Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Mauritanie / UA

Sanctions maintenues contre la junte

par  RFI

Article publié le 24/03/2009 Dernière mise à jour le 25/03/2009 à 15:09 TU

Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a annoncé ce 24 mars qu'il sanctionnerait désormais nommément les membres de la junte au pouvoir. La liste qui mêle noms de civils et de militaires sera établie d'ici un mois.( Photo : UA )

Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a annoncé ce 24 mars qu'il sanctionnerait désormais nommément les membres de la junte au pouvoir. La liste qui mêle noms de civils et de militaires sera établie d'ici un mois.
( Photo : UA )

C'est la fin d'une polémique qui dure depuis plus de dix jours. Pour sa première réunion depuis la visite houleuse du colonel Mouammar Kadhafi à Nouakchott, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a finalement décidé, mardi 24 mars, de maintenir par consensus les sanctions contre la junte. Et ce, en dépit des propos du guide libyen, président en exercice de l'Union. Lors d'une visite de médiation le 14 mars dernier dans la capitale mauritanienne, Mouammar Kadhafi avait en effet demandé au président déchu Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, « d'accepter le fait accompli ». Il avait également affirmé que le dossier des sanctions était « clos ». Ces propos avaient provoqué un tollé au sein du front anti-putsch à Nouackchott.

Au terme de plus de cinq heures de réunion à Addis-Abeba, les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont confirmé mardi 24 mars leur décision du 5 février dernier, concernant les putschistes mauritaniens : des sanctions qui prévoient l'interdiction de voyager et le gel des avoirs pour plusieurs personnes impliquées dans ce putsch.

L’ambassadeur du Bénin, Edouard Aho-Glélé, président de ce Conseil déclare : « Nous avons réitéré notre décision sur la prise de sanctions à l’égard des renversements antconstitutionnels de régime. Dans un délai d’un mois, nous voudrons avoir la liste nominative des gens qui sont visés par les sanctions ».

Au début du mois, lors d’une visite en Mauritanie, le président de l’Union africaine, Mouammar Kadhafi avait déclaré « enterrer le dossier des sanctions » ; le voici donc déterré par le Conseil de paix et de sécurité.

« Nous, nous avons pris des sanctions et nous sommes en train de les appliquer. Nous, nous sommes un organe qui prend cette décision en toute connaissance de cause. Toujours est-il que nous ne sommes pas au courant de la décision ou d’une certaine position du président Kadhafi. Et nous ne sommes pas informés des résultats auxquels il est parvenu », a insisté Edouard Aho-Glélé.

Reste que ces contradictions créent un embarras visible.

Le CPS souverain dans ses décisions

La confirmation des sanctions par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA est une réponse sans équivoque aux propos de Mouammar Kadhafi. En déclarant que le dossier des sanctions était clos, le président de l'Union africaine s'était octroyé des pouvoirs qu'il n'avait pas. Et c'est ce que le CPS lui a signifié lundi 23 mars, lors de sa réunion à Addis-Abeba. Par sa décision, le CPS constate que la situation politique n'a pas changé en Mauritanie, que la junte n'a pas répondu aux attentes de la communauté internationale, et qu'il n'y a donc aucune raison de lever ces sanctions ciblées. Mieux, l'Union africaine se donne un délai d'un mois pour établir la liste nominative des personnes visées.

En se démarquant de Mouammar Kadhafi, le CPS remet en cause indirectement la médiation que le président de l'UA a tenté de mener. En quittant Nouakchott, le Libyen n'avait pas seulement pris position sur les sanctions mais il avait entériné le pouvoir du général Abdelaziz. Au lieu de rapprocher les parties, son passage à Nouakchott avait semé la confusion.

L'UA tourne en quelque sorte la page aujourd'hui, après ces déclarations contestées, et répond ainsi aux attentes de la coalition opposée au coup d'Etat qui lui avait demandé de rester ferme sur ses principes.

A ce propos, le Front national pour la défense de la démocratie(FNDD), opposé au putsch, avait demandé lundi 23 mars au CPS de faire pression sur la junte « afin de l'amener à revenir sur son agenda électoral unilatéral prévoyant des élections le 6 juin », a déclaré Omar Ould Yali, président en exercice du Front.

                                                                                        RFI