Article publié le 19/04/2009 Dernière mise à jour le 19/04/2009 à 17:40 TU
Avec notre correspondant à Manille, Sébastien Farcis
Le ministère du Travail va devoir plancher, ces jours-ci, sur la mise en place de cette mesure compliquée : dans l’absolu, elle devrait interdire aux agences de recrutement d’envoyer des travailleurs philippins sur un bateau qui entrerait à moins de 300 kilomètres des côtes somaliennes.
Mais dans les faits, cette directive sera très difficile à appliquer, car des milliers de navires employant des Philippins, passent chaque semaine par cette zone, provenant du Golfe de Suez ou des champs pétroliers du Golfe. Et ces bateaux n’indiquent pas forcément leur trajet précis.
Cette interdiction est donc plus hasardeuse que celle qui frappe déjà les travailleurs philippins d’aller en Irak ou au Nigeria, par exemple. Un attaché consulaire philippin devrait cependant être envoyé en renfort en Somalie, afin d'essayer de contrôler son application.
Cette directive est également une menace lancée à la communauté internationale, face à une situation d’impuissance. Les Philippines n’ont pas les moyens d’envoyer leur armée pour libérer leurs ressortissants, comme la France par exemple, mais elles peuvent agir sur ces marins philippins, qui représentent le 1/3 de la flotte commerciale du monde.
Les tarifs des assurances flambent |
Lorsqu'un navire commercial doit prendre la mer, son affréteur se voit proposer plusieurs types d'assurance. Certaines couvrent la cargaison, d'autres l'équipage ou le navire lui-même, et il y a enfin la couverture du risque piraterie. Lorsqu'un trajet est jugé dangereux, cette dernière fait l'objet d'une surprime. Si les tarifs de l'assurance cargaison n'ont pas vraiment évolué ces derniers mois -l'objectif des pirates somaliens est rarement le vol des marchandises détournées- les surprimes liées au risque piraterie ont en revanche nettement augmenté. Jusqu'à 23 000 euros Selon le courtier britannique Aon, « assurer un trajet par le golfe d'Aden peut coûter aujourd'hui jusqu'à 23 000 euros pour une couverture maximale de 3 millions de dollars ». La police d'assurance proposée, offre : le remboursement de la rançon, l'acheminement de l'argent aux pirates, l'assistance d'experts extérieurs, voire une indemnisation pour le manque à gagner dû à l'immobilisation du navire. Mais tout le monde n'a pas les moyens de payer aussi cher ce type d'assurance. Certains armateurs n'hésitent donc plus à emprunter le trajet, certes plus long, qui passe par le Cap de Bonne-Espérance et l'ouest de l'Afrique. Un trajet qui leur évite de s'acquitter du coûteux droit de passage du canal de Suez. RFI |
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