par RFI
Article publié le 04/02/2009 Dernière mise à jour le 04/02/2009 à 21:11 TU
Saïd Tallil Ahmed, le directeur de la radio Horn Afrika, a été assassiné ce mercredi à Mogadiscio. Des inconnus lui ont tiré une balle dans le cœur alors qu'il se rendait à une conférence de presse des milices radicales Shebabs. C'est le deuxième journaliste assassiné en Somalie depuis le début de l'année. Le pays est en guerre civile depuis le renversement du président Siad Barré en 1991.
Saïd Tallil Ahmed était en train de traverser à pied le grand marché de Bakara à Mogadiscio lorsqu'il a été atteint par des tirs. Alors qu'il s'écroulait, deux hommes armés se sont approchés et l'ont achevé d'une balle dans le cœur. Les tueurs ont ensuite voulu s'en prendre aux autres journalistes présents à ses côtés, mais ceux-ci ont eu le temps de s'enfuir.
Saïd Talil Ahmed et plusieurs autres directeurs de radios étaient invités à une conférence de presse par des responsables de la milice radicale Shebabs et c'est sur le chemin qu'ils ont été attaqués. On ignore tout de l'identité des tueurs et personne n'a revendiqué cet acte. Le directeur de Horn Afrik était un journaliste expérimenté et respecté à Mogadiscio où il faisait figure de pionnier de la presse privée.
Il y a un an, le président de la Horn Afrik, Ali Iman Sharké avait été tué dans un attentat à la bombe alors qu'il revenait de l'enterrement d'un autre directeur de radio assassiné par balles le même jour. A la même époque, le directeur de radio Shabelle était tué par des inconnus. Saïd Talil Akhmed est le deuxième journaliste assassiné depuis le début de l'année, après la mort d'un reporter de radio Shabelle, le premier janvier 2009, à Afgoye, à 30 kilomètres de Mogadiscio.
En août 2008, le correspondant de la BBC à Kismayo, dans le sud du pays, avait été assassiné dans des circonstances similaires. Deux journalistes, un Canadien et un Australien, enlevés en août dernier près de la capitale, sont toujours otages de leurs ravisseurs. Un journaliste britannique et un photographe espagnol enlevés en novembre dans la région autoproclamée autonome du Puntland, au nord-est de la Somalie, ont été libérés par leurs ravisseurs, début janvier 2009, après cinq semaines de captivité.
L’organisation Reporters sans frontières (RSF) basée à Paris, a exprimé ce mercredi sa « profonde révolte » après l'assassinat de Saïd Tahlil Ahmed. L'association juge « indispensable » que les autorités somaliennes « s'engagent publiquement à tout faire pour combattre les milices armées qui terrorisent la population et qui s'attaquent depuis de nombreuses années aux figures de la société civile ».
Dans son rapport de 2008, RSF souligne que la Somalie, « territoire sans gouvernement stable depuis 1991 », est « le pays le plus meurtrier d’Afrique pour les journalistes ». Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, s’est déclaré choqué par l’assassinat de Saïd Talil Akhmed et a pressé la future administration somalienne du président nouvellement élu, Sheik Sharif Sheik Ahmed, de garantir la liberté de la presse et de « faire tous les efforts possibles pour protéger les journalistes ».
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