Article publié le 11/01/2009 Dernière mise à jour le 12/01/2009 à 06:39 TU
Vendeurs de bois à Sofia, en Bulgarie, où la température a chuté à - 8°, le 11 janvier 2008. La Bulgarie reste très pénalisée par l'arrêt total des livraisons de gaz russe.
(Photo : AFP)
Avec notre correspondant à Moscou, Thierry Parisot
Gazprom perd 120 millions de dollars par jour depuis que les vannes son complètement coupées, ce qui représente une perte nette de 60% de ses revenues depuis mercredi 7 janvier, date à laquelle il a lui-même arrêté toute livraison de gaz à l'Ukraine. Pour une entreprise frappée de plein fouet par la crise financière, ce n'est pas rien.
La logique économique réclamerait plutôt un règlement rapide du conflit et pourtant les autorités russes ne semblent pas pressées. Elles ont rejeté un premier accord élaboré par l'Union européenne et signé par Kiev. Moscou n’a validé que le second texte, qui de l'avis des négociateurs européens n'était pas bien différent du premier. Les autorités russes retardent encore le processus, en annonçant que ce fameux texte ne leur est pas parvenu par les canaux officiels appropriés.
A force de manoeuvres dilatoires, la Russie apparaît une fois encore comme un partenaire peu fiable. Le Premier ministre, Vladimir Poutine, le reconnaît à demi-mots. Mais l'essentiel pour lui, c'est de vaincre l'Ukraine, de prouver aux Européens que cette voie de transit ukrainienne doit être contournée. Il faut un gazoduc direct entre la Russie et l'Europe, explique le Premier ministre, par le nord, sous la Baltique, ou par le sud, sous la mer Noire. Ces projets avancent lentement. Leur déblocage à la faveur de la crise serait pour le Kremlin une victoire.
Les Européens réunis lundi à Bruxelles pour tirer les leçons de la crise du gaz |
Le pire semble avoir été, dans l'urgence, évité. Avec l'accord négocié par la présidence tchèque la voie est ouverte à un retour du gaz russe dans les foyers européens. Après plus de 24 heures de navette entre Moscou et Kiev les médiateurs européens ont obtenu une sortie de crise au moment où l'Europe subit une vague de froid qui rend excessivement concrète sa dépendance vis-à-vis de son fournisseur russe. Déjà il y a trois ans une réduction de 10% des livraisons de gaz russe avait poussé les Européens à réfléchir à une politique énergétique commune. Cette fois-ci les Vingt-Sept devraient être incités à passer davantage aux actes, aussi bien en termes de diversification des fournisseurs et des routes utilisées que de multiplication des ressources énergétiques. Même si ces évolutions extrêmement coûteuses sont difficiles à prévoir en pleine crise économique. En attendant, le gouvernement tchèque pour la première fois aux commandes de l'Union a réussi après quelques couacs son baptême du feu alors que certains redoutaient sa faiblesse et les pays européens ont su organiser entre eux une certaine solidarité à l'égard des plus touchés par la pénurie de gaz. |
A écouter
« Le président Medvedev refuse d'appliquer l'accord, car il conteste une phrase ajoutée à la main par les Ukrainiens [...] Il est urgent que le gaz recircule de nouveau, les mécanismes de solidarité mis en place au niveau européen n'étant pas suffisants. Ce point sera à l'ordre du jour de la réunion des ministres de l'Energie lundi ».
12/01/2009
« Les Tchèques, Topolanek en tête, ont revendiqué un peu tôt l'accord gazier comme une grande victoire [...] Les réticences de la Russie à appliquer l'accord démontrent au contraire le peu de poids de l'Europe et la faiblesse diplomatique de la République tchèque ».
12/01/2009
Sur le même sujet
11/01/2009 à 17:27 TU