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Somalie / Piraterie maritime

Un navire français a arrêté onze pirates

par  RFI

Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 16/04/2009 à 12:20 TU

La frégate française Nivôse, opérant dans le cadre de l’opération européenne Atalante, a intercepté et arrêté mercredi matin onze pirates à environ 500 milles nautiques (900 kilomètres) au large du port kényan de Mombasa. Selon le ministère français de la Défense, les pirates se préparaient à attaquer un navire de commerce battant pavillon du Liberia. Les onze pirates arrêtés lors de cette opération sont actuellement retenus dans la frégate. Malgré la présence de dizaines de navires de guerre des principales puissances maritimes mondiales, les attaques de pirates se poursuivent dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes.

Tout a commencé mardi après-midi, lorsqu'un groupe de pirates a attaqué le cargo libérien Safmarine Asia. Les pirates n'ont pas hésité à ouvrir le feu, à l'arme automatique et aux lance-roquettes contre ce navire de  plus de 20 000 tonnes. Mais l'équipage a donné l'alerte et a réussi à échapper aux bandits de mer, grâce à l'intervention de l'hélicoptère de la frégate française.

Nivôse avait été envoyée spécialement au large du Kenya pour contrer les attaques qui, depuis une dizaine de jours, se multiplient dans cette région de l'océan Indien. Après avoir mis en fuite les pirates, la frégate française est parvenue à repérer le bateau-mère pirate, une embarcation d'une dizaine de mètres de long, à partir de laquelle les deux skiffs, des bateaux plus petits, avaient tenté d'attaquer le cargo libérien.

Dans la nuit, la marine nationale a continué à pister les pirates, avant d'intervenir au lever du jour. L'opération s'est déroulée à 500 milles nautiques des côtes kenyanes et quand on sait que les équipes d'intervention du bord ont découvert 17 fûts de 200 litres d'essence à bord du bateau-mère, on comprend mieux comment les pirates somaliens font pour opérer aussi loin de leurs bases sur la côte somalienne.

Selon le ministère de la Défense, la frégate Nivôse opère dans le cadre de la mission Atalante qui compte également des navires de guerre allemands, espagnols et italiens. Ces navires accompagnent notamment « les bâtiments de commerce vulnérables dans le golfe d'Aden et sécurisent le rail de navigation, escortent les cargos du programme alimentaire mondial (PAM) qui transportent du fret humanitaire jusqu'en Somalie ». L’action de cette frégate est appuyée par un avion français de surveillance maritime Falcon 50 en liaison avec d’autres avions de patrouille, dont un espagnol. Le ministère a également indiqué que « l'augmentation du nombre d'attaques au large des côtes orientales de la Somalie a conduit à déployer le Nivôse dans cette zone ».

Il s’agit de la neuvième opération réalisée par la France depuis un an. Au total, les forces françaises ont pu mettre la main sur 74 pirates, dont trois sont morts au cours des opérations. 71 sont remis ou en passe d’être remis aux juridictions concernées, selon le porte-parole de l’état-major des armées à Paris. Trois pirates somaliens, arrêtés vendredi dernier lors de l’opération pour libérer les otages du voilier Tanit, sont arrivés mardi en France où ils ont été auditionnés ce mercredi par la gendarmerie.

Les attaques se poursuivent malgré la présence de navires militaires

L’activité des pirates dans l’océan Indien, qui a connu une hausse spectaculaire depuis le début avril, doit très probablement se poursuivre pour au moins deux semaines, en raison des conditions météorologiques favorables, selon les experts maritimes basés au Kenya.

Dans les dernières 24 heures, quatre navires marchands ont été attaqués par des pirates. C’est le cas, notamment, du cargo américain Liberty Sun chargé de 27 000 tonnes d’aide alimentaire qui a essuyé mardi des tirs de lance-roquettes et d’armes automatiques. Cette attaque a été revendiquée, ce mercredi, depuis le port d’Eyl dans le nord de la Somalie, par Abi Garad le chef du groupe qui avait brièvement capturé le 8 avril le porte-conteneurs Maersk Alabama. Il s’agissait, selon ce chef pirate, de «représailles»  après la mort de trois de ses hommes, lors de l’opération de sauvetage de la marine américaine.

Les pirates somaliens ont capturé mardi un cargo libanais sous drapeau du Togo, ainsi qu’un navire grec. Un bateau maltais a réussi à déjouer lundi une tentative d’abordage. Un autre navire grec, Le Titan, qui avait été capturé le 19 mars dernier dans le golfe d’Aden, avec un équipage de 24 personnes, a été libéré ce mercredi par les pirates. Au moins 17 navires sont toujours aux mains des pirates qui retiennent également près de 300 marins.

L’activité des « bandits de la mer » est généralement attribuée à l’inexistence d’une autorité effective en Somalie depuis le renversement, en 1991, du régime de Mohamed Siad Barre. La cour suprême de la région autoproclamée du Puntland a condamné ce mercredi à trois ans de prison 37 pirates qui avaient été capturés par les marines française et américaine.

La recrudescence des actions de piraterie en 2008 – plus de 130 navires attaqués en 50 bateaux capturés – a conduit au déploiement dans cette zone de l’océan Indien d’une vingtaine de bâtiments de guerre de plusieurs pays européens, ainsi que des Etats-Unis, de la Russie et même de la Chine.