par Nicolas Falez
Article publié le 17/03/2009 Dernière mise à jour le 18/03/2009 à 05:48 TU
Gérard Larcher (g), président du Sénat français et le président du Liban Michel Sleimane, lors d’une rencontre au Sénat à Paris, le 17 mars 2009.
(Photo : Reuters)
En mai 2008, l’accord de Doha a permis au Liban de sortir d’une longue crise politique et d’élire à sa tête le général Michel Sleimane, jusque-là chef de l’armée. Sa visite d’Etat de trois jours donne l’occasion à la France de réitérer son soutien au Liban, confronté à de nombreux défis : la tenue des législatives du 7 juin, la normalisation des relations avec la Syrie, le Tribunal spécial pour juger les assassins présumés de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri ou encore le processus de paix au Proche-Orient.
Depuis son élection en mai 2007, Nicolas Sarkozy a accueilli de nombreux chefs d’Etat arabes, notamment lors du lancement de l’Union pour la Méditerranée en juillet 2008. Mais le président libanais est le premier dirigeant d’un pays arabe à être reçu en visite d’Etat, avec tout le faste que cela implique. « Michel Sleimane est accueilli en ami », souligne-t-on dans l’entourage du président français. Mais sur le fond, les sujets de discussion ne manquent pas.
Les suites de l’accord de Doha
Signé au Qatar en mai 2008, l’accord de Doha a permis au Liban de surmonter la crise qui opposait les deux grands blocs politiques du pays : d’une part le camp du « 14 mars », incluant le Courant du Futur du Premier ministre Fouad Siniora, les Forces libanaises de Samir Geagea ou encore les druzes représentés par Walid Joumblatt et d’autre part le camp du « 8 mars » du Hezbollah et de son allié chrétien Michel Aoun. « Le président Sleimane se situe au point d’équilibre de ces deux forces », estime le politologue libanais Joseph Maila « et il incarne la stabilité dans une mer de contradictions ».
A l’occasion de la visite de Michel Sleimane à Paris, les diplomates français soulignent que la situation s’est « nettement améliorée » au Liban depuis l’accord de Doha, avec notamment la formation d’un gouvernement d’union. Ce sont donc des institutions libanaises ayant « recommencé à fonctionner », que la France entend soutenir.
Les législatives du 7 juin
« Elles seront transparentes et démocratiques », a assuré le président Sleimane à l’issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy, à l’Elysée. Côté français, on considère que cette échéance électorale aura valeur de test pour le Liban. Paris espère que le scrutin ne sera pas assorti de violences et qu’il ne débouchera pas sur un nouveau blocage politique. L’Union européenne enverra des observateurs pour veiller au bon déroulement des opérations de vote au Liban.
Les relations avec la Syrie
En 2008, la Syrie a accompli un virage historique en entamant un processus de normalisation de ses relations diplomatiques avec Beyrouth. « Les choses se passent normalement entre nous et la Syrie », a assuré Michel Sleimane au premier jour de sa visite d’Etat en France. De fait, au moment où le président libanais arrivait à Paris, la première ambassade du Liban en Syrie ouvrait ses portes. Dans l’autre sens, la représentation syrienne à Beyrouth a ouvert ses portes en décembre 2008.
Le Tribunal spécial pour le Liban
Depuis le 1er mars 2009, ce tribunal est officiellement chargé de juger les assassins de 23 personnes dont l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat le 14 février 2005. La France considère aujourd’hui qu’il s’agit d’un processus « autonome » qui ne doit en rien interférer avec les autres dossiers régionaux… même si la Syrie a été montrée du doigt pendant l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri.
Le(s) processus de paix
Le processus de paix israélo-palestinien est une préoccupation pour le Liban, pays qui abrite de très nombreux camps de réfugiés palestiniens et qui a subi de plein fouet la guerre de l’été 2006 entre l’Etat hébreu et le Hezbollah. Ce dossier a été évoqué lors de la rencontre entre Michel Sleimane et Nicolas Sarkozy mais – du côté français - on parle aujourd’hui volontiers « des processus de paix », au pluriel, c'est-à-dire en incluant les récentes discussions indirectes entre Israël et la Syrie et un jour peut-être la perspective d’une paix israélo-libanaise. C’est dans cet esprit que la France répète qu’elle souhaite organiser en 2009 une grande conférence internationale permettant d’avancer vers la paix au Proche et au Moyen-Orient.
Relation franco-libanaise et dossier économique
La visite d’Etat de Michel Sleimane ne doit pas donner lieu à la signature de contrats ou d’accords commerciaux. Néanmoins, les deux pays doivent discuter d’importants sujets d’ordre économique. Il s’agit en premier lieu du versement des sommes recueillies dans le cadre de la Conférence des bailleurs de fonds « Paris III » de janvier 2007, dont le déblocage est conditionné à un certain nombre de réformes économiques que le Liban doit accomplir (dans les domaines de l’électricité et des télécommunications). Dossier important également : l’accord de défense franco-libanais signé en novembre 2008 à l’occasion de la visite du Premier ministre français François Fillon au Liban.
« Au nom de tout ce que nous avons désormais en commun, nos citoyens et nos oeuvres, permettez-moi de m'engager pour que cette histoire soit encore plus féconde. »
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