L’attaquant ghanéen aborde avec sérénité la demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans face à l'Afrique du Sud. Le contrat est rempli pour les « Black Satellites » qualifiés pour la Coupe du monde juniors 2009, en Egypte. André Ayew se dit fier de porter ce maillot, même se le joueur de Marseille prêté à Lorient porte régulièrement celui des séniors. Témoignage au micro de Christophe Jousset, l’envoyé spécial de RFI au Rwanda.
André Ayew (1ère partie)
Capitaine de l'équipe du Ghana juniors
Avec la qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans et le Mondial 2009 en Egypte, les objectifs du Ghana sont atteints…
C’est vrai que la qualification était notre objectif principal. On a les joueurs pour avec un bon effectif qui nous a permis d’être qualifiés pour la Coupe du monde. Maintenant, on espère réaliser une performance en Egypte, en septembre et octobre prochain.
C’est une CAN juniors pourtant très relevée, avec un très bon niveau.
Oui, c’est vrai que le niveau est très relevé. C’est d’ailleurs une excellente chose pour nous, jeunes joueurs. J’avais déjà joué la Coupe d’Afrique des nations 2008 chez nous, au Ghana. Le niveau était excellent car il n’y avait que des professionnels. Le niveau ici n’est pas si éloigné. Et puis être au Rwanda avec les juniors, c’est une grande fierté.
N’est-ce pas paradoxal justement de jouer une CAN séniors, puis une CAN juniors ?
Oui, mais ça n’est pas du tout un problème. Je suis très jeune et je joue avec les sélections juniors, olympiques et A. Je m’y plais bien à chaque fois. C’est une chance pour moi d’évoluer ainsi un peu partout. Je prends ça avec beaucoup de plaisir et j’espère que ça durera jusqu’à un certain moment.
Quelles sont les différences entre les deux CAN ? Y a-t-il moins de pression chez les juniors ?
Non, car les Ghanéens attendent beaucoup de nous parce qu’on a une bonne équipe. Du coup, il y a pas mal de pression. Pour moi, cette CAN est importante car j’ai beaucoup de responsabilités tant que capitaine. Ces responsabilités sont une bonne chose car elles me font progresser en tant que joueur.
Avez-vous eu des problèmes au moment d’être libéré par votre club Lorient (France) pour cette CAN juniors ?
Ça a été assez compliqué. J’ai beaucoup discuté avec les dirigeants de Lorient. Mais on a réussi à trouver un arrangement. C’est vrai que ça a été sympathique de leur part de me libérer pour cet événement. Car rien ne les y obligeait. Discuter ainsi leur a permis de comprendre mon point de vue, pourquoi je tenais tant à venir ici.
Et pourquoi teniez-vous à être présent à cette compétition ?
Parce que mon pays compte beaucoup sur moi ! Que ce soit les gens, les joueurs et les dirigeants. J’ai des responsabilités à assumer. Plus qu'en club. Et puis, tout le monde aimerait être en équipe nationale. Alors quand on a la chance d’y jouer, il faut en profiter. Car on vieillit vite et après il n’y aura plus de CAN juniors. Ce genre d’événement ne se présente qu’une fois dans la vie.
Cela nécessite-t-il la même concentration que chez les séniors ?
Ça n’est pas du tout pareil car ça dépend aussi de l’entraîneur. Notre coach, Sellas Tetteh, est assez calme car il a dirigé aussi les « Black Stars »
(en tant qu'adjoint, Ndlr). Ça se passe bien avec lui et il y a une grosse concentration. Et comme beaucoup de joueurs évoluent en Europe, on sait comment ça marche et on essaie de mettre dans le bain ceux qui n’y jouent pas encore.
André Ayew (2e partie)
Capitaine de l'équipe du Ghana juniors
Est-ce qu’il y a une différence entre les générations juniors et séniors ?
Oui, évidemment. Même en étant régulièrement appelé chez les A, j’y reste un jeune joueur venu pour progresser. Chez les juniors, en revanche, je suis un joueur confirmé, qui est là pour tirer le groupe vers le haut. Donc, ça n’est pas du tout pareil. Après ça reste l’équipe nationale du Ghana, avec tout un pays derrière nous.
Le fait que cette CAN juniors ait lieu dans un pays tel que le Rwanda a-t-il une signification particulière à vos yeux ?
Oui et c’est une très bonne chose pour des pays qui ont connu de telles difficultés par le passé. Aujourd’hui, le Rwanda est en reconstruction. C’est un très beau pays qu’on découvre. Cette CAN permet d’ailleurs à beaucoup d’étrangers de découvrir un pays aussi agréable.
Vous êtes prêté par l’Olympique de Marseille à Lorient. Quelle est votre situation actuelle en club ?
J’appartiens toujours à l’Olympique de Marseille et j’ai même prolongé avec l’OM il y a un ou deux mois. J’ai signé un nouveau contrat de quelques années supplémentaires. C’est une bonne chose pour moi. Aujourd’hui, je suis bien à Lorient et ça me permet de jouer plus. On verra bien où cela me mènera à la fin de saison.
Vous ne regrettez pas votre choix ?
Pas du tout ! Je travaille sous les ordres d’un très bon coach, Christian Gourcuff. Il me fait progresser y compris à titre personnel. Et j’ai du temps de jeu en Bretagne.
Qu’allez-vous faire à la fin de la saison : repartir vers le Sud ?
Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. On prendra une décision en juin.
La CAN juniors attire de nombreux recruteurs. Certains vous ont-ils approché ?
Oui, comme d’habitude ! Plusieurs m’ont approché parce qu’ils me connaissent déjà. Mais je ne fais pas attention à tout ça. J’essaie de faire les meilleurs matches possibles. Ça n’est pas comme si je recherchais un club, car j’évolue déjà dans une grande équipe et je me concentre pour l’heure sur ce que je peux faire pour mon pays. Le plus important à titre personnel, c’est de progresser à Lorient, bien jouer pour mon pays et de retourner à Marseille en fin de saison.
Tous propos recueillis par Christophe Jousset à Kigali