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Etats-Unis

Au coeur de Guantanamo

par Donaig Le Du

Article publié le 11/12/2008 Dernière mise à jour le 11/12/2008 à 09:39 TU

Située au sud-est de l’île de Cuba, la base militaire américaine de Guantanamo sert depuis 2002 de centre de détention pour les « ennemis combattants illégaux », le terme consacré par les autorités américaines pour désigner les suspects de terrorisme. Deux cent cinquante personnes environ sont détenues dans le camp. Vingt d’entre elles sont déjà inculpées ou jugées, le gouvernement américain a annoncé qu’il avait l’intention au total d’en inculper entre 60 et 80. Nul ne sait ce qui adviendra des autres. Barack Obama a promis de fermer Guantanamo lorsqu’il sera investi à la présidence, le 20 janvier prochain. Signe que les temps changent, 49 journalistes internationaux ont eu l'autorisation de se rendre à « Gitmo » à l'occasion des premiers procès ouverts aux familles des victimes. Notre envoyée spéciale permanente à Washington Donaig Le Du a ainsi pu visiter une partie des centres de détention (ses photos ont été autorisées par l’armée américaine). Voici son reportage.

 

Une enfilade de barbelés, plusieurs rangées de clôtures, des miradors, des sas de sécurité…Une petite cour et enfin, un bâtiment en dur. « Au nom du corps expéditionnaire, bienvenue dans le camp numéro 5 », annonce le capitaine de frégate Jeffrey Hayhurst, le vice-commandant du centre de détention. « Ceci est un camp de haute sécurité, ouvert en 2004, il a coûté 17 millions de dollars, et est construit sur le modèle d’une prison de haute sécurité de l’Indiana ». Ici sont logés les détenus les moins dociles, ceux qui n’acceptent pas de se conformer au règlement de Guantanamo. Ils sont là, souvent, parce qu’ils ont agressé des gardiens. « Il y a des attaques avec des matières corporelles, de l’urine, du sperme, des matières fécales… Des agressions physiques, des coups de tête, des coups de pied… Des choses comme ça, c’est la routine... »

Le capitaine de frégate Jeffrey Hayhurst, vice commandant du centre de détention.(Photo: Donaig Le Du / RFI)

Le capitaine de frégate Jeffrey Hayhurst, vice commandant du centre de détention.
(Photo: Donaig Le Du / RFI)

Dans le camp 4, celui des détenus dociles, environ un tiers du total, les régles sont plus souples. Les cellules sont ouvertes. Les détenus font pousser des tomates et ont le droit de prendre des cours. Ils ont accès à une version expurgée des journaux, aussi, et à quelques heures de télévision par semaine. « Ils adorent regarder le catch et les matches de foot, explique le vice-commandant; pas en direct, évidement. On doit faire attention à ne pas heurter leur culture. Un jour, il y avait une publicité pour du savon, avec une femme peu habillée. Ils nous ont cassé la télé... » 

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Le commandant Suzanne Lachelier, avocate militaire commise d'office.
(Photo : Donaig Le Du / RFI)

Le commandant Suzanne Lachelier, avocate militaire commise d'office.
(Photo : Donaig Le Du / RFI)

A Guantanamo, Donaig Le Du a aussi pu s'entretenir avec une avocate de 41 ans, commise d'office pour défendre deux accusés. Son témoignage est édifiant.

Entretien : Suzanne Lachelier, avocate commise d’office à Guantanamo.

« Y a-t-il beaucoup de choses que vous n'avez pas le droit de me dire ? Oui...»

11/12/2008 par Donaig Ledu