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Mauritanie

Six mois après le coup d'Etat

par  RFI

Article publié le 06/02/2009 Dernière mise à jour le 06/02/2009 à 07:09 TU

Cela fait aujourd’hui 6 mois, jour pour jour, qu’une junte militaire a pris le pouvoir en Mauritanie. Premier civil élu à la tête de l’Etat depuis 30 ans, Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi avait été renversé par le chef de sa garde rapprochée, le Général Mohamed ould Abdelaziz, à peine 15 mois après son élection. Depuis ces événements, qui se sont déroulés sans violence, le pays vit dans le calme. Le gel de plusieurs coopérations bilatérales -notamment occidentales - a tout de même entraîné une certaine inertie dans les milieux d’affaires. La sphère politique, elle, reste toujours très agitée. Globalement, les Mauritaniens sont aujourd’hui dans l’expectative

Des centaines de personnes s'étaient rassemblées au lendemain du putsch à Nouakchott pour dénoncer le coup d'Etat militaire, le 9 août 2008. (Photo : AFP)

Des centaines de personnes s'étaient rassemblées au lendemain du putsch à Nouakchott pour dénoncer le coup d'Etat militaire, le 9 août 2008.
(Photo : AFP)

Inquiets, voire parfois démoralisés, les Mauritaniens espèrent chaque jour un déblocage de la situation. Six mois après le coup d’Etat, la scène politique demeure, en effet, profondément divisée : les militants anti-putsch continuent d’exiger le retour de la légalité et souhaitent, coûte que coûte, faire barrage au coup d’Etat, ils comptent ainsi beaucoup sur la solidarité internationale et espèrent que les partenaires étrangers de la Mauritanie sauront se monter à la hauteur des principes qu’ils défendent.

De leur coté, les partisans des militaires semblent attendre patiemment le prochain scrutin présidentiel du 6 juin et militent pour une candidature de leur leader, le général Mohamed Abdelaziz. Hier, en conseil des ministres, le chef de la junte a, pour la première fois, fait part de son intention de se présenter, mais à l’heure actuelle, aucune annonce officielle n’est encore intervenue pour confirmer cette discrète déclaration.

Aujourd’hui, aucune grande personnalité politique n’a fait publiquement acte de candidature, On ignore si les leaders du front anti-putsch iront jusqu'à boycotter le scrutin. Personne ne sait non plus ce que veut faire le Colonel Ely ould Mohamed Vall. Depuis 6 mois, le chef de la précédente transition est totalement silencieux, même s’il suit de très près l’évolution de la situation.

La discrète candidature du Général Abdel Aziz

Plusieurs ministres joints par RFI au téléphone ont confirmé l'information ce jeudi soir : le général ould Abdel Aziz leur a bien fait part de son intention de participer au scrutin présidentiel du 6 juin, « parce que la situation du pays l'exigeait... »

Jusque-là le chef de la junte avait toujours entretenu le flou sur ses intentions. Pourquoi a t-il choisi aujourd'hui de se prononcer devant ses ministres, de manière confidentielle, et non pas devant la population ? La manière de procéder interroge.

Certains voient-là un message avant tout adressé à la classe politique mauritanienne, message destiné à couper l'herbe sous le pied de tous ceux qui proposent des sorties de crise qui exclueraient les militaires du processus. D'autres parlent d'un ballon d'essai et soulignent que cette annonce discrète n'engage le chef de la junte que devant le gouvernement pour l'instant.

Cette « fuite » du conseil des ministres ne pouvait en tout cas pas passer inaperçue dans le contexte de crise que vit le pays. Elle sera certainement prise au sérieux par la communauté internationale, qui a mis récemment en garde la junte contre toute démarche unilatérale visant à légitimer le coup d'Etat. 

 

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06/02/2009 par Virginie Gomez