compagnie, aujourd'hui contrôlée à 100% par l'Etat saoudien, se confond avec le destin du royaume. Le premier roi Ibn Saoud vient d'achever l'unité du pays, en 1932, lorsqu'il accorde la première concession à la Standard oil of California. A la fin de la deuxième guerre mondiale, il signe un pacte avec Roosevelt, qui s'engage à protéger militairement l'Arabie saoudite, en échange de pétrole. La production, 58.000 barils jours à l'époque, décuple en 5 ans. Elle atteint 8 millions de barils/jour à la veille du choc pétrolier. L'Aramco est alors de plus en plus sollicitée pour financer les infrastructures du pays, et elle verse des royalties de plus en plus généreuses à la famille royale, qui finira par nationaliser complètement la compagnie, après les chocs pétroliers : en 1980, le dernier PDG américain s'en va, l'Aramco devient la saoudi Aramco, elle fournit aujourd'hui 3/4 des revenus du pays. Ses rênes sont, on le comprend, aux mains d'un conseil suprême très contrôlé par le gouvernement, son ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Faiçal, vient d'ailleurs d'assimiler l'acte de piraterie contre le supertanker Sirius Star, à un acte de terrorisme.