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RD Congo

La rébellion annonce un retrait partiel

Article publié le 18/11/2008 Dernière mise à jour le 18/11/2008 à 22:41 TU

La rébellion aux abords de deux villes de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé ce mardi le retrait de ses troupes de 40 km sur le front nord pour donner « une chance à la paix » dans cette région où de nouveaux incidents impliquant l'armée ont éclaté. La rébellion « devra opérer un retrait unilatéral de ses troupes sur une distance de 40 km à la fois sur l'axe Kanyabayonga-Nyanzale et sur l'axe Kabasha-Kiwanja », des fronts situés à environ 80 km au nord et au nord-ouest de Goma. A Kanyabayonga, la situation est toujours très tendue. Par ailleurs, le Conseil de sécurité pourrait autoriser cette semaine l'envoi de 3 000 hommes en renfort, dans l'est de la République démocratique du Congo.

 

Les troupes gouvernementales dans la ville de Kanyabayonga, le 17 novembre 2008.( Photo : Reuters )

Les troupes gouvernementales dans la ville de Kanyabayonga, le 17 novembre 2008.
( Photo : Reuters )

Avec notre envoyé spécial en RDC

La situation était déjà confuse autour de Kanyabayonga depuis la fin de semaine dernière, elle est aujourd’hui devenue véritablement tendue. A mesure que le CNDP approche de cette localité à fleur de colline, l’armée fuit en pillant la population. Les maisons, les échoppes sont vides, mais leurs portes sont restées ouvertes.

A Kanyabayonga, il ne restait ce matin que quelques groupes de militaires et quelques miliciens Maï-Maï, la tête et le torse décorés de feuilles censées les rendre invulnérables. La majeure partie des civils, qui n’ont pas fui, sont eux réfugiés autour de la base des casques bleus.

Ce matin, dans leur course vers le nord, pour éviter la confrontation avec les rebelles de Laurent Nkunda, les militaires qui se plaignent de n’avoir pas mangé depuis trois jours et de n’avoir reçu aucun ravitaillement en munitions, se sont battus contre leur propre supplétif, des miliciens Mai-Mai du Pareco qui ne supportent pas de voir l’armée abandonner ses positions sans combattre.

L’affrontement s’est déroulé à Kayna, ville jumelle de Kanyabayonga. Certains Maï-Maï étaient armés d’arcs et de flèches, d’autres d’armes automatiques. Les FARDC ont répliqué à coups de kalachnikov et d’obus de mortier.

En fin de matinée, un calme précaire était revenu sur Kayna, mais cette confrontation fait en tout cas les affaires du CNDP qui peut continuer d’avancer vers Kanyabayonga sans combattre, les FARDC étant désormais occupées sur d’autres fronts.

Le Conseil de Sécurité prévoit un renfort de la Monuc

Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

Le Conseil de sécurité pourrait autoriser cette semaine l'envoi de 3 000 hommes en renfort, dans l'est de la République démocratique du Congo. Les casques bleus de Goma et du Nord-Kivu ont jusque-là été incapables de protéger les civils et d'enrayer la progression de la rébellion de Laurent Nkunda. Dans un premier temps, le Conseil de sécurité s'était contenté de souligner que la mission de l'ONU en RDC, avec 17 000 casques bleus, était déjà la plus importante mission de l'ONU dans le monde, et devait reconfigurer ses effectifs. Mais le vent semble avoir tourné.

L'appel à l'aide d'Alan Doss est finalement en passe d'être entendu. Depuis des semaines, le patron de la Monuc, la mission de l'ONU en RDC, réclame 3 000 hommes en renfort. Les deux tiers formeraient une force de réaction rapide, constituée notamment de forces spéciales. Ils seraient équipés de 18 hélicoptères et de deux avions de transport, pour se déplacer rapidement dans un pays grand comme l'Europe de l'Ouest. La Monuc réclame en outre près de 300 policiers pour libérer des soldats affectés à des tâches de surveillance, mais aussi 200 instructeurs militaires, pour entraîner l'armée congolaise, ainsi que des spécialistes du renseignement.

La France a soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution qui autoriserait l'envoi de ces renforts de manière temporaire, notamment pour protéger les civils. Le texte rappelle que la Monuc, critiquée pour son inaction, doit mettre en œuvre son mandat de manière robuste.

Selon les premières réactions, la résolution devrait être adoptée, et ce peut-être dès jeudi. L'Inde et le Pakistan qui ont déjà des casques bleus dans les Kivu, pourraient fournir les troupes supplémentaires. Reste à savoir dans quels délais, et avec quels équipements. L'ONU prévient déjà qu'il faudra sans doute plusieurs mois pour déployer ces renforts.