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Espagne

Vers un chômage de masse

par Myriam Berber

Article publié le 03/02/2009 Dernière mise à jour le 03/02/2009 à 23:29 TU

Devant un centre pour l'emploi à Madrid, le 3 février 2009.( Photo : Reuters )

Devant un centre pour l'emploi à Madrid, le 3 février 2009.
( Photo : Reuters )

Le pays, dont l’économie est en plein ralentissement, a vu son taux de chômage augmenter une nouvelle fois en janvier 2009, pour atteindre 13,9% de la population active, un record européen. Fondée sur des secteurs peu productifs et faibles pourvoyeurs d’emplois, comme le bâtiment, l’économie espagnole subit de plein fouet la crise.

L’Espagne a connu une hausse record, avec près de 200 000 nouveaux demandeurs d’emploi en janvier 2009. Cela porte le total à 3,3 millions sur une population totale de 45 millions d’habitants. Du jamais vu depuis 1996. Selon les calculs de l’Institut espagnol des statistiques (INE), le taux de chômage s’établit à 13,9% de la population active, soit le niveau le plus élevé de l’Union européenne. Le taux de chômage moyen est de 7,2% pour l’ensemble des Vingt-Sept. Et la situation ne devrait pas s'arranger. Selon les prévisions du gouvernement espagnol, le taux de chômage pourrait passer à 19% en 2010.

Les immigrés, premières victimes

Après plus de dix ans de forte croissance économique, alimentée en grande partie par la spéculation immobilière et le crédit facile, l’Espagne a brutalement plongé dans la crise économique en 2008. Le secteur du bâtiment, jusqu’ici principal moteur de l’économie, est le plus touché, avec 324 000 nouveaux demandeurs d’emplois en an. Les services et l’industrie sont également durement affectés. Dans le secteur automobile, les constructeurs installés dans le pays multiplient les mesures de chômage technique et les réductions d’effectifs. Les travailleurs précaires et les immigrés en sont les premières victimes. Un tiers des salariés en Espagne ont un contrat à durée déterminée. Le taux de chômage de la main d’œuvre étrangère est de 22%.

Dans ce contexte, le plan de relance de Madrid de 11 milliards d’euros a pour objectif principal de freiner les suppressions d’emplois. Selon le Premier ministre José-Luis Zapatero, il devrait permettre la création de 300 000 emplois à partir du printemps prochain. Pour relancer l’emploi, une enveloppe de 8 milliards d’euros sur ces 11 milliards est consacrée à l’investissement public municipal via la réalisation de travaux d’infrastructures : réhabilitation d’immeubles, d’équipements collectifs (casernes, commissariats, bibliothèques). 

Sévère dégradation de l’économie

Outre les garanties apportées au système financier, les autres bénéficiaires du plan espagnol sont les particuliers et les entreprises, avec des mesures d’allègement fiscal. Le secteur automobile bénéfice également d’un certain nombre d’aides ciblées. Une enveloppe de 800 millions d’euros est consacrée à ce secteur ébranlé par la crise. Autre initiative pour créer des emplois : le versement de 1500 euros par an à toute entreprise qui embauche en contrat à durée indéterminée un chômeur ayant charge de famille.

L’avenir de l’Espagne est très inquiétant. L’agence de notation américaine Standard et Poor's a abaissé, fin janvier, la note de crédit à long terme du pays. La dette publique devrait représenter jusqu’à 60% du produit intérieur brut à l’horizon 2011, contre 36% fin 2007, estime Standard et Poor's. Les inquiétudes de l’agence de notation s’ajoutent aux prévisions de la Commission européenne qui prévoit pour 2009 une récession de 2% du PIB espagnol. En 2008, la croissance était de 1,1%.