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France/Automobile

Six milliards d'euros pour sauver Renault et PSA

par Mounia Daoudi

Article publié le 09/02/2009 Dernière mise à jour le 09/02/2009 à 23:25 TU

Après des semaines d’intenses tractations, le gouvernement a finalement dévoilé lundi son plan de soutien au secteur automobile français malmené par la crise du crédit. Les deux grands constructeurs, Renault et PSA Peugeot-Citroën, vont notamment bénéficier de prêts à taux préférentiel pour un montant global de six milliards d’euros. Renault Trucks, la filiale du suédois Volvo spécialisée dans la construction de poids lourds, va également obtenir un prêt aux mêmes conditions de cinq cents millions d'euros. En contrepartie, les deux constructeurs français s’engagent à maintenir la production dans l’Hexagone et à soutenir leurs équipementiers très touchés par la chute ces derniers mois des ventes de voitures en France.

Christian Streiff, PDG de PSA Peugeot-Citroën (d), et  Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault (g) lors de leur rencontre avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le 9 février 2009.(Photo : AFP)

Christian Streiff, PDG de PSA Peugeot-Citroën (d), et Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault (g) lors de leur rencontre avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le 9 février 2009.
(Photo : AFP)


Après le plan de sauvetage des banques, l’Etat vient donc de voler au secours de la filière automobile, poids lourd de l’économie française, qui emploie directement ou indirectement au moins 10% de la population active.

Le Pacte automobile signé lundi à l’Elysée confirme ainsi le déblocage par le gouvernement de prêts au taux préférentiel de 6% – soit moitié moins que ceux actuellement pratiqués par les banques – et pour une durée de cinq ans. Ces prêts, trois milliards pour Renault et trois milliards pour PSA Peugeot Citroën, vont permettre aux deux groupes ainsi qu’à Renault Truck – qui obtient également un prêt de 500 millions d’euros – de financer leurs investissements dans les technologies moins consommatrices en CO2.

Outre ces prêts de l'Etat, le Pacte automobile prévoit également le doublement à deux milliards d'euros du soutien aux filiales de crédits des deux constructeurs français qui permettent de financer les achats de voitures. Il confirme enfin une augmentation substantielle de l'aide aux sous-traitants de la filière automobile à travers le fonds sectoriel de soutien aux équipementiers annoncé par Nicolas Sarkozy à Douai en décembre dernier. Ce fonds, déjà doté de 300 millions d’euros, va désormais bénéficier de 300 millions de plus. En tout, ce sont donc 7,8 milliards d’euros que l’Etat met sur la table pour aider le secteur automobile à faire face à la crise.

Pas de chèque en blanc

Mais comme l’a indiqué à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy, ce renflouement public ne se fera pas sans contrepartie. Car il n’est pas question pour le chef de l’Etat de venir en aide à des entreprises qui iraient ensuite délocaliser leur production hors de l’Hexagone.

Le Pacte automobile prévoit donc le maintien des sites de production en France pendant au moins la durée des prêts accordés par l’Etat. Mais ce maintien des usines d’assemblage ne signifie pas forcément qu’il n’y aura pas de licenciements. Christian Streiff, le PDG de PSA Peugeot-Citroën, a ainsi confirmé que son groupe ne mettrait pas en place de plan social en 2009, mais il a refusé de s’engager pour les années suivantes.

En revanche, l'Elysée a obtenu satisfaction sur le dossier des rémunérations et des dividendes. Comme les dirigeants des banques qui ont bénéficié du soutien de l'Etat, les patrons du secteur automobile et leurs proches collaborateurs vont devoir réduire nettement la part variable de leur rémunération. En clair, il n’y aura pas de bonus, au moins pour cette année. Quant aux dividendes versés aux actionnaires, l'Etat a obtenu des constructeurs qu’ils soient en priorité affectés aux investissements et aux fonds propres de l’entreprise.

Les mesures annoncées lundi viennent s'ajouter aux deux coups de pouce du gouvernement de décembre qui portaient sur un milliard d'euros accordé aux filiales de crédit des constructeurs, et sur la prime à la casse de 1 000 euros pour tout acheteur d'une voiture particulière, si celui-ci met au rebut un véhicule de plus de dix ans.

Jusqu'à présent, ces aides n'ont toutefois pas permis d'endiguer la crise qui frappe le secteur automobile depuis l'été 2008, et qui a conduit, en fin d’année, à des fermetures temporaires d’usines en France. En janvier, les ventes de voitures ont encore reculé de 7,9%, après des chutes de près de 15% en novembre et en décembre.


Patrick Pélata, directeur général délégué de Renault

« Dans la négociation avec le gouvernement et compte tenui des efforts qui sont faits des deux côtés, nous avons pris l'engagement de ne pas avoir de plan social. »

09/02/2009 par Mounia Daoudi

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