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Iran/Présidentielle

Ahmadinejad proclamé vainqueur

par  RFI (avec AFP et Reuters)

Article publié le 13/06/2009 Dernière mise à jour le 13/06/2009 à 17:45 TU

Le ministre iranien de l’Intérieur Sadegh Mahsouli l’a annoncé samedi soir : le président sortant Mahmoud Ahmadinejad a remporté l'élection présidentielle au premier tour avec 62,63% des voix et une participation « record » de 85%, loin devant son principal rival Mir Hossein Moussavi (34,07%) qui dénonce des « irrégularités ».
En signe de protestation, des milliers de partisans de Mir Hossein Moussavi manifestaient dans le centre de Téhéran, alors que des heurts ont opposé manifestants et policiers dans différents quartiers de la capitale.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a qualifié la réélection du président Ahmadinejad de « vraie fête » et le scrutin de « succès massif », selon la télévision d'Etat.

Les partisans du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad fêtent sa victoire dans les rues de Téhéran, le 13 juin 2009.  (Photo : AFP)

Les partisans du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad fêtent sa victoire dans les rues de Téhéran, le 13 juin 2009.
(Photo : AFP)

Mahmoud Ahmadinejad, élu pour un nouveau mandat de quatre ans, a obtenu 63,3% des votes sur la quasi-totalité des districts administratifs de l'Iran, selon des résultats presque définitifs annoncés par la commission électorale.

Son principal rival, Mir Hossein Moussavi, un conservateur modéré âgé de 67 ans,  revenu sur le devant de la scène politique après un retrait de 20 ans, obtient 34,07% des voix, selon la commission. Les deux autres candidats, le réformateur Mehdi Karoubi et le conservateur Mohsen Rezaï, ont obtenu moins de 2% chacun.

Le ministère de l'Intérieur n'a fait état d'aucune irrégularité dans le scrutin. Mais M. Moussavi a protesté « vigoureusement contre les irrégularités visibles et nombreuses » et affirmé qu'il était de son « devoir religieux et national de révéler les secrets de ce processus dangereux et d'expliquer ses conséquences destructrices sur le destin du pays ».

« Les gens sont conscients et ne se plieront pas face à ceux qui arrivent au pouvoir en trichant », a dit M. Moussavi, qui avait après la clôture du scrutin revendiqué une large victoire. L'ancien Premier ministre a aussi lancé dans un communiqué un appel au calme à ses partisans, en affirmant : « nous ne permettrons pas que nos actions prennent un aspect aveugle ».

Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS

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Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS

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« Moussavi, Moussavi, récupère nos votes »

Malgré l'interdiction par la police de tout rassemblement de partisans d'un candidat après la clôture du scrutin, plusieurs milliers de partisans de M. Moussavi se sont rassemblés dans le centre de Téhéran, lançant des slogans hostiles au gouvernement.

Criant « dictature, dictature » ou « démission du gouvernement de coup d'Etat », des manifestants ont bloqué l'avenue Vali-e Asr, l'une des plus grandes de la capitale, qui traverse la place Vanak. Plus au sud, quelques centaines de jeunes qui manifestaient près du ministère de l'Intérieur ont été dispersés brutalement par la police, avant de se rassembler à nouveau.

De jeunes manifestants affrontaient la police dans d'autres endroits de Téhéran. « Moussavi, Moussavi, récupère nos votes », scandaient les manifestants, pour la plupart des jeunes, dont certains ont mis le feu à des poubelles. La police a chargé les manifestants à la matraque sans toutefois pouvoir les disperser.


Option militaire

La campagne électorale s'était déroulée dans un climat acerbe entre candidats mais aussi dans une atmosphère festive, à un niveau jamais vu en 30 ans de République islamique. Elle avait aussi reflété des divisions profondes sur l'avenir de l'Iran après quatre ans de mandat Ahmadinejad.

De son côté, le guide suprême de la Révolution Ali Khamenei, détenteur du véritable pouvoir en Iran, a estimé que la réélection de Mahmoud Ahmadinejad était une « vrai fête ». Il a appelé tous les Iraniens à soutenir le président réélu et à s'abstenir de comportements provocateurs. Le résultat du scrutin est pour Ali Khamenei la preuve que 30 ans après la Révolution islamique, l'Iran est immunisé et inflexible face aux agressions politiques et psychologiques. Les adversaires du régime risquent de voir dans cette réélection l'impossibilité de tout dialogue politique avec l'Iran. Au risque de remettre sur la table l'option militaire pour tenter de régler le dossier nucléaire.

A Washington, le président américain Barack Obama, qui souhaite un dialogue ferme mais direct avec Téhéran, avait estimé qu'un « changement » était « possible » dans les relations bilatérales, quel que soit le vainqueur du scrutin. Mais en Israël, ennemi juré de l'Iran, le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon a affirmé que « s'il y avait encore un espoir d'un changement en Iran, la réélection d'Ahmadinejad montre que la menace iranienne est d'autant plus grave ».

Notre dossier spécial sur la campagne