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Justice internationale

Audience de confirmation des charges contre Jean-Pierre Bemba

Article publié le 13/01/2009 Dernière mise à jour le 13/01/2009 à 05:48 TU

L'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, à la Cour pénal internationale de La Haye, le 12 janvier 2008.(Photo : Reuters)

L'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, à la Cour pénal internationale de La Haye, le 12 janvier 2008.
(Photo : Reuters)

La Cour pénale internationale a entamé lundi l'examen des accusations qui pèsent contre Jean-Pierre Bemba. Les audiences vont durer jusqu'au jeudi, 15 janvier, et visent à déterminer s'il existe des preuves suffisantes pour ouvrir un procès à l'encontre de l'ancien vice-président congolais. Jean-Pierre Bemba est poursuivi pour des faits commis en République centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003. L'ex-chef rebelle encourt 5 chefs d'inculpation pour crimes contre l'humanité et 5 autres pour crimes de guerre.

Avec notre envoyée spéciale à La Haye, Ghislaine Dupont

Dans une petite salle des sièges sont réservés à des personnalités triées sur le volet. Proches, amis et partisans de Jean-pierre Bemba constituent le grand nombre. François Muamba, le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) a fait le voyage. Le père et la femme de l’ancien chef rebelle sont présents.

Dans les couloirs pendant la pose l’épouse du suspect Bemba tente de faire bonne figure. Le père, lui, ne décolère pas de voir son fils devant la Cour pénal internationale (CPI). Derrière la vitre qui sépare l’assistance du prétoire, son fils aîné écoute le visage crispé les représentants du procureur de la CPI égrainer les éléments à charge fondés sur divers rapports et dépositions des témoins.

L’accusation entend démontrer que les troupes de Bemba envoyées en Centrafrique avaient pour mission de terroriser les civils. Le viol à grand échelle commis sur des femmes, des hommes et des enfants était systématique et planifié affirme le bureau du procureur.

Dupont Ghislaine

Envoyée spéciale à La Haye

«Le viol de femmes, des hommes et des enfants a été utilisé comme une arme de guerre. Pour étayer ses propos, le bureau du procureur de la CPI s'appui sur toute une série de témoignages.»

13/01/2009 par Ghislaine Dupont


La défense qui doit s’exprimer largement ce matin va tenter de battre en brèche la responsabilité personnelle de son client.

Les avocats de Jean-Pierre Bemba ont déjà annoncé qu’ils sont en mesure de contredire la plupart des éléments à charge.

Maître Aimé Kilolo Musamba

Un des avocats de Jean‐Pierre Bemba

«Nous allons reprendre les 10 000 pages qui ont été produites par le bureau du procureur, démontrer en puisant dans ces éléments que nous avons beaucoup plus de témoins à présenter sur chaque critère pour démontrer qu'il n'y a pas eu de crimes contre l'humanité.»

13/01/2009 par Ghislaine Dupont

Leur stratégie devrait tourner autour de trois axes pour démontrer que la responsabilité personnelle et directe de Jean-Pierre Bemba dans les atrocités commises par ses hommes ne peut être mis en cause.

Une journée historique en République centrafricaine

A Bangui, ce ne fut pas une journée comme les autres. D'abord pour les victimes, les dizaines et dizaines de femmes violées par les combattants congolais du MLC de Jean-Pierre Bemba, c'est un formidable espoir que justice soit enfin rendue.

« C'était quelque chose d'inimaginable il y a quelques temps encore, explique l'une de ces femmes, savoir qu'un homme de l'envergure de Jean-Pierre Bemba peut comparaître devant des juges aujourd'hui. Même si c'est pour une simple audience de confirmation des charges, il était devant ses juges », insiste cette femme qui préfère garder l'anonymat.

Car à Bangui comme en province, les victimes ont peur. Beaucoup ont été menacées, certaines ont même été agressées. Le mois dernier, une femme a été passée à tabac. Avant de la rouer de coups, ses agresseurs lui ont demandé le numéro de la CPI, puis ont arraché son téléphone portable.

Aujourd'hui, les différentes associations de victimes dénoncent l'insuffisance des mesures de protection des témoins en Centrafrique d'autant que parallèlement à la procédure à l'encontre de Jean-Pierre Bemba, la Cour pénale internationale poursuit son enquête sur les co-auteurs des crimes dont on accuse l'ancien vice-président congolais.

« Cette journée est historique. C'est la première fois que quelqu'un comparaît pour ce qu'il a fait dans notre pays, affirmait hier un défenseur des droits de l'homme avant de conclure, on ne peut pas imaginer que les charges ne soient pas confirmées ».