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Somalie / Piraterie

Le cargo ukrainien «Faina» libéré contre rançon

par  RFI

Article publié le 05/02/2009 Dernière mise à jour le 06/02/2009 à 00:57 TU

Le cargo ukrainien <i>Faina</i>.(Photo : Reuters)

Le cargo ukrainien Faina.
(Photo : Reuters)

Le cargo ukrainien Faina, détenu par des pirates somaliens, a été libéré jeudi. Ce sont les autorités ukrainiennes qui l'ont affirmé, après que les pirates eurent obtenu le paiement d'une rançon de près de 2,5 millions d'euros. Les pirates ont confirmé avoir reçu cette somme qui leur aurait été larguée par parachute. Au moment de son interception, le 25 septembre 2008, le cargo transportait un important chargement militaire, composé notamment de dizaines de chars d’assaut d’origine soviétique. Il avait à son bord 21 membres d’équipage, parmi lesquels dix-sept Ukrainiens, trois Russes et un Letton. Le capitaine est décédé de maladie quelques jours après l’attaque. Le navire, battant pavillon du Belize, doit partir vendredi matin vers le port kényan de Mombasa,  protégé par la marine américaine. Tous les pirates sont rentrés à terre par petits groupes, ce qui a retardé l’issue de cette affaire.

3,2 millions de dollars, c'est le montant de la rançon qui a été versée. Le dénouement de cette affaire de piraterie ressemble à un vrai scénario de cinéma. Selon des sources proches des pirates, la rançon leur a été larguée mercredi en début d’après-midi dans une mallette, par parachute, sur le pont du navire. Les pirates avaient fini par revoir leurs exigences à la baisse au fil du temps. Au début, ils réclamaient 35 millions de dollars pour relâcher le cargo ukrainien, transportant une cargaison sensible : 33 chars d'assaut T-72, des lance-grenades et des tonnes de munitions. Au moment de la capture du navire, il y a eu toute une polémique sur la destination de ces armes. Le Kenya disait les avoir achetées pour son armée, mais d'après des diplomates étrangers, les armes devaient en fait transiter par le Kenya pour être livrées au Sud-Soudan.

La rançon a été larguée au navire <em>Faina</em> au large des côtes somaliennes, près de Hobyo. (Photo : US Naval Forces)

La rançon a été larguée au navire Faina au large des côtes somaliennes, près de Hobyo.
(Photo : US Naval Forces)

Soulagement en Ukraine

Selon les autorités de Kiev, le cargo se préparait jeudi matin à partir pour Mombasa, au Kenya, escorté par la marine américaine apparemment avec son chargement et son équipage : 21 marins ukrainiens et russes. Mikhaïl Voitenko, porte-parole du propriétaire joint par RFI, a déclaré qu’une centaine de pirates étaient à bord du Faina mercredi soir. Tous sont retournés à terre par petits groupes, de peur d'être arrêtés par l'armée américaine qui surveillait le cargo. L'US Navy a confirmé jeudi soir qu'il ne restait plus un pirate à bord. D'après le porte-parole du propriétaire, le navire partira vendredi et devrait mettre trois jours pour atteindre le port kényan où il y déchargera comme prévu sa cargaison.

Les membres de l’équipage devront donc pouvoir rentrer au port, mais sans leur capitaine, Vladimir Kolobkov de nationalité russe, qui est mort d'hypertension quelques jours après la prise d'otage. Cette libération a été accueillie comme un soulagement en Ukraine : un soulagement pour les familles des 17 marins ukrainiens détenus à bord pendant plus de quatre mois, mais aussi pour les autorités de Kiev. Ces 4 mois et 10 jours de captivité pour les marins du Faina auront été également une longue période de tension et d'embarras pour le gouvernement ukrainien. Et le soulagement affiché par le président Iouchtchenko, jeudi matin, quand il a lui-même officialisé la libération du navire, en dit long : cette affaire du Faina, les Ukrainiens ne sont pas mécontents de la voir prendre fin. Bien sûr, la pression et l'incompréhension des familles se faisaient de plus en plus fortes à mesure que le temps passait.

Une cargaison embarrassante

Mais c'est surtout le poids politique de ce dossier Faina qui embarrassait Kiev. La cargaison du navire est issue des stocks ukrainiens de l'armée soviétique. Avec les soupçons qui ont flotté sur la destination africaine de cette cargaison, l'Ukraine a eu bien du mal à se justifier, quand la prise du navire par les pirates a mis en lumière cet embarrassant commerce.

Depuis le début de l'année, les pirates somaliens ont capturé trois bateaux dans le golfe d'Aden. Ils ont relâché, début janvier, le superpétrolier saoudien Sirius Star après le parachutage d'une rançon de 3 millions de dollars.

En 2008, environ 140 navires étrangers ont été attaqués et les actes de piraterie dans la région ont augmenté de près de 200% par rapport à 2007, selon le Bureau maritime mondial (BMI). Les pirates se sont rendus maîtres de 42 bâtiments, un record qui a fait du golfe d'Aden le point de transit maritime le plus dangereux au monde et conduit au déploiement d'une vingtaine de bâtiments de guerre de 14 pays pour assurer la sécurité. Beaucoup d'armateurs ont décidé de boycotter le golfe d'Aden, qui mène au nord au canal de Suez, et optent pour le contournement de l'Afrique via le cap de Bonne-Espérance.