Raids israéliens sur Gaza

L'armée israélienne se prépare à une guerre longue et difficile

Article publié le 30/12/2008 Dernière mise à jour le 30/12/2008 à 23:42 TU

Les forces terrestres israéliennes se tiennent prêtes mardi pour intervenir à Gaza, où les attaques aériennes contre le Hamas ont fait plus de 360 morts depuis samedi. L'opération devrait durer malgré les appels au cessez-le-feu lancés un peu partout dans le monde. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne réunis mardi soir à Paris ont appelé à un « cessez-le-feu permanent » à Gaza, a déclaré le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner. Lors d'une conférence téléphonique, les membres du Quartette – Nations unies, Etats-Unis, Russie et l'Union européenne – ont appelé mardi à un cessez-le-feu immédiat, qui soit « pleinement respecté », selon un compte-rendu publié par l'ONU.

Avec notre correspondante à Jérusalem, Catherine Monnet

Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Les funérailles de Lama Hamdan, 4 ans, tuée dans un raid aérien israélien.
(Photo : Reuters)

 
Les troupes amassées à la frontière sont officiellement prêtes à intervenir, mais l’état-major israélien n’a pas encore donné l’ordre de lancer une offensive terrestre contre Gaza. En attendant, la campagne aérienne risque de se poursuivre un moment car, comme le reconnaît un porte-parole de l’armée, il reste encore « beaucoup de cibles à frapper ».

D’après des témoignages recueillis par téléphone, il semble en effet que la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, qui pourraient infliger de sérieuses pertes à des troupes au sol, ont été jusqu’à présent relativement épargnées par les frappes aériennes. « Les opérations lancées samedi ne constituent que la première phase parmi plusieurs autres déjà approuvées par le cabinet de sécurité », a prévenu ce matin le Premier ministre Ehud Olmert. Les habitants de Rafah, près de la frontière de l’Egypte, s’attendent d’ailleurs à une intensification de la campagne aérienne.

Une radio locale, piratée par l’armée israélienne, diffuse depuis hier des messages d’avertissements et annonce le bombardement imminent de toutes les maisons abritant des entrées de tunnels clandestins.

A noter que ce ne sont pas seulement les militaires qui se préparent à une guerre longue et difficile. La défense passive israélienne vient d’étendre le périmètre de sécurité autour de la bande de Gaza. Désormais, toutes les villes et localités situées dans un rayon de 30 kilomètres de Gaza peuvent recevoir à tout moment l’ordre de fermer les écoles, les supermarchés et l’interdiction d’organiser des rassemblements.

Une situation explosive

C'est dans ce contexte que la rue arabe commence à se mobiliser. D'importantes manifestations ont eu lieu en Tunisie et en Egypte. Au Yémen, ce matin, des manifestants ont investi pendant quelques minutes le consulat d'Egypte.

Du côté de la population palestinienne, au-delà de l’indignation, il y a une grande colère qui gronde dans les territoires et, parmi la population arabe israélienne, les incidents et les manifestations violentes commencent à se multiplier. Hier, un travailleur palestinien a poignardé quatre Israéliens dans la colonie de Modi’in Illit. Des voitures israéliennes font l’objet de jets de pierres dans les territoires. A Jérusalem-Est, la situation est assez tendue notamment dans le camp de réfugiés de Shuafat où des groupes de jeunes s’affrontent à la police à coup de pierres et parlent de lancer une troisième intifada.

D’après la police israélienne, depuis samedi, un millier de personnes ont participé à des émeutes et une centaine ont été arrêtées. Au check-point de Kalandia, près de Ramallah, l’armée ce matin a ouvert le feu et un manifestant a été blessé. Dans le nord aussi, en Galilée, il y a eu différents incidents et la tension monte. Le maire chrétien de Nazareth, habituellement assez modéré, tient des propos virulents. La situation est en fait explosive un peu partout dans le pays, où la police, en état d’alerte, doit faire face à la fois à un risque très élevé de manifestations violentes mais également d’attentats suicide.