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12e Sommet de l'Union africaine

Une Union qui divise

Article publié le 05/02/2009 Dernière mise à jour le 05/02/2009 à 15:37 TU

Le 12e sommet de l'Union africaine s'est finalement terminé 24 heures plus tard que prévu, c'est pourtant un accord a minima qui en est ressorti : la Commission de l'Union (l'organe exécutif) s'appelle désormais Autorité de l'Union. De fait les projets du nouveau président de l'UA, Mouammar Kadhafi, divisent le continent.

Le Colonel Kadhafi a quelque peu surpris son auditoire à la clôture du sommet ce mercredi en faisant dans son discours l'éloge de Barack Obama. ( Photo : Simon Maina/AFP )

Le Colonel Kadhafi a quelque peu surpris son auditoire à la clôture du sommet ce mercredi en faisant dans son discours l'éloge de Barack Obama.
( Photo : Simon Maina/AFP )

Avec nos envoyés spéciaux à Addis Abeba, Jean-Karim Fall et Christophe Boisbouvier

Il y a un réel blocage, et au fil des années une nouvelle carte de l’Afrique se dessine. Celle des partisans d’une Union à marche force, et celle des adeptes de la prudence qui préfèrent conforter les ensembles régionaux et préserver leur souveraineté.

De Pretoria à Kampala en passant par Addis Abeba et Abuja, le club des souverainistes se renforce. Dans ces capitales on parle d‘abord intégration économique et ensuite des Etats-Unis d’Afrique. Le très réaliste Premier ministre éthiopien a prédit des jours sombres pour l’Afrique en raison de la crise économique et du réchauffement climatique. « Si nous n’agissons pas maintenant, plusieurs de nos Etats vont s’effondrer », a-t-il déclaré.

Dans l’autre camp, l’Union est présentée comme remède aux maux du continent ; les pays d’Afrique de l’ouest à l’exception du Nigeria s’alignent, parfois à contre-coeur, sur la vision du colonel Kadhafi.

Entre des deux camps, l’Afrique centrale et le Maghreb se retrouvent en position d’arbitres.

Depuis quelques mois, quelques pays d’Afrique centrale, et non des moindres, ont rejoint le camp des souverainistes, modifiant ainsi le rapport de forces, selon de sources diplomatiques, les partisans des Etats-Unis d’Afrique avaient même préparé un projet d’Union comprenant les noms d’une vingtaine de pays. Ce projet est resté dans les cartons - mais jusqu'à quand ?   

Analyse : les mauvais scénarios des sommets de l'UA

« De sommet en sommet les mêmes polémiques reviennent, car jamais le fossé n'a été aussi profond entre fédéralistes et souverainistes...»

05/02/2009 par Jean-Karim FALL

La lente persuasion du roi des rois

L’homme qui se fait maintenant appeler « Roi des rois » fait sourire beaucoup  de monde, mais en Afrique, le colonel Kadhafi est pris au sérieux.

D’abord, il exerce grâce à ses pétrodollars une vraie influence sur les rébellions de la zone sahélo-saharienne. On connaît ses relations anciennes avec les Toubous au Tchad et les Touaregs au Niger et au Mali, on sait moins qu’il est en contact suivi avec les rebelles du Darfour. Le président soudanais Omar el-Béchir le soupçonne même d’avoir équipé le MJE avant son fameux raid éclair sur Omdurman en mai 2008.

Contrairement aux apparences le numéro un libyen a de la suite dans les idées. Voilà déjà 10 ans que le Colonel a renoncé à une grande politique arabe, et a redéployé sa diplomatie vers le Sud, vers l’Afrique. Bien sûr, son projet des Etats-Unis d’Afrique avance lentement, très lentement, mais il avance. Et à force de répéter la même force depuis 10 ans, le Colonel a fini par convaincre beaucoup d’Africains qu’il était sincère. La politique de Kadhafi sur le continent est faite d'un mélange de menaces et de séduction, et ça marche.