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Raids israéliens sur Gaza

La colère des Palestiniens face à l’offensive israélienne sur Gaza

Article publié le 30/12/2008 Dernière mise à jour le 31/12/2008 à 06:35 TU

Le bilan de l’opération israélienne « Plomb durci » se chiffre déjà en centaines de victimes palestiniennes dans la bande de Gaza. Parallèlement, les tirs de roquettes venant du territoire bouclé ont coûté la vie à plusieurs civils israéliens. Ces violences provoquent des remous en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où les incidents et signes de tension sont désormais quotidiens.

Des enfants palestiniens jetent des pierres sur l'armée israélienne, dans le camp de réfugiés de Shufat, à Jérusalem-Est, le 29 décembre 2008.(Photo : AFP)

Des enfants palestiniens jetent des pierres sur l'armée israélienne, dans le camp de réfugiés de Shufat, à Jérusalem-Est, le 29 décembre 2008.
(Photo : AFP)

De notre envoyé spécial, Nicolas Falez

Camp de réfugiés de Shufat, à Jérusalem. Plus de 10 000 habitants officiellement recensés dans un décor semblable à celui des camps de Cisjordanie, de Gaza ou du Liban : entrelacs de ruelles entre des constructions anarchiques et amoncellements d’ordures en lieu et place de trottoirs. Dès l’entrée du camp, on aperçoit une nuée d’enfants en haut d’une colline de terre. Ils jettent des pierres sur les soldats israéliens stationnés en contrebas. Ceux-ci restent impassibles mais ne quittent pas les gamins des yeux. Les plus jeunes lanceurs de cailloux ont 6 ou 7 ans, le plus vieux 14 ans et déjà le discours d’un militant : « C’est une question de dignité », nous dit Yahia en racontant la colère et la frustration des Palestiniens de Shufat face à la situation à Gaza.

A l’intérieur du camp, l’ambiance est plus calme. Mais bien souvent dans les boutiques, les yeux sont rivés sur les télévisions satellitaires qui diffusent en boucle les images de l’offensive israélienne. « C’est une nouvelle Naqba », nous dit le boucher, en référence à la « catastrophe » (« Naqba » en arabe) qu’a représenté pour les Palestiniens la création de l’Etat d’Israel en 1948.

Don du sang pour les blessés de Gaza

Autre décor mais toujours à Jérusalem-Est : l’hôpital palestinien de Maqqassed. Depuis le début des violences à Gaza, la banque du sang de cet établissement a organisé une collecte pour tenter de faire parvenir des doses de sang aux hopitaux de Gaza. Le directeur du service se réjouit de l’affluence et de sa signification mais s’inquiète du bouclage de Gaza qui rend difficile l’acheminement de produits médicaux vers le territoire : « Hier, cela s’est produit », nous explique-t-il, « mais ils n’ont laissé passer que 300 doses de sang, c’est très peu… 300 doses, c’est ce que nous avons collecté ici dès la première journée, avant-hier. Mais si nous ne sommes pas sûrs que le sang peut être transporté à Gaza, que vais-je en faire ? Je ne vais pas jeter du sang quand même ? ».

Allongés sur les fauteuils, pendant que le sang s’écoule de leurs bras, les Palestiniens que nous recontrons racontent des parcours différents. Il y a l’Arabe israélien qui a eu connaissance de la collecte de sang sur Facebook, le chauffeur de taxi de Jérusalem-Est, ou encore le chrétien palestinien. Tous ont les mêmes mots ou presque : « A Gaza ce sont nos frères »,  « Israel est en train de commettre un crime », « Ils disent qu’ils attaquent des terroristes mais ce sont des enfants, des femmes et des vieillards qui sont tués. ». Tristesse et colère. Et beaucoup de rancœur à l’égard des dirigeants arabes, égyptiens en tête, « parce qu’ils ont donné leur feu vert à l’opération ».

A l’extérieur de l’hôpital, certaines ruelles de Jérusalem-Est portent encore les stigmates des frictions de ces  derniers jours : pneus et ordures incendiés. La présence policière et militaire israélienne est renforcée. Tension et colère passagère ou prémices de la « troisième intifada » que les dirigeants du Hamas et du Hezbollah ont appelé de leurs vœux ? Trop tôt pour le dire, mais aucun Palestinien interrogé ne souhaite s’étendre sur la crise entre le Hamas et le Fatah. Comme si, dans la rue au moins, l’union nationale avait pris le dessus sur les rivalités interpalestiniennes.

Face à l'armée israélienne, les brigades ezzedine el qassam

En cas d'intervention terrestre à Gaza, Tsahal ferait face selon ses estimations à 15 000 Palestiniens armés. Le Hamas qui dirige le petit territoire travaille en effet depuis deux ans à développer sa puissance militaire. Le mouvement de la résistance islamique est en pleine transition, avec l'aide de l'Iran, il a amélioré sa chaîne de commandement, acquis de nouvelles armes, et ses combattants sont de mieux en mieux organisés, sur le modèle du hezbollah libanais. Le Hamas dispose de sections de compagnie et son unité la mieux entraînée reste les brigades ezzedine el qassam.

Créée en 1992, la branche armée du Hamas a signé de nombreux attentats en Israël et revendique régulièrement les tirs de roquettes. Organisées en réseau de cellules spécialisées, indépendantes les unes des autres, les brigades ezzedine el qassam comptent environ un millier d'hommes qui ont suivi une formation militaire et idéologique intensive. Selon les experts israéliens, le Hamas disposerait d'un milliers de missiles, de nouveau missiles anti-chars, mais la force de cette organisation clandestine résiderait surtout dans sa stratégie de défense, basée sur un vaste réseau de tunnels, caches et pièges.

 Avec Frédérique Misslin

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