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Madagascar

Rajoelina n’a pas installé ses «ministres»

par  RFI

Article publié le 16/02/2009 Dernière mise à jour le 16/02/2009 à 23:09 TU

Un partisan d'Andry Rajoelina avec son portrait, lors des affrontements avec les forces de sécurité à Antananarivo , le 16 février 2009.(Photo : AFP)

Un partisan d'Andry Rajoelina avec son portrait, lors des affrontements avec les forces de sécurité à Antananarivo , le 16 février 2009.
(Photo : AFP)

La capitale malgache a connu, ce lundi, une journée assez agitée. Quelques milliers de partisans d'Andry Rajoelina, le maire destitué de la capitale, déterminés à installer les « ministres » nommés par le maire d’Antananarivo se sont dirigés vers les ministères concernés. Un face-à face tendu avec la police s’est produit. La situation continue de préoccuper la communauté internationale. Une délégation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) était attendue dans la capitale malgache.

Avec notre correspondant à Antanarivo, Grégoire Pourtier

La journée de ce lundi était potentiellement dangereuse. Andry Rajoelina avait demandé à ses ministres de se rendre dans les bâtiments du gouvernement pour y travailler, mais ils n’ont pas pu le faire. C’est donc un échec pour le maire déchu de la capitale malgache. Il y a eu des échauffourées, mais pas de victimes.

La journée a été très tendue. On avait peur que cela ne dégénère, mais finalement il ne semble pas y avoir de morts, ni même de blessés. Caillasse des manifestants contre tirs de sommation et grenades lacrymogènes des forces de l’ordre ont été au programme tout l’après-midi en plein centre-ville, puisque le cortège qui voulait investir les ministères a très vite été bloqué. Une heure plus tôt, lors de son discours Andry Rajoelina avait pourtant demandé à ses partisans de ne pas marcher sur les ministères.  Mais il a été débordé. La foule n’était pas là pour faire de la figuration et dès que les organisateurs ont quitté la tête du cortège, ils ont défié les forces de l’ordre.

Situation bloquée

Combien de temps encore va-t-on assister à ces affrontements urbains ? Les négociations entre le régime et l’opposition semblent au point-mort, l’aile dure de chaque camp ne voulant accepter aucune compromission. Mais chaque jour qui passe plonge un peu plus Madagascar dans le désarroi. Et on sait déjà qu’il faudra plusieurs mois pour remettre le pays en marche.  

Les incidents de ce lundi ont été très limités, par rapport à ceux qui se sont produits, notamment, le 7 février dernier, lorsque la garde du président Marc Ravalomanana a tiré sur une foule de partisans d’Andry Rajoelina, faisant 28 morts. Ce dernier a nommé, lundi, Monja Roindefo au poste de « Premier ministre de la transition » et deux autres « ministres », ce qui porte à 12 le nombre de membres de ce cabinet censé remplacer l’actuel gouvernement.

Dans un entretien au journal Le Monde, publié ce lundi à Paris, Andry Rajoelina, 34 ans, que ses partisans surnomment « TGV », exige toujours la démission du président Ravalomana, ajoutant qu’il refuse de négocier avec quelqu’un qui a du « sang sur les mains ». Le maire de la capitale malgache affirme bénéficier du soutien de la majeure partie de l’armée et nie avoir été manipulé par l’ancien président Ratsiraka, chassé du pouvoir en 2002 par l’actuel chef de l’Etat. Le maire d’Anrananarivo déclare également dans cet entretien vouloir « simplement être à la tête d’un gouvernement de transition rassemblant des gens du pouvoir et de l’opposition, d’une durée de deux ans, le temps d’organiser des élections anticipées ». 

La vague de violence qui atteint Madagascar a fait une centaine de morts depuis le 26 janvier. La situation dans la « Grande île » préoccupe de plus en plus la communauté internationale. Après les Nations unies, l’Union africaine et la France, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a décidé d’envoyer, elle aussi, une délégation à Antananarivo pour tenter une médiation. Cette équipe - qui doit rencontrer le président Marc Ravalomanana et son rival Andry Rajoelina - inclut des représentants du Swaziland, de l’Angola et du Mozambique, les trois pays qui composent actuellement l’organe de politique, défense et sécurité de la SADC.