Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

UE/Partenariat oriental

L’Union européenne s’ouvre à l’Est !

par Marina Mielczarek

Article publié le 02/12/2008 Dernière mise à jour le 03/12/2008 à 01:37 TU

La Commission de Bruxelles lance ce mercredi son dossier sur le rapprochement avec l’Ukraine, la Géorgie et d’anciens pays soviétiques d’Asie centrale. Inclus dans la politique européenne de voisinage, ce partenariat oriental vise à ouvrir encore plus grand l’espace européen à de nouveaux pays. S’il aboutit, ce projet va contrebalancer la proposition d’Union pour la Méditerranée, officiellement lancée en juillet dernier à Paris.

En <strong><font color="#6f9f32">Vert</font></strong>, l'Union européenne.<br />En <strong><font color="#008040">Vert Foncé</font></strong>, les pays du bassin méditerranéen qui avec l'UE font partie de l'Union pour la Méditerranée.<br />En <strong><font color="#aed058">Vert Clair</font></strong>, les six pays, ex-républiques soviétiques, avec lesquels l'UE envisage un partenariat oriental.(Carte : E. Dupard/RFI)

En Vert, l'Union européenne.
En Vert Foncé, les pays du bassin méditerranéen qui avec l'UE font partie de l'Union pour la Méditerranée.
En Vert Clair, les six pays, ex-républiques soviétiques, avec lesquels l'UE envisage un partenariat oriental.
(Carte : E. Dupard/RFI)

Sur le front Est, l’atmosphère se réchauffe ! Le cessez-le-feu de l’été dernier entre la Russie et la Géorgie a dégelé tous les projets de partenariat en cours dans la région. Le calendrier de ce début décembre n’a rien d’une coïncidence… C’est au lendemain de la reprise des négociations de l’UE avec la Russie (négociations portant sur le nouveau partenariat stratégique et gelées depuis le 1er septembre), que s’ouvre à Bruxelles le dossier du voisinage oriental.

Une idée veille de 10 ans 

Le projet existe depuis 1999, mais c’est la Suède et la Pologne qui l’ont remis récemment au goût du jour, en proposant d’aller encore plus loin et de renforcer les liens. A l’origine, les fonctionnaires bruxellois travaillaient avec les gouvernements concernés sur trois axes principaux : la démocratie, l’économie et la sécurité. Bruxelles cherchait alors à créer, au-delà de ses frontières, une zone de stabilité, de prospérité, et capable de coopérations multilatérales. L’Union fournissait une enveloppe budgétaire selon les efforts et améliorations constatées. « Ce partenariat avec l’Est sera bâti sur des valeurs communes, une sorte de cercle d’amis », peut-on lire dans les archives de la Commission européenne.

Un partenariat oriental pour qui et pour quoi faire ?

La liste des partenaires n’a pas bougé. Six pays ayant tous appartenu à l’ancien bloc soviétique : Ukraine (le plus peuplé des partenaires, 46 millions d’habitants), Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Moldavie, et Biélorussie. Cette dernière étant soumise à une contrainte, Minsk a obligation de se « démocratiser ». Mais que le club des Six ne s’y méprenne pas : être partenaire privilégié à l’Est, ne signifie pas bénéficier d’un ticket promotionnel pour adhérer à l’Union. Les Ukrainiens pourtant en rêvent. L’Ukraine est aussi le plus avancé des pays de l’Est dans les négociations pour une future adhésion. Mais comme les autres, l’Ukraine a reçu le mot d’ordre : pour le moment, on ne change rien à l’adhésion, ce partenariat oriental restera concentré sur la libéralisation du marché. Sans entrer dans les détails, le texte parle de « zones de libre-échange approfondies » et « d’accords d’association ». Autrement dit, permettre aux personnes, aux biens, aux services et aux capitaux de circuler plus librement.

Union pour la Méditerranée : partenariat oriental, ami ou concurrent ?

Il y a dix ans, lors de la naissance du projet oriental, le processus de Barcelone était déjà lancé. Aujourd’hui devenu Union pour la Méditerranée, lancé en grandes pompes à Paris en juillet dernier, ce partenariat entre l’Union européenne et les pays du bassin méditerranéen a suscité de nombreuses critiques. Certains experts et même des acteurs économiques ou politiques des pays du Sud ne cachaient pas leurs doutes sur la concrétisation des bonnes intentions inscrites sur le papier. La signature des pays du Sud le14 juillet, dans la capitale française, a débouché sur l’idée d’un secrétariat spécial de l’UPM. Chargé de centraliser la réception et la distribution des fonds, ce secrétariat permanent a ensuite été installé à Barcelone, la capitale catalane, en Espagne.

Aujourd’hui, les six candidats au partenariat oriental font fi du scepticisme. La semaine dernière, les Ukrainiens proposaient ainsi que le partenariat pour les pays de l’Est bénéficie du même genre de structures que l’Union pour les pays du Sud.

Du rêve à la réalité, il n’y a qu’un gouffre !

Il y aurait de quoi refroidir… Le voilà prévenu : avant même la reprise des pourparlers mercredi à Bruxelles, la commissaire européenne aux Relations extérieures recevait en début de semaine le Premier ministre géorgien. Lui décrivant le partenariat oriental, Bénita Ferrero-Waldner spécifiait qu’il était « un peu trop tôt pour parler d’une association » avec la Géorgie. Elle a ensuite expliqué que l’UE attendait de Tbilissi des progrès en matière de réformes démocratiques.

Mais à Bruxelles, vous trouvez aussi des enthousiastes. Le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen en premier lieu. Jacek Saryusz-Wolski, membre d’un parti conservateur en Pologne, estime que l’Ukraine, la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Moldavie et la Biélorussie « bénéficieront d’un statut proche de l’Islande ou de la Norvège ». A terme, ajoute-t-il, « les Six avanceront dans l’UE et, dans 10 ou 20 ans, leur adhésion deviendra quasi-évidente ! »

La réunion des commissaires de cette semaine à Bruxelles marque donc le pas d’un long….très long processus. Prochain rendez-vous dans dix jours, les 11 et 12 décembre, au sommet de Bruxelles, où seront examinées les propositions de ce mercredi. Pourrait ensuite venir un lancement en bonne et due forme en avril 2009, lors d’un sommet en République Tchèque, qui devient, après la France, la nouvelle la présidente de l’Union européenne.