par RFI
Article publié le 11/12/2008 Dernière mise à jour le 11/12/2008 à 17:48 TU
Cet enfant de quatre ans est hospitalisé dans un centre de réhydratation des malades du choléra à Musina, à la frontière entre l'Afrique du Sud et le Zimbabwe, le 11 décembre 2008.
(Photo : AFP)
Le Zimbabwe continue de traverser une situation désastreuse : crise alimentaire, économie effondrée, 80% de chômeurs et le choléra qui a fait près de 800 morts depuis le mois d'août, selon les agences de l’ONU. Le président Mugabe a cependant affirmé, jeudi matin, que l'épidémie était maintenant stoppée, grâce à l'aide venue de l'extérieur. Pourtant, Harare a refusé l’entrée d’une mission d’aide sanitaire française. Les déclarations du président zimbabwéen sont contredites par les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et par les Nations unies qui parlent d’au moins 16 000 cas suspects et de 60 000 personnes qui sont menacées de contracter la maladie si rien n'est fait rapidement. Face à l’afflux constant de malades et de réfugiés, le gouvernement de la province sud-africaine du Limpopo a déclaré une « zone de catastrophe ».
La France, qui préside actuellement l’Union européenne (UE) a également contesté, ce jeudi, les déclarations du chef d’Etat zimbabwéen. Selon Frédéric Desagneaux, l’un des porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, « contrairement à ce qu'affirme M. Mugabe, l'épidémie de choléra n'est pas endiguée ». Il a ajouté que « dans l'intérêt des populations, il est donc crucial qu'une aide internationale puisse être apportée rapidement au Zimbabwe » et il a regretté, « vivement », que Harare ait refusé des visas à une équipe de six experts français, dont deux épidémiologistes de l’Institut de veille sanitaire, un spécialiste du traitement d’eau et trois membres du Centre de crise du ministère français des Affaires étrangères.
L’OMS affirme qu’aucune région du Zimbabwe n’est désormais épargnée par l’épidémie. Près de la moitié des cas ont été enregistrés à Budiriro, dans la banlieue de Harare, où notre envoyé spécial, Mathieu Rochefort, a pu rencontrer un jeune qui accuse le gouvernement d’avoir tué sa mère, victime du choléra.
« Ils n'avaient pas assez de médicaments à l'hôpital... je crois pouvoir dire que le gouvernement a tué ma mère. »Choléra au Zimbabwe : un orphelin accuse le gouvernement
Toujours selon l’OMS, « le choléra a franchi les frontières de l’Afrique du Sud et du Botswana ». L’épidémie représente maintenant une grave menace pour toute la région. D’autres cas ont été enregistrés, notamment, à Beitbridge, à la frontière avec l’Afrique du Sud, et à Mudzi, près du Mozambique. Les victimes de l’épidémie tentent de traverser le fleuve Limpopo en direction de l’Afrique du Sud, où dix personnes sont mortes de choléra depuis un mois. Les autorités de la province du Limpopo ont ainsi annoncé que « la totalité du district de Vhembe a été décrétée zone sinistrée » et que des « mesures exceptionnelles doivent être prises pour faire face à la situation ». Un porte-parole provincial a souligné que l’aide financière va être augmentée et a appelé les malades à se faire soigner le plus vite possible à l’hôpital de Musina. « Ces gens arrivent malades et doivent être traités. Nous allons probablement connaître des problèmes », a-t-il dit.
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