par RFI
Article publié le 05/04/2009 Dernière mise à jour le 05/04/2009 à 06:57 TU
Les faits
Selon les premières indications, le premier étage de la fusée s’est abîmé en mer du Japon, tandis que le second étage poursuivait sa route. Il a survolé l’archipel japonais et est passé, semble-t-il, au-dessus de la partie nord de l’île principale de l’archipel, l’île de Honshu, environ 7 minutes après son lancement : il était 2h37 TU. Il s'est ensuite abîmé dans le pacifique.
Il n’y a pas eu de tirs hostiles pour tenter de détruire la fusée. Les Sud-Coréens sont convaincus que l’engin transportait bien un satellite, comme l’avaient annoncé les Nord-Coréens ; mais à ce stade on ignore si ce satellite a vraiment été embarqué, et si il a été ou non placé sur orbite. De ce point de vue, le succès de la mission n’est donc pas acquis.
En revanche, la fusée a volé, elle a même volé plusieurs minutes, puisque les radars japonais perdent sa trace à 2h48 TU, soit plus d’un quart d’heure après son lancement, et elle a parcouru une distance considérable puisqu’elle disparaît des écrans à plus de 2 000 km à l’Est du Japon. Il faut se souvenir que lors de l’essai précédent, le Taepodong 2 avait explosé 40 secondes après son décollage.
« L'axe du mal »Qu’il s’agisse de diplomatie nucléaire ou du tir d'un missile, la Corée du Nord dispose d’un avantage stratégique : elle appartient à « l’axe du mal », cher à Georges Bush.
Avec sa carrure stalinienne et ses accents martiaux, la nation la plus fermée du monde joue à merveille de son obsolescence pour mieux incarner son rôle de « grand méchant », tragique et grandiloquent. C’est un statut qu’aucun autre pays n’est aujourd’hui en mesure d’assurer. La Corée du Nord en use et en abuse.
Et à chaque fois, ses provocations sonnent comme des coups de tonnerre dans le ciel américain. Car au pays de Kim Jong-Il, on aimerait bien se hisser au rang des grandes puissances, être l'égal des Etats-Unis et pouvoir un jour négocier face à face avec l'ennemi que l'on jure aujourd'hui de réduire en miettes en cas de guerre.
Pour convaincre et attirer l'attention, les militaires nord-coréens tentent des performances. C'est le cas en 2006, lorsqu'ils testent pour la première fois leur Taepodong-2 et réalisent dans la foulée leur premier test nucléaire. C'est le cas une nouvelle fois avec cette affaire de fusée aux allures de missile qui, selon Pyongyang devait uniquement placer en orbite un satellite de télécommunication. La Corée du Nord sait faire parler d'elle et faire trembler le monde.
La fusée Taepodong |
Depuis le début des années 80, la Corée du Nord a développé toute une gamme de missiles sol-sol, dérivés des scud soviétiques. Ces missiles ont une portée limitée, d’à peine plus d'un millier de kilomètres. Avec le Taepodong-2, la Corée du Nord veut jouer dans la « cour des grands » car il s'agit d'un missile balistique intercontinental d'une portée estimée à 6 7OO kilomètres. C’est suffisant pour atteindre les îles Hawaï, ou encore l'Alaska. En 1998, le premier engin de la série Taepodong s'était abîmé dans l'océan Pacifique après avoir survolé le Japon. En 2006 Pyongyang avait de nouveau essayé de lancer un Taepodong. Le missile avait explosé après seulement 4O secondes de vol. En fait, comme cela se fait pour les fusées, la technique nord-coréenne consiste à rajouter des « étages » sur des missiles d'une technologie parfois ancienne, et ce n'est pas toujours efficace. D'ailleurs nombre d'experts se demandent si ce missile Taepodong-2 peut vraiment emporter une charge nucléaire. |