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Zimbabwe

Contre toute évidence, Mugabe annonce la fin du choléra

Article publié le 12/12/2008 Dernière mise à jour le 12/12/2008 à 05:19 TU

Manifestation de supporters du président Mugabé lors de l'enterrement jeudi à Harare  d'un responsable de la Zanu-PF.  ( Photo : Reuters )

Manifestation de supporters du président Mugabé lors de l'enterrement jeudi à Harare d'un responsable de la Zanu-PF.
( Photo : Reuters )

Dans une allocution télévisée jeudi, le chef de l'Etat a affirmé que l'épidémie de choléra était terminée, alors que les Nations unies revoient leur bilan à la hausse, avec 783 morts du choléra qui touche 16 000 personnes. La malnutrition contribue à l'épidémie en affaiblissant les personnes.

Avec notre envoyé spécial

« Je suis heureux d'annoncer que nos médecins (...) ont enrayé le choléra... ». Robert Mugabé s'est adressé hier soir à ses concitoyens à la télévision, et il a une nouvelle fois puisé dans le registre de la provocation : « Brown, Sarkozy et Bush voulaient une intervention militaire, maintenant qu'il n'y a plus de choléra, il n'y a plus de raison de faire la guerre... »

Les propos de Mugabe, depuis 28 ans au pouvoir, n’ont rien à voir avec la réalité sur place. Le nouveau bilan publié par l’ONU fait état de 783 morts et de 16 000 cas suspects. 

Rien n’indique que l’épidémie soit endiguée au contraire la grave crise alimentaire qui secoue le pays risque d’accentuer la propagation de la maladie à travers le pays.

Cinq millions de Zimbabwéens, selon la Croix rouge, seront en situation d’insécurité alimentaire d’ici le mois de janvier. La population est affamée, comme cette femme l’a vérifié, qui revient d’une mission humanitaire dans les zones rurales du sud du pays : « Pour survivre, les gens creusent la terre pour trouver des racines qu’ils mangent ensuite... Certaines sont comestibles, elles doivent avoir un goût infect... Dans une situation normale, les être humains ne devraient pas avoir à chercher des racines pour se nourrir... »

Un régime de racines, aux qualités nutritives faibles, est insuffisant pour que l’organisme résiste aux épidémies de type choléra. Comme  les personnes infectées, qui ont faim, ne restent pas cloîtrées chez elles, cela constitue un défi sanitaire supplémentaire. Pour Rachel Pounds, la directrice-pays de l’ONG britannique Save the children, à Harare, « C’est un vrai défi, les gens pour se nourrir parcourent des kilomètres, pour chercher à manger ou chercher du travail pour ensuite se nourrir, donc il est difficile d’endiguer la maladie, car toute personne malade qui voyage emmène avec elle la maladie et l’introduit dans de nouvelles zones. Les gens ne doivent pas se déplacer, mais c’est quelque chose que vous ne pouvez pas dire à des gens qui sont affamés, s’ils ont faim, ils vont bouger pour trouver à manger...»

Les zones urbaines ne sont pas épargnées, au contraire, la maladie se propage rapidement au sein des familles pauvres qui n’ont d’autres choix que de vivre parfois à plus de huit dans une même pièce. Enfin, on n’est pas véritablement entré dans la saison des pluies. Les ONG sur place au Zimbabwe appellent à la plus grande vigilance.

L'état de catastrophe déclaré en Afrique du Sud

Cette disposition légale prise ce jeudi par Pretoria signifie plus d'argent et plus facilement pour aider les malades. C'est en tout cas ce que disent les autorités de la province sud-africaine du Limpopo, qui expliquent par ailleurs qu'elle maîtrisent la situation. Pour Puti Selova, porte-parole pour la santé de l'autorité provinciale du Limpopo, « 2 personnes sont mortes dernièrement, sur 688 patients. Ce sont des Zimbabwéens qui entrent en Afrique du sud. Nous pensons contrôler la situation parce que notre travail, c'est de soigner les malades. Et comme pouvez le voir, nous avons environ 700 patients et 8 morts en tout.. surtout au début de l'épidémie... Sur cette base, je dirais que nous contrôlons la situation »  

Les médecins qui travaillent dans la région sont, eux, toujours inquiets, et parlent de situation à risques : il n'y a pas que des Zimbabwéens qui sont malades, le choléra frappe aussi des Sud-Africains, disent-ils, et il y aurait maintenant des foyers de choléra en Afrique du Sud.

Par ailleurs, le personnel médical redoute un afflux important de Zimbabwéens à la frontière à l'approche des fêtes de fin d'année, et une situation qui deviendrait alors très délicate à gérer.