par RFI
Article publié le 18/02/2009 Dernière mise à jour le 18/02/2009 à 21:34 TU
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti de Morgan Tsvangirai, se dit victime d'une « vendetta politique », après la prolongation de la détention provisoire de Roy Bennett. Le procureur l’avait accusé mardi, devant le tribunal de Mutare, à 270 kilomètres à l’est de Harare, de « possession illégale d’armes à feu dans le but de commettre des actes de banditisme, terrorisme et insurrection ». Bennett, 52 ans, ancien propriétaire d’une plantation de café, député du MDC depuis 2000, avait été expulsé de son exploitation dans le cadre des mesures controversées de réforme foncière appliquées par le régime du président Robert Mugabe à l’encontre notamment des fermiers blancs. Il avait passé huit mois en détention en 2004 et 2005, après une altercation avec le ministre de la Justice, et avait alors quitté le pays. Le MDC, dont il est le trésorier, réclame sa libération « immédiate et sans condition ».
Avec notre correspondante en Afrique australe, Clémence Petit-Perrot
Roy Bennett va encore dormir en prison. Le tribunal de Mutare a estimé que les soupçons de terrorisme, banditisme et sabotage pesant contre le membre du MDC étaient « raisonnables » et a donc ordonné la poursuite de sa détention provisoire jusqu’au 4 mars prochain. Le chef d’accusation de sortie illégale du territoire qui pesait également contre lui a cependant été abandonné.
Le MDC a réagi, mercredi après-midi, par un communiqué de presse dénonçant une décision destinée à pousser Bennett « à abandonner l’idée de rentrer dans le gouvernement ». Le parti de Morgan Tsvangirai a déclaré qu’il comptait, plus que jamais, à assurer ses fonctions de vice-ministre de l’Agriculture et qu’il ne sera pas utilisé comme rançon, ou monnayé pour satisfaire de quelconques intérêts politiques.
Le MDC accepte donc, pour l’instant, de jouer le jeu d’une justice à l’évidence partiale. Le parti s’accroche encore à la possibilité d’une libération sous caution de Bennett, après que la Cour ait entendu les arguments de la défense dans une audience qui se tiendra jeudi.
Morgan Tsvangirai avait exigé, mercredi, la libération immédiate de Bennett et tous les autres prisonniers politiques détenus à travers le pays. Mais le nouveau Premier ministre semble bien avoir du mal à imposer ses vues au sein d’un gouvernement d’unité nationale qui n’en a, pour l’instant, que le nom.
Ce nouveau gouvernement a pourtant décidé mercredi d’attribuer, chaque mois, à tous les fonctionnaires zimbabwéens une prime en dollars américains. C’est donc la première mesure concrète que prend le gouvernement d'union pour tenter de relever l'économie du pays. Les soldats ont perçu, mardi, 100 dollars sous forme de bons. Jeudi, ce sera au tour des enseignants. Il faut noter que les salaires en devise locale des agents de l'Etat ont perdu toute leur valeur, à cause de l'hyperinflation. Mais le gouvernement n'a pas précisé comment il obtiendrait des dollars américains.