par RFI
Article publié le 25/02/2009 Dernière mise à jour le 25/02/2009 à 22:34 TU
Un hélicoptère congolais survole les soldats rwandais qui entament leur retrait de l'Est de la République démocratique du Congo, le 25 février 2009.
(Photo : Reuters)
La cérémonie de Goma marque le départ des soldats rwandais du territoire congolais mais aussi la fin de l'opération menée avec l'armée congolaise contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) - les rebelles hutu dans l'est du pays. Plusieurs milliers de militaires rwandais étaient déployés, depuis un mois, dans cette zone. L’arrivée des troupes de Kigali pour participer à des opérations conjointes avec les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) avait crée la surprise, car les deux armées s’étaient opposées à deux reprises, en 1996-1997 et de 1998 à 2003. Les rebelles hutus rwandais, estimés à environ 6 500 hommes, s’étaient réfugiés dans la partie orientale de la RDC, depuis le génocide rwandais de 1994, contre la minorité tutsi, auquel certains ont participé.
Avec notre envoyé à Goma, Kamanda Wa Kamanda Musembe
Une parade s’est déroulée dans la rue principale de la capitale du Nord-Kivu, avec 1 500 militaires rwandais qui ont commencé à repartir dans leur pays. Les premiers éléments ont traversé la frontière, en début d’après-midi pour gagner la ville de Gisenyi, située à un jet de pierre de Goma.Suivis de leurs véhicules, les soldats rwandais ont quitté à pied le lieu où s’est déroulée cette cérémonie d’adieu. En tête, ceux qui sont revenus, mercredi matin, du front et qui étaient couverts de poussière. De nombreux habitants de Goma ont afflué le long de la grande avenue pour leur dire « au revoir », parfois en kinyarwanda avec des cris et des applaudissements. La population était impressionnée par leur nombre.
La cérémonie d’adieu s’est déroulée en présence des officiels rwandais et congolais. Les présidents Paul Kagamé et Joseph Kabila y étaient représentés par leurs ministres des Affaires étrangères : Rosemary Museminali pour le Rwanda, et Alexis Tambwe Mwamba pour la RDC. C’était aussi pour le commandant des opérations, le général congolais John Numbi, l’occasion de faire le bilan des affrontements. « Côté FDLR, 153 tués et 37 faits prisonniers », selon cet officier qui a ajouté que la coalition n’aurait perdu que huit hommes et enregistré 12 blessés. Une trentaine de civils auraient également péri dans des actions de représailles menées par le FDLR.Crise au Parlement congolais
L'intervention militaire rwandaise dans l’est de la RDC a provoqué des remous dans la classe politique de Kinshasa. La rupture semble bel et bien consommée entre le président de l'Assemblée nationale et le chef de l'Etat congolais. Vital Kamerhe est en disgrâce depuis qu'il a critiqué l'intervention militaire rwandaise et il est maintenant sommé de démissionner du perchoir. Pour accentuer la pression, les six membres du bureau de l'Assemblée ont reçu, mardi, l'ordre de rendre également leur démission. Quatre d'entre eux auraient déjà accepté.
Dans ces conditions, le président du Parlement n'a plus vraiment le choix : partir discrètement ou avec panache. Vital Kamerhe a laissé le piège se refermer sur lui. Objectivement, il ne lui reste que peu d'options pour sauver sa tête. La première consiste à accepter de démissionner en douce, c'est à dire avant même la rentrée parlementaire, prévue le 15 mars prochain. C’est ce qu'exige le camp présidentiel qui ne veut pas prendre le risque d'une contestation dans l'hémicycle. Deuxième option : Vital Kamerhe peut tenir tête au chef de l’Etat jusqu’à la rentrée parlementaire et présenter sa démission devant la plénière en profitant de cette tribune pour expliquer sa décision. Son éviction du perchoir prendrait alors un peu de panache, explique un élu de la majorité.
Mais le président de l'Assemblée est-il prêt a tenter l'opération? Beaucoup en doutent. Vital Kamerhe a loupé une occasion. Il a perdu beaucoup de crédit en refusant de convoquer une session extraordinaire réclamée par 262 députés sur 500, qui souhaitaient débattre de l'intervention de l'armée rwandaise. Aujourd'hui, le président de l'Assemblée sait qu'il y a peu de chances qu'une majorité de députés s'opposent a son départ.Vital Kamerhe, originaire de l'Est, n'a pas su engranger les bénéfices de la popularité qu'il a acquise depuis près de deux ans, à la tête de l'Assemblée. Pour durer en politique, il faut assumer ses choix et savoir parfois résister à son propre camp.A lire également