Article publié le 28/05/2009 Dernière mise à jour le 28/05/2009 à 20:59 TU
Laurent Gbagbo : Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question Madame. Dans les institutions ivoiriennes, il y a la commission électorale indépendante, dont le président se trouve être Monsieur Beugré Mambé. Tout ce que je peux vous dire sur les élections, ça vient de lui. Nous avons travaillé ensemble : le Premier ministre, la CEI, la Commission électorale indépendante et moi-même, et je pense que l’on va tenir la date.
Ce qui est important dans cette élection, c’est que la guerre civile a été déclenchée avec comme une des raisons essentielles : le fait est qu’il y a une partie des Ivoiriens qui ne sont pas identifiés, qui ne sont pas considérés comme ivoiriens, qui n’ont pas de papiers.
Nous avons pris notre administration mais aussi une entreprise étrangère, une entreprise française, la SAGEM, qui identifie tout le monde. On ne peut pas faire des élections si les Ivoiriens ne sont pas identifiés, puisque cela a été une des causes de la guerre. C’est pourquoi c’est lent, c’est lourd. Mais après avoir fait une partie de l’identification et avoir calculé tout le temps qu’il faut, nous pensons que le 29 (quand je dis nous, c'est-à-dire tous ceux qui décident), nous pensons que la date du 29 novembre 2009 peut être tenue.
FRANCE 24 : Parce que l’année dernière, ces élections étaient censées avoir lieu en novembre 2008. Qu’est-ce qui a changé depuis l’année dernière, Monsieur le président ?
Laurent Gbagbo : C’est que l’on a beaucoup avancé. Quand on fixait la date de novembre 2008, on n’avait même pas encore enregistré un million d’Ivoiriens. Aujourd’hui, nous avons enregistré plus de six millions à presque six millions et demi d’Ivoiriens.
FRANCE 24 : Donc, le recensement a bien progressé ?
Laurent Gbagbo : Il a bien progressé. Comme on n’identifie pas tout le monde, on ne recense pas tout le monde, on recense uniquement ceux qui ont 18 ans et plus, enfin, disons ceux qui ont 16 ans et plus (parce que ne prennent part au vote que ceux qui ont 18 ans et plus). Nous pensons que le temps qui reste, c'est-à-dire six mois, est suffisant pour faire le reste du travail.
FRANCE 24 : Est-ce que vous faites confiance justement aux procédés de recensement ? Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui sont recensés parmi justement ces six millions d’électeurs, ou est-ce que vous envisageriez de contester par exemple la nationalité de certains des électeurs inscrits ?
Laurent Gbagbo : La spécificité de cette identification c’est que l’on dit que tous ceux qui sont inscrits sur les listes électorales et qui vont prendre part au vote, seront donc considérés comme Ivoiriens. Donc, ils vont avoir automatiquement leur carte d’identité nationale.
FRANCE 24 : Donc il n'est pas question de contester cela, une fois que ce sera fait?
Laurent Gbagbo : Non, non, une fois que cela sera fait. C’est pourquoi le procédé prévoit justement qu’après l’identification brute, il va y avoir une phase que la CEI a déterminée comme devant durer six semaines ou deux mois, pour faire le croisement avec les fichiers historiques, pour débusquer ceux qui ne sont pas Ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout cela, c’est prévu.
FRANCE 24 : Donc, là, il peut y avoir contestation sur la nationalité de certains ?
Laurent Gbagbo : Oui. France 24 : Ça peut encore retarder du coup les choses ? Laurent Gbagbo : Non, non. Le temps pour ça est prévu. Les décrets ont été signés pour que les juges soient installés partout, les procureurs ; que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le Garde des Sceaux déploie les gardes pénitentiaires, etc. On rentre dans des contestations normales, réglées de façon normale, devant les juridictions normales. On a calculé tout ça ; c’est pourquoi, on a placé les élections assez loin, pour qu’on ait le temps de faire tout, et qu’il sorte une liste fiable.
Interview réalisée à Abidjan par Stéphanie Antoine de FRANCE 24
A voir sur France 24 ITV Laurent Gbangbo |
A lire également