par Myriam Berber
Article publié le 25/12/2008 Dernière mise à jour le 25/12/2008 à 15:50 TU
Pour lui éviter une faillite, l’Etat américain a décidé de voler au secours de GMAC, la société qui finance les achats de voitures construites par General Motors. La Réserve fédérale américaine (Fed) a octroyé à GMAC le statut de banque. C’est, en effet, la condition indispensable à une recapitalisation de l’établissement par des fonds publics. En tant que banque, GMAC va pouvoir puiser dans les 700 milliards de dollars du plan « Tarp » (Troubled Asset Relief Programme) de sauvetage des banques voté par le Congrès américain en octobre 2008.
La société pourra également accéder aux opérations de refinancement organisées régulièrement par la Fed. En échange, GM s’engage à ramener sa participation dans sa filiale de 49% à moins de 10%. Quant à l’autre grand actionnaire de GMAC, le fonds américain Cerberus qui détient actuellement 51% du capital, sa participation ne pourra excéder à l’avenir 33%.
Un risque pour sa maison mère, GM
GMAC est une société de services financiers qui compte 15 millions de clients sur le territoire américain. Ses activités s'étendent du crédit automobile en passant par l’assurance et le crédit immobilier. C’est cette activité qui a mis la filiale de GM en mauvaise posture. GMAC détenait, en effet, pour 248 milliards de dollars de produits liés aux crédits immobiliers à risques (« credit default swap »). L’ancienne division du crédit automobile de General Motors a perdu 5 milliards de dollars sur les six derniers mois de 2008.
Le marché automobile américain est en chute libre depuis plusieurs mois. Touché de plein fouet par la crise, il a atteint son niveau le plus bas depuis 25 ans. Environ 90% des véhicules sont achetés à crédit aux Etats-Unis. Une faillite de la société qui finance les achats de voitures construites par GM aurait eu des conséquences économiques dramatiques, comme l’explique l’analyste Michelle Krebs du site spécialisé Edmunds.com : « Un écroulement de GMAC ne pourrait qu’exacerber les problèmes de GM dans la mesure où il n’y a pas beaucoup d’autres endroits où leurs clients et leurs concessionnaires peuvent obtenir du crédit. Plus d’une centaine de concessionnaires ont déjà dû fermer boutique cette année ».
Une aide publique assortie de conditions
La Fed et le Trésor ont jugé qu’une éventuelle faillite de GMAC aurait pu porter un coup mortel à sa maison mère, General Motors, qui lutte pour sa survie. Le risque d’effondrement de tout le système par un effet « dominos » aurait été trop grand.
Pour les mêmes raisons, l’Etat américain a décidé d’accorder une aide de 17,4 milliards de dollars à l'industrie automobile. Dans un premier temps, General Motors et Chrysler vont recevoir respectivement 9,4 milliards et 4 milliards de dollars pour échapper à la faillite. Une deuxième enveloppe de 4 milliards de dollars sera mise à la disposition de GM en février 2009. Mais pas question, pour la Maison Blanche, de signer un chèque en blanc, cette aide publique à des entreprises privées a été assortie de conditions extrêmement strictes.
La première d’entre elles est un changement de stratégie industrielle. La production devra s'orienter vers des voitures propres. Les constructeurs devront également réduire leur endettement, diminuer la masse salariale, couper dans les dépenses et les rémunérations des dirigeants, ne rien verser aux actionnaires. Si les entreprises ne sont pas redevenues viables d’ici le 31 mars 2009, elles devront rembourser au Trésor l’ensemble des sommes avancées. Ce plan de soutien à l’automobile sera prélevé sur les 700 milliards du fonds Paulson.