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Etats-Unis / Soudan

Visite de l'émissaire américain

par  RFI

Article publié le 02/04/2009 Dernière mise à jour le 02/04/2009 à 21:01 TU

Le nouvel émissaire américain, le général en retraite Scott Gration, nommé le 18 mars dernier par le président Barack Obama, a entamé ce jeudi une visite d’une semaine au Soudan, au cours de laquelle il doit se rendre au Darfour, territoire déchiré par une guerre civile depuis six ans. Il se rendra également au Sud-Soudan qui sort d’un conflit qui a duré plus de 20 ans. Il s’est prononcé pour un renforcement des liens entre Washington et Khartoum.


Scott Gration, envoyé spécial au Soudan de Barack Obama, à son arrivée à Khartoum, le 2 avril 2009.(Photo : AFP)

Scott Gration, envoyé spécial au Soudan de Barack Obama, à son arrivée à Khartoum, le 2 avril 2009.
(Photo : AFP)

Les Etats-Unis se sont opposés, depuis les années 1990, à la politique du président soudanais Omar el-Béchir, dénonçant notamment les risques de génocide et de catastrophe humanitaire dans la province du Darfour. Scott Gration va tenter de persuader les responsables soudanais de revenir sur leur décision d’expulser du pays les principales organisations non gouvernementales, après le lancement par la Cour pénale internationale (CPI), le 4 mars dernier, d’un mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour. L’Union africaine a décidé d’envoyer une mission de haut niveau au Soudan.

Les Etats-Unis souhaitent renforcer leurs relations avec le Soudan. C'est ce qu'a déclaré jeudi le nouvel envoyé spécial américain pour le Soudan, Scott Gration, en arrivant à Khartoum. L'émissaire américain a déjà été reçu par le sous-secrétaire soudanais aux Affaires étrangères. Il doit rester une semaine dans le pays, se rendre à Juba au Sud-Soudan ainsi qu'au Darfour. Les Etats-Unis ont soutenu l'action de la CPI contre le président soudanais Omar el-Béchir et dénoncent régulièrement la politique soudanaise au Soudan.

« Je suis venu ici la main tendue ». Pour son premier déplacement au Soudan, Scott Gration s'est voulu modeste, ouvert et dénué de toute arrogance. « Mon objectif est de regarder, d'écouter et d'apprendre, je n'ai ni illusions, ni idées préconçues, ni solution », a encore affirmé l'émissaire américain. Un ton qui tranche avec celui nettement plus ferme, employé ces dernières années, par la diplomatie américaine. Scott Gration affirme encore vouloir renforcer les liens entre le Soudan et les Etats-Unis.

Rappelons que le pays est toujours sous sanctions américaines et que Washington avait qualifié de « pas en avant » la délivrance d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais par la CPI. Washington semble dissocier le cas Béchir de l'ensemble de sa politique soudanaise. Scott Gration envisage d'ailleurs de se rendre au Sud-Soudan et continue de soutenir l'accord politique signé entre le sud et le nord du pays en 2005. Sur la question du Darfour, où il doit aussi se rendre, Scott Gration est resté discret. Mais depuis quelques semaines les Etats-Unis font savoir que leur objectif est d'empêcher une nouvelle catastrophe humanitaire au Darfour. Barack Obama a d'ailleurs déclaré que le président Béchir serait responsable de chaque mort supplémentaire au Darfour à la suite de l'expulsion de treize grandes ONG internationales. 

Mission de l’Union africaine

Une mission de haut niveau de l’Union africaine (UA) va effectuer également une tournée au Soudan. Il s’agit d’un panel composé de trois anciens présidents : le Sud-africain Thabo Mbeki, le Burundais Pierre Buyoya et le Nigérian Abdusalami Abubakar. Ils devront rencontrer « différentes personnalités importantes pour le conflit au Darfour y compris des responsables du gouvernement du Soudan, des partis politiques, des membres de la société civile et du comité d’enquête sur les crimes au Darfour », selon un communiqué de l’UA diffusé ce jeudi à Addis-Abeba.

La délégation doit se rendre au Darfour « pour des rencontres avec les responsables du gouvernement local, les leaders tribaux, les représentants des déplacés et les chefs de la Minuad », la mission de maintien de la paix UA-ONU. Pour l’organisation panafricaine, il s’agit aussi de s’assurer de l’avancée du processus de paix au Soudan, à la suite de l’émission du mandat d’arrêt de la CPI contre le président el-Béchir. L’UA craint à la fois l’échec de l’accord de paix de 2005, qui avait mis fin à la guerre civile entre le nord et le sud du pays, et une catastrophe humanitaire dans la province du Darfour.

Selon les agences des Nations unies, le conflit au Darfour a fait 300 000 morts depuis 2003. Les autorités de Khartoum affirment qu’il y a eu seulement 10 000 victimes.