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France

Grève : le grand test social

par Myriam Berber

Article publié le 28/01/2009 Dernière mise à jour le 29/01/2009 à 10:29 TU

La journée nationale de grèves et de manifestations organisée jeudi 29 janvier 2009 devrait être très suivie dans les transports. La RATP prévoit un trafic fortement perturbé pour le métro parisien.(Photo : Reuters)

La journée nationale de grèves et de manifestations organisée jeudi 29 janvier 2009 devrait être très suivie dans les transports. La RATP prévoit un trafic fortement perturbé pour le métro parisien.
(Photo : Reuters)

L'ensemble des syndicats ont appelé, ce jeudi, les salariés à se mobiliser contre la politique gouvernementale face à la crise. Grèves et  manifestations sont prévues dans tout le pays et l’ensemble du service public est touché. Le mouvement pourrait également être suivi par le privé. Ce « jeudi noir » constitue un test pour le monde syndical uni dans l’appel à la grève et qui demande des mesures pour l'emploi et le pouvoir d'achat. Mais le gouvernement exclut toute relance par la consommation.

La journée d’action du 29 janvier risque de paralyser toute la France, plusieurs dizaines de manifestations sont prévues à Paris et en Province. Enseignants, cheminots, fonctionnaires, agents de l’audiovisuel mais aussi salariés des banques et de l’automobile devraient défiler dans les rues des grandes villes pour réclamer « des mesures urgentes en faveur de l’emploi et du pouvoir d’achat ». L’ensemble des syndicats (CGT, CFDT, FO, FSU, CFTC, CFE-CGC, UNSA et Solidaires) appellent jeudi à faire grève.

Francis Perrin, délégué CFDT du site ArcelorMittal de Montataire, au nord de Paris

« On appellera à trois jours de grève pour ceux qui veulent se pointer en grève. »

28/01/2009 par Laurent Berthault


De fortes perturbations sont à prévoir dans les bureaux de postes, les centres des impôts, l’assurance maladie, dans les guichets du nouveau Pôle Emploi ou bien encore dans les tribunaux. Côté enseignants, les cinq fédérations de l’Education nationale ont toutes relayé l’appel à la grève. Une école sur deux devrait être fermée. Dans les écoles primaires, le service minimum d’accueil sera mis à l’épreuve. Comme l’exige la loi du 21 juillet 2008, le service minimum d’accueil (SMA) devrait être mis en place afin que les enfants soient accueillis par les mairies. Quant aux hôpitaux publics, ils vont essentiellement assurer les services d’urgence.

Valérie Dervieux, déléguée régionale de l'Union syndicale de la magistrature

« Nous dénonçons une tentative de reprise en main de la justice et des magistrats au travers d'atteintes répétées à leur indépendance. »

28/01/2009 par Caroline Vicq


Mobiliser les salariés du privé

Mais une fois encore, c’est dans le secteur des transports que les difficultés devraient être les plus importantes pour les usagers. Six TGV sur dix seront en circulation sur le réseau SNCF. Pas beaucoup de métros et d’autobus à la RATP. Des perturbations sont également attendues dans le secteur aérien. Les six syndicats des aiguilleurs du ciel se joignent à cette grève interprofessionnelle. Selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), 70 % des vols au départ ou à l’arrivée des aéroports seront annulés.

Dans l’audiovisuel public, déjà mobilisé par la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques, la grève devrait être largement suivie. L’audiovisuel extérieur est également concerné. Les personnels de Radio France Internationale sont inquiets pour les licenciements et sur les modalités de rapprochement avec la chaîne de télévision France 24. La participation des salariés du secteur privé devrait être importante. Les appels à la grève pourraient notamment être suivis dans les banques, la grande distribution, les centres d’appels et la construction automobile.

Les Français favorables à la grève

Pour le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, « la mobilisation sera sans équivalent depuis longtemps ». Même constat à Force ouvrière où le secrétaire général Jean-Claude Mailly déclare vouloir donner « le sentiment que le pays est bloqué pendant une journée ». Ce « jeudi noir » constitue un test pour le monde syndical divisé sur les réformes du gouvernement, par exemple la CFDT a été la seule a signé le texte sur l'assurance chômage la semaine dernière.  Il s’agit de la première action concertée de tous les syndicats depuis l’éclatement de la crise financière. Bon nombre de syndicalistes estiment qu’il faudra mesurer cette journée à l’aune des défilés anti-CPE de 2006, qui avaient rassemblé plus de 1 à 2,6 millions de manifestants. « Si le gouvernement ne répondait pas à une forte mobilisation, il serait irresponsable », a prévenu Jean-Claude Mailly. Et de rappeler le rendez-vous intersyndical du 2 février pour décider des suites à donner au mouvement.

Grève de jeudi : réactions des socialistes et de l'UMP

« Les Français, jeudi, vont montrer qu'ils n'entendent pas être les grands perdants d'une crise mondiale dont ils ne sont pas les responsables. »

28/01/2009 par Valérie Gas


Cette journée d’action soutenue par les partis de gauche, d’extrême gauche et nombre d’associations recueille l’adhésion de l’opinion publique. Selon une enquête réalisée par BVA-Orange-Express, 69% des Français la trouvent « justifiée ». Face à une grève qui s’annonce très suivie, le gouvernement joue la prudence. Mais l'exécutif n'entend pas pour autant infléchir sa politique. « Je comprends les inquiétudes des Français » mais il ne faut « pas arrêter le mouvement des réformes », a déclaré, mardi, le président Sarkozy lors d’un déplacement à Châteauroux. Comme le chef de l’Etat, le Premier ministre s’est voulu rassurant. « Il est normal que les Français soient inquiets et c'est normal que ceux qui souhaitent défiler, défilent », a jugé François Fillon, mais il a prévenu que les manifestants ne devaient pas s’attendre à « un geste de la  part du gouvernement ».