par Myriam Berber
Article publié le 30/01/2009 Dernière mise à jour le 02/02/2009 à 08:00 TU
Le groupe d'électricité EDF a la charge de la réalisation du premier EPR situé à Flamanville dans la Manche. Ce réacteur doit être mis en service en 2012.
(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy avait annoncé en juillet 2008 le lancement d’un second réacteur nucléaire français de nouvelle génération. On sait désormais que c’est à Penly en Seine-Maritime que sera construit le nouvel EPR. C’est l’opérateur EDF qui a remporté la bataille, il sera accompagné de GDF-Suez et du groupe pétrolier Total, associés minoritaires. Le chantier devrait débuter en 2012 pour un raccordement au réseau en 2017. « Ce soutien conforte la stratégie industrielle engagée sur le long terme dans le développement de moyens de production sans CO2 », s’est félicité, vendredi, le PDG d’EDF Pierre Gardonneix qui a souligné une « excellente nouvelle pour l’ensemble de la filière nucléaire et pour l’emploi en France ».
Un argument contesté par le réseau "Sortir du nucléaire" : « Des études montrent que les économies d’énergie et les énergies renouvelables créent jusqu’à 15 fois plus d’emplois que le nucléaire. Le projet de construire de nouveaux EPR n’est donc pas seulement irresponsable sur le plan environnemental, il est aussi absurde sur le plan économique ». Pour "Sortir du nucléaire", cette décision détourne le pays de ses objectifs : « L’Etat français s’était engagé à atteindre 20% d’énergies renouvelables en 2020 lors de la conférence de Poznan, en décembre dernier ». Ce réseau qui représente 840 associations, se réunit ce week-end à La Rochelle pour « organiser la résistance citoyenne ». Il s’apprête à attaquer en justice les autorisations de construction de l’EPR à Penly.
Porte-parole de l’association écologiste « Sortir du nucléaire »
« Au bout de cinquante ans d’investissement, le nucléaire en France emploie moins de cent mille personnes, donc sur le plan économique c’est un échec. Puis, on a vu aussi cet hiver pendant la vague de froid, que la France avait besoin de production de pointe comme on dit, ce que le nucléaire ne peut absolument pas fournir. »
L’EPR, une technologie franco-allemande
L’association Greenpeace dénonce également une décision « contraire aux engagements du Grenelle de l’environnement ». Rappelant que la feuille de route adoptée à l'automne 2008 par le gouvernement et le monde de l’écologie donnait la priorité absolue aux économies d'énergie et au développement des énergies renouvelables, Yannick Rousselet de Greenpeace France estime que « ce deuxième EPR est le signe qu’en France, on privilégie la consommation tous azimuts et non l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables ».
L’EPR (European Pressurised water Reactor) est issu d'une technologie franco-allemande développée par le géant français de l’atome Areva. Comme la plupart des centrales nucléaires actuellement dans le monde, l’EPR utilise l’eau sous pression pour véhiculer l’énergie dégagée par la réaction nucléaire. Plus puissant (1 650 mégawatts) que les réacteurs datant des années 1980, l'EPR produit 22% d’électricité en plus et 30% de déchets radioactifs en moins qu’un réacteur standard.
GDF Suez légitime pour un 3ème EPR, selon l’Elysée
Les réacteurs nucléaires EPR devront à terme remplacer les 54 centrales existantes, toutes exploitées par EDF. L’électricien français, dont l’expertise nucléaire n’est plus à démontrer, a la charge de la réalisation du premier EPR situé à Flamanville dans la Manche qui doit être mis en service en 2012. Un chantier qui devrait toutefois coûter plus cher que prévu puisque la facture va s'élever à 4 milliards d'euros contre les 3,3 milliards prévus initialement.
L’arrivée de nouveaux acteurs, comme GDF Suez, inquiète certains syndicats. Le 29 janvier 2008, la CGT redoutait que le nucléaire devienne l’enjeu de batailles : « Le parc nucléaire français ne peut être exploité que par une entreprise publique, c’est-à-dire par le groupe d’électricité EDF ». « Les Français acceptent le nucléaire car ils bénéficient en retour de tarifs bon marché. Cet avantage n’est possible qu’avec des prix régulés », estime Frédéric Imbrecht, secrétaire général de la fédération nationale CGT Mines et de l’Energie, alors que le groupe privé GDF Suez devrait se voir confier le troisième EPR. « Dans la perspective du développement ultérieur de la filière, précise le communiqué de l’Elysée, l’Etat reconnaît la volonté de GDF Suez d’assumer la maîtrise d’ouvrage et l’exploitation de l’EPR suivant ». Le groupe GDF Suez né le 22 juillet 2008 après deux ans et demi de fiançailles entre GDF et Suez, s’est engagé à détenir et exploiter des unités nucléaires de nouvelle génération à l’horizon 2020.