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Israël / Territoires palestiniens / Liban

Qui tire des roquettes sur le nord d'Israël ?

par Frédérique Misslin

Article publié le 08/01/2009 Dernière mise à jour le 08/01/2009 à 18:28 TU

Aucune organisation n’a pour l’instant revendiqué la responsabilité des tirs de roquettes qui se sont abattues jeudi sur Israël à partir du Liban. Le Hezbollah dément à demi- mot une quelconque responsabilité, la branche beyrouthine du Hamas affirme qu’elle n’est pas responsable des tirs mais le sud du Liban abrite bien d’autres groupes armés palestiniens.
Un Israélien prend en photo le trou causé par un tir de roquette sur un toit, dans la ville de Nahariya, au nord d'Israël, le 8 janvier 2008.  (Photo : AFP)

Un Israélien prend en photo le trou causé par un tir de roquette sur un toit, dans la ville de Nahariya, au nord d'Israël, le 8 janvier 2008.
(Photo : AFP)

Aujourd'hui on estime à 400 000 le nombre de Palestiniens exilés au Liban. Ils représentent 10% de la population. Leur présence remonte aux premiers affrontements entre Israéliens et Palestiniens, en 1948, au moment de la création de l’Etat d’Israël. La moitié de ces réfugiés vit toujours dans une douzaine de camps qui avaient été construits à la hâte pour les accueillir à l’époque. Le Liban avait vu arriver dans les années soixante-dix une deuxième vague de réfugiés, souvent plus politisés plus combatifs. Tous rejoignent les camps dont la superficie n’a pas changé depuis cette époque, malgré une croissance démographique importante. La surpopulation, la pauvreté, le chômage, les discriminations caractérisent la vie des habitants des camps déjà traumatisés par des décennies d'exil.

Au Liban, les Palestiniens sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone. Leurs camps fonctionnent en autogestion, ils échappent au contrôle de l'Etat libanais et la police est assurée par les Palestiniens eux-mêmes. Les anciens mouvements de guérilla palestiniens se sont reconvertis en Commandement de la lutte armée palestinienne (CLAP) censé garantir la sécurité. Conséquence : la lutte pour le pouvoir est permanente et les acteurs nombreux. Au-delà des organisations traditionnelles – Fatah, Hamas, FPLP-CG –, la rivalité s'étend depuis quelques années à une douzaine de groupuscules islamistes plus ou moins armés. L’un d’entre eux, le Fatah al-Islam s’était tristement illustré en 2007, en prenant le contrôle du camp de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban. Mais il existe d'autres groupes radicaux : Jund al-Sham (les soldats de la grande Syrie) ou encore Usbat al-Ansar (la ligue des fidèles). Pour l'heure, officiellement, les organisations palestiniennes installées au Liban ont donné instruction à leurs militants de ne pas réagir à l'offensive israélienne en cours à Gaza, en échos à la position du Hezbollah.

Le Mouvement chiite libanais a fait savoir qu’il n’était pas impliqué dans les tirs de roquettes de jeudi. Au Liban, personne ne semble savoir qui a lancé les katiouchas sur le territoire israélien. Mais partout on minimise la portée du geste pour faire baisser la pression. Le ministre français de la Défense parle d’« un acte de provocation isolé », le gouvernement libanais a condamné les tirs et l’Etat hébreu affirme qu’il n’est pas surpris. Depuis plusieurs jours, Israël surveille attentivement sa frontière nord persuadé que le Hezbollah s’apprête à attaquer, pas directement, précisent les services de renseignement israéliens, mais par l’intermédiaire d’un groupe armée palestinien. Hassan Nasrallah, s’est dit prêt ces derniers jours « à toute nouvelle guerre avec Israël ». Le stade de la rhétorique est-il dépassé ? Des éléments extrémistes cherchent-ils à déstabiliser le Liban ? Le pays du Cèdre n’a visiblement pas envie de se laisser entraîner dans une nouvelle confrontation avec l’Etat hébreu.